France
Les syndicats dans la rue pour réclamer des hausses de salaires et pour défendre le droit de grève
Après plusieurs semaines de grève dans les raffineries et à quelques jours d’une première vague de départs en vacances, les salariés du public et du privé sont appelés mardi à cesser le travail et à manifester, pour une hausse des salaires et contre les réquisitions de grévistes.
De nombreux secteurs ont déposé des appels: fonction publique, énergie, transports publics, routiers, agroalimentaire, commerce etc. Des syndicats des lycées professionnels vont également manifester, pour protester contre la réforme de cette voie voulue par le gouvernement.
Sur le quai RER D à la gare de Lyon à Paris, à 7H00, les passagers se montraient résignés en habitués des perturbations qui touchent souvent cette ligne, grève ou pas.
Des rames bondées et embuées déversaient toutes les 15-20m minutes des foules de passagers soulagés de respirer un air plus frais après un trajet écrasés les uns contre les autres. « J’en ai pour 2 à 3 heures, contre 1H30 normalement, puisque le RER D ne continue pas après Châtelet », soupire Yera Diallo, qui relie Rambouillet à Melun. « Et ce soir, je n’ai aucune idée de comment ça va se passer ».
Interrogé sur une éventuelle poursuite de la grève à la SNCF, à l’approche des vacances, le dirigeant de la CGT Philippe Martinez a déclaré sur RTL mardi matin: « Ce sont les salariés en grève qui décideront. Comme chez TotalEnergies ».
La CGT, en pointe dans le mouvement chez TotalEnergies, réclame une hausse de 10% des salaires (7% pour l’inflation et 3% pour le partage des richesses) « dans un groupe qui n’est pas en difficulté, loin de là ».
Des secteurs pourraient s’acheminer vers des grèves reconductibles, comme les cheminots qui entendent profiter de la fenêtre ouverte jusqu’aux vacances vendredi soir, pour négocier des hausses de salaires.
150 points de rassemblement
Du côté de l’exécutif, « le président de la République en a appelé à l’esprit de responsabilité de tous et a mis en exergue les conséquences insupportables pour ceux qui souffrent quotidiennement de cette galère », indiquait lundi soir un participant à une réunion convoquée par Emmanuel Macron peu avant.
La circulation des trains régionaux sera perturbée, avec un TER et un train Intercités sur deux en moyenne, ainsi que sur les réseaux d’Ile-de-France opérés par la SNCF.
Du côté de la RATP, le trafic des bus sera également dégradé avec deux bus sur trois en moyenne, tandis que le trafic du métro sera quasi normal. Trois RER sur quatre fonctionneront sur les portions des lignes A et B opérées par la RATP.
Dans l’industrie pétrolière d’où est parti le conflit fin septembre, la grève devait se poursuivre mardi chez TotalEnergies, dans les équipes de raffinage et/ou de dépôt de carburants.
Près de 150 points de rassemblement sont prévus en France, selon la CGT, qui organise cette journée avec les syndicats FO, Solidaires et FSU et les organisations de jeunesse Fidl, MNL, Unef et la Vie lycéenne.
Premier syndicat de France, la CFDT a en revanche décidé de rester à distance du mouvement, ne croyant pas en l’efficacité des grandes manifestations interprofessionnelles pour obtenir des augmentations salariales dans les entreprises.
Des réquisitions « inacceptables »
A Paris, la manifestation s’ébranlera à 14H00 de la place d’Italie. Le cortège des lycées professionnels défilera du métro Saint-François-Xavier au métro Sèvres-Babylone.
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée, sera présente parmi les manifestants, 48 heures après la « Marche pour la vie chère » organisée par les partis de gauche dimanche à Paris.
Le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, est attendu à l’assemblée des cheminots qui se tiendra à 11H00 à Gare de Lyon.
La police anticipe respectivement 15.000 et 2.000 personnes pour les deux manifestations parisiennes, et les autorités s’attendent à voir les « ultrajaunes » et « l’ultragauche » essayer de constituer un cortège devant le carré syndical.
La précédente journée de mobilisation interprofessionnelle, le 29 septembre, avait rassemblé 118.500 personnes dont 13.500 à Paris selon la police (250.000 et 40.000 selon les organisateurs).
Les participants défileront pour « l’augmentation des salaires et la défense du droit de grève », selon les termes du communiqué intersyndical publié la semaine dernière.
Autre motif de mécontentement, qui a notamment convaincu Force ouvrière de se joindre au mouvement: les réquisitions de grévistes mises en oeuvre par le gouvernement pour faciliter la distribution de carburant.
