Monde
Donald Trump prépare son administration : premières nominations et orientations stratégiques
Une semaine après son élection, Donald Trump commence à constituer son administration en choisissant des alliés de confiance pour des postes-clés. Fidèles de longue date et défenseurs de sa ligne politique, ces premières nominations dévoilent une stratégie résolument tournée vers la fermeté intérieure et la réforme des relations internationales.
Donald Trump a lancé les préparatifs de son retour à la Maison-Blanche en annonçant les premiers membres de sa future équipe gouvernementale, marquant un début de mandat qui s’annonce dans la continuité de ses promesses de campagne. Ces choix éclairent les priorités et les ambitions de Trump, entre durcissement des politiques migratoires, réformes des relations internationales, et déréglementation environnementale. L’investiture officielle approchant, voici un aperçu des personnalités qui entoureront le président élu.
Susie Wiles : cheffe de cabinet à la Maison-Blanche
Première nomination d’envergure, Susie Wiles, stratège républicaine chevronnée et directrice de campagne de Trump, devient cheffe de cabinet, un poste essentiel pour organiser les décisions présidentielles. Âgée de 67 ans, Wiles est une figure incontournable de l’entourage de Trump depuis sa défaite en 2020. Son entrée en fonction reflète l’intention de Trump d’avoir à ses côtés une gestionnaire expérimentée et capable de canaliser ses ambitions politiques. Dans un discours louangeur, Trump l’a décrite comme une « femme forte, intelligente et respectée », soulignant l’importance de son rôle dans sa campagne de retour. Son parcours remonte à l’ère de Ronald Reagan, où elle avait déjà œuvré dans des missions de soutien stratégique au sein de l’administration. Plus récemment, en Floride, Wiles a supervisé la campagne du gouverneur Ron DeSantis en 2018, bien qu’une rupture entre les deux personnalités ait suivi.
Ce choix envoie un signal de solidité dans l’équipe présidentielle, visant une administration pragmatique, capable de canaliser la ligne parfois imprévisible du président. Pour nombre d’observateurs politiques, Susie Wiles incarne cette figure modératrice, capable de recentrer Trump sur des thématiques d’action concrète, comme elle l’avait fait en 2020, en l’incitant à privilégier des mesures proactives sur le vote par correspondance.
Tom Homan : en charge du contrôle des frontières
Autre nomination attendue, celle de Tom Homan, ancien directeur de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), positionné comme responsable de la politique frontalière. Figure controversée, Homan, 62 ans, est connu pour ses positions fermes sur l’immigration et ses années de travail acharné pour l’ICE, où il a mené de vastes opérations de renvoi de sans-papiers sous l’administration Obama. Son rôle durant la première présidence de Trump fut également marqué par la signature de la politique de séparation des familles à la frontière, qui avait suscité une vague d’indignation tant aux États-Unis qu’à l’international.
Le retour de Homan annonce un durcissement notable de la politique migratoire, avec une volonté affichée d’accroître les expulsions, en particulier envers les personnes condamnées pour des délits. Lors de la dernière convention républicaine, Homan avait déjà averti les sans-papiers d’« être prêts à faire leurs valises », signalant une approche stricte qui pourrait marquer un nouveau record d’expulsions. En assumant ce poste, il promet de mener la plus vaste campagne d’expulsions de l’histoire américaine, position que les défenseurs des droits des migrants considèrent comme alarmante.
Elise Stefanik : ambassadrice aux Nations unies
Pour incarner la voix de l’Amérique à l’international, Trump a choisi la représentante Elise Stefanik comme future ambassadrice des États-Unis à l’ONU. Élue depuis 2014 au Congrès, Stefanik, 40 ans, s’est imposée comme une défenseure influente des positions conservatrices au sein de la politique étrangère américaine. Issue de l’Université Harvard et reconnue pour sa compétence, elle avait déjà attiré l’attention de l’administration Trump pour ses prises de position pro-israéliennes et ses critiques virulentes envers les résolutions onusiennes perçues comme hostiles aux intérêts américains. Récemment, elle a mené des auditions visant des étudiants pro-Gaza, affirmant que l’ONU « s’enfonce dans l’antisémitisme ».