La perspective d’un 49.3 pour faire adopter le budget à l’Assemblée, le durcissement à venir des règles d’indemnisation des chômeurs, la réforme des retraites attendue pour la fin de l’année, sont autant d’ingrédients qui attisent la colère sociale.
France
Samuel Patry : Un procès sous haute tension pour juger les instigateurs de la haine
Quatre ans après l’assassinat brutal de Samuel Paty, un procès historique s’ouvre pour juger ceux accusés d’avoir participé à la campagne de haine contre le professeur d’histoire. Huit adultes comparaissent pour répondre de leurs actes devant la cour d’assises spéciale de Paris.
L’assassinat de Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine par Abdoullakh Anzorov, un jeune radicalisé, continue de hanter la société française. Aujourd’hui, huit adultes sont appelés à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris pour répondre de leur implication présumée dans cette tragédie. Parmi eux, deux amis de l’assaillant, accusés de complicité d’assassinat terroriste, risquent la réclusion criminelle à perpétuité. Les six autres, accusés de participation à une association de malfaiteurs terroriste, encourent des peines de 30 ans de prison.
Ce procès est d’autant plus marquant que l’accusation dénonce une chaîne d’actes délibérés ayant désigné Samuel Paty comme une cible. En effet, deux des accusés, Brahim Chnina, père de la collégienne à l’origine de fausses accusations contre le professeur, et Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste, sont suspectés d’avoir relayé les mensonges de l’adolescente sur les réseaux sociaux. Ces publications, selon les enquêteurs, visaient à attiser la haine et ont contribué à la mise en danger du professeur, figure aujourd’hui devenue symbole de la lutte contre le fanatisme en France.
La révélation de la vulnérabilité de Samuel Paty dans les jours précédant son assassinat renforce le sentiment d’incompréhension et de tragédie. Menacé après un cours sur la liberté d’expression, il avait manifesté sa peur auprès de ses collègues, mais n’a reçu aucune protection, alors qu’il était déjà dans la ligne de mire d’individus radicalisés. Les échanges avec ses collègues, où il confie son sentiment d’insécurité et ses demandes de soutien, témoignent de l’angoisse qui l’habitait, tristement symbolisée par le marteau retrouvé dans son sac à dos, dérisoire tentative de protection personnelle.
La cour présidée par le magistrat Franck Zientara, qui a déjà dirigé le procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, se réunit au sein de la salle des grands procès du palais de justice de Paris, renforçant le caractère historique et symbolique de cette audience. Les débats promettent d’être intenses, avec la participation du Parquet national antiterroriste représenté par Nicolas Braconnay et Marine Valentin, qui rappelleront les enjeux de cette affaire emblématique des défis posés par l’islamisme radical en France.
Pour la famille de Samuel Paty, ce procès est une étape cruciale pour obtenir justice, mais également pour susciter une prise de conscience sociétale. Les avocats de Mickaëlle Paty, l’une des sœurs du professeur, expriment l’espoir que cette audience expose la réalité de l’islamisme radical et renforce la vigilance collective face aux menaces terroristes. Jusqu’au 20 décembre, ce procès devrait, au-delà de l’émotion, poser les bases d’une réflexion sur les responsabilités et les mécanismes de propagande haineuse ayant conduit à la mort de cet enseignant.
France
Budget 2025 : bras de fer sur la lutte contre la fraude fiscale
La Commission des finances de l’Assemblée nationale a voté des amendements proposés par le Nouveau Front Populaire, allouant 590 millions d’euros supplémentaires à la lutte contre la fraude fiscale. Ces mesures, qui incluent la création de 4 500 postes, restent toutefois suspendues à l’approbation de l’hémicycle.
Alors que le gouvernement cherche à économiser 60 milliards d’euros pour redresser les finances publiques, la lutte contre l’évasion fiscale est l’un des secteurs visés par les restrictions budgétaires. Cependant, la Commission des finances de l’Assemblée nationale s’est opposée à cette approche, adoptant jeudi plusieurs amendements déposés par le Nouveau Front Populaire (NFP) afin de renforcer les moyens de lutte contre la fraude fiscale. En plus d’injecter 590 millions d’euros supplémentaires, ces amendements prévoient la création de 4 000 postes d’inspecteurs des Finances et 500 postes de douaniers, ainsi que la mise en place d’un service d’expertise pour analyser les schémas de fraude complexes.