La nomination de Stefanik pourrait préfigurer un repositionnement offensif des États-Unis au sein de l’ONU, avec une intention affichée de défendre la souveraineté américaine face aux critiques et de promouvoir les valeurs de l’allié israélien. À l’international, cette nomination est observée de près, car elle pourrait marquer une rupture de ton dans les échanges avec les autres États membres.
Lee Zeldin : à la tête de l’Agence de protection de l’environnement (EPA)
Enfin, Donald Trump a également confié la direction de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) à un autre de ses proches, Lee Zeldin. Avocat et ancien membre du Congrès, Zeldin, 44 ans, incarne l’aile pro-industrie du Parti républicain, ayant fermement soutenu l’initiative « America First » et plaidé pour un allègement des régulations qui, selon lui, entravent la croissance économique. À la tête de l’EPA, Zeldin est attendu pour mener une politique de déréglementation, visant à assouplir les normes environnementales tout en stimulant la production d’énergies fossiles. Trump le décrit comme un « vrai combattant » de l’initiative nationale, et le choix de Zeldin suggère un retour à des politiques plus permissives pour les industries pétrolière et gazière.
Toutefois, Zeldin a promis de maintenir des normes « strictes » malgré la déréglementation, répondant aux critiques de ceux qui redoutent une dégradation de la qualité environnementale. Son parcours dans l’armée et sa carrière politique en font un gestionnaire respecté par les républicains, bien qu’il risque de susciter des tensions avec les groupes écologistes.
Un gouvernement aux priorités claires
Les premières nominations de Donald Trump mettent en lumière les axes de sa future gouvernance, centrée sur une défense musclée des frontières, une réorientation des relations internationales en faveur des alliés stratégiques, et un soutien accru à l’industrie. Avec des figures expérimentées et loyales, cette administration s’oriente vers une exécution stricte des promesses de campagne, privilégiant les intérêts sécuritaires et économiques des États-Unis.
Ces choix d’alliés proches signalent une administration Trump résolue à renforcer ses positions et à répondre sans ambiguïté aux enjeux intérieurs et extérieurs qui s’annoncent. L’orientation politique affichée pourrait influencer durablement la trajectoire des États-Unis sur des dossiers majeurs tels que l’immigration, le climat et la diplomatie internationale.
Europe
Le Portugal, fleuron européen du cannabis médical
Le Portugal se positionne comme un leader européen dans la production de cannabis à usage médical, grâce à des conditions climatiques idéales et une législation avant-gardiste.
Le Portugal émerge comme un acteur clé dans le domaine du cannabis médical en Europe. Grâce à un climat favorable et une réglementation adaptée, le pays attire de nombreuses entreprises pharmaceutiques, se positionnant comme un pionnier sur le marché européen.
Dans la région de Serpa, au sud du Portugal, des ouvriers agricoles récoltent du cannabis destiné à des fins thérapeutiques. José Martins, agronome en charge de cette vaste plantation, souligne que le Portugal bénéficie d’un environnement unique pour cette culture. La région, avec ses collines paisibles et son ensoleillement exceptionnel, offre des conditions idéales pour la croissance du cannabis, réduisant ainsi les coûts énergétiques par rapport aux cultures sous serres.
L’entreprise portugaise FAI Therapeutics, filiale du groupe Iberfar, a investi dans cette filière dès 2022. Cette initiative vise à concurrencer les sociétés étrangères déjà bien implantées dans le pays. Pedro Ferraz da Costa, PDG d’Iberfar, insiste sur la qualité et la sécurité des produits portugais, qui répondent aux exigences internationales grâce à un cadre réglementaire strict mis en place dès 2019.
À Cantanhede, au centre du Portugal, la multinationale canadienne Tilray a établi une importante installation. José Tempero, directeur médical de Tilray, affirme que le Portugal est à l’avant-garde de la production de cannabis médical en Europe. Avec ses serres de 4,4 hectares, Tilray peut produire jusqu’à 27 tonnes de cannabis par an, destinées à divers marchés mondiaux, y compris en Europe, en Amérique latine et en Australie.