Cette décision, qui inclut également le maintien de 550 postes que le gouvernement envisageait de supprimer au sein de la direction générale des finances publiques (DGFiP), a suscité des tensions au sein de la commission. Les députés du groupe présidentiel, menés par Jean-René Cazeneuve, se sont fermement opposés au projet, dénonçant une inflation des besoins budgétaires qui, selon eux, excède largement les contraintes financières. Perrine Goulet, députée MoDem, a également critiqué la démarche, la qualifiant de « surdimensionnée » et regrettant qu’une telle approche ait peu de chances d’aboutir en l’état. À l’inverse, la gauche parlementaire a vigoureusement soutenu l’initiative. Le député LFI Jérôme Legavre, rapporteur du texte, a souligné la situation critique des services de contrôle fiscal, affirmant que « les services sont actuellement à l’os » malgré l’importance cruciale de leur mission.
Cette augmentation de budget doit néanmoins être ratifiée dans l’hémicycle, où les tractations s’annoncent tendues. Le vote solennel sur la partie « recettes » du budget 2025 est prévu le 7 novembre, bien qu’un report de quelques jours reste envisageable. Le gouvernement n’exclut pas le recours à l’article 49.3 de la Constitution, qui permettrait d’adopter le budget sans vote, un outil potentiellement décisif dans un contexte où le soutien à ces amendements n’est pas assuré.
Les données les plus récentes du ministère de l’Économie soulignent l’ampleur de la fraude fiscale en France, avec 15,2 milliards d’euros recouvrés en 2023, un montant en hausse par rapport aux années précédentes. Cependant, des études récentes estiment que moins de 20 % des sommes frauduleuses sont détectées par les autorités, une évaluation qui motive en partie la démarche du NFP en faveur d’un renforcement des moyens de contrôle.
France
Un mois de septembre record, 40% de pluies en plus en octobre en France
Les précipitations d’octobre 2024 en France ont dépassé de 40 % la normale, accompagnées d’inondations ravageuses dans le sud et le centre-est. Un mois particulièrement pluvieux et chaud, qui s’inscrit dans une tendance climatique préoccupante.
La France a connu en octobre 2024 un niveau de précipitations inédit pour cette saison, avec une augmentation de 40 % par rapport aux moyennes saisonnières. Bien que ce mois ne figure pas parmi les dix octobres les plus arrosés historiquement, il enregistre des cumuls de pluie exceptionnels dans plusieurs régions, notamment en Provence et dans les Cévennes. En moyenne, 132 mm de pluie sont tombés à l’échelle nationale, avec des niveaux atteignant jusqu’à trois fois la normale sur certains territoires.
Ces précipitations intenses ont entraîné des épisodes d’inondations à répétition, marqués par des événements particulièrement graves dans le centre-est du pays, entre le 15 et le 18 octobre, durant lesquels plusieurs départements ont été placés en vigilance rouge. Cet épisode cévenol, qualifié de sans précédent par la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a vu des niveaux record, comme à Mayres en Ardèche où près de 700 mm de pluie se sont abattus en deux jours.
L’instabilité météorologique n’a pas épargné le Var et les Alpes-Maritimes, touchés par un second épisode pluvieux du 24 au 27 octobre. À Vidauban, 119 mm de pluie sont tombés en une heure, un phénomène jamais observé dans cette région. Ce déferlement de précipitations a inondé une partie du bassin parisien et certaines zones du sud-ouest, tandis que des crues ont frappé des villes de Seine-et-Marne et d’Eure-et-Loir.
Ces perturbations sont en partie attribuées à la dépression Kirk, qui a traversé le pays le 9 octobre, générant des vents violents, avec des pointes à 211 km/h enregistrées dans les Pyrénées-Atlantiques. Ce jour-là, des précipitations records pour un mois se sont abattues en seulement 24 heures, provoquant la montée rapide de certains cours d’eau et des inondations dans des zones sensibles.
Parallèlement à ces événements, les températures se sont également maintenues au-dessus des normales saisonnières, enregistrant une moyenne de 1,6°C de plus que la période de référence 1991-2020. Si le début du mois a offert une légère fraîcheur, octobre a principalement connu des températures élevées, notamment dans le sud-est. Cette anomalie thermique, associée à un ensoleillement réduit de 20 %, renforce les signes d’un changement climatique en cours.
Les experts, bien que prudents quant à une attribution directe au réchauffement climatique sans études approfondies, rappellent que le réchauffement global, en augmentant la quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère, tend à intensifier la fréquence et l’intensité des épisodes météorologiques extrêmes. L’automne 2024, marqué par des excédents de précipitations et une anomalie thermique persistante, s’inscrit ainsi dans une série d’événements climatiques qui questionnent l’avenir des régions concernées.
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