Malgré cette expansion, l’accès au cannabis médical pour les patients portugais reste limité. Non remboursé par la sécurité sociale et peu prescrit par les médecins, le cannabis thérapeutique souffre encore d’une certaine stigmatisation. Lara Silva, mère d’une enfant épileptique, témoigne de l’inefficacité du système actuel. Elle doit importer du CBD depuis l’Espagne pour traiter les crises de sa fille, constatant des améliorations significatives.
Le marché mondial du cannabis médical est en pleine croissance, avec une valeur estimée à 16,6 milliards de dollars en 2023, et une projection à plus de 65 milliards en 2030. L’Europe, en particulier, devrait voir sa part du marché bondir de 226 millions de dollars à plus de 1,2 milliard d’ici la fin de la décennie. Le Portugal, avec ses exportations de près de 12 tonnes de produits médicaux à base de cannabis en 2023, principalement vers l’Allemagne, la Pologne, l’Espagne et l’Australie, est bien placé pour capitaliser sur cette tendance.
Cependant, l’acceptation du cannabis médical au Portugal reste un défi. Les patients et les professionnels de santé doivent surmonter les préjugés et les obstacles administratifs pour que cette thérapie devienne une option de traitement reconnue et accessible.
Monde
Les secrets du savon de Naplouse, désormais classé à l’Unesco
La fabrication artisanale du savon de Naplouse, un héritage de mille ans, est désormais inscrite au Patrimoine mondial immatériel de l’humanité par l’Unesco.
La ville de Naplouse, située en Cisjordanie occupée, célèbre la reconnaissance de l’une de ses traditions les plus anciennes et précieuses : la fabrication du savon. Ce savoir-faire, transmis de génération en génération, a été officiellement ajouté à la liste du Patrimoine mondial immatériel de l’Unesco, soulignant ainsi l’importance culturelle et historique de cette pratique.
Dans le village de Salem, à l’est de Naplouse, Oum Al-Abed perpétue cette tradition avec dévouement. Utilisant des méthodes rustiques, elle mélange de l’huile d’olive, de l’eau et de la soude dans une cour en béton, créant une pâte qui, une fois sèche, devient le fameux savon de Naplouse. Cette technique artisanale, apprise d’une parente éloignée, est non seulement un acte de production, mais aussi un lien profond avec la terre et la culture palestinienne.
La reconnaissance par l’Unesco met en lumière non seulement le processus de fabrication, mais aussi le rôle de cette activité dans la société palestinienne. En effet, la fabrication du savon implique toute la communauté : hommes, femmes et enfants participent à différentes étapes, de la récolte des olives à l’emballage final du produit. Cette tradition, qui s’étend de Hébron à Gaza, symbolise la résilience et l’identité culturelle des Palestiniens.
À Naplouse, la fabrique Touqan, fondée en 1872, continue de produire ce savon emblématique. Naël Qoubbaj, le directeur, souligne l’importance de cette reconnaissance pour préserver une industrie menacée par l’occupation israélienne. Les portraits historiques de membres de la famille Touqan, affichés dans le bureau, témoignent d’un héritage familial et professionnel qui traverse les époques.
La classification de l’Unesco du savon de Naplouse est un hommage à la persévérance et à l’ingéniosité des artisans palestiniens. Elle met en exergue la nécessité de protéger ces pratiques traditionnelles contre les pressions économiques et politiques. Pour les Palestiniens, c’est une affirmation de leur identité et de leur capacité à maintenir vivantes des traditions qui résistent au temps et aux conflits.
Cette reconnaissance internationale est une étape cruciale pour encourager la préservation de cette tradition, non seulement comme un produit de consommation, mais aussi comme un élément vivant du patrimoine culturel palestinien, qui continue de raconter une histoire de résilience et de fierté.
Monde
Bachar al-Assad chassé du pouvoir, la Syrie tourne une page de son histoire
La destitution de Bachar al-Assad marque un tournant historique en Syrie, où la liesse populaire coexiste avec des incertitudes quant à l’avenir du pays.
La chute du régime de Bachar al-Assad, après une offensive fulgurante des rebelles islamistes, représente un chapitre inédit dans l’histoire tumultueuse de la Syrie. Le 8 décembre 2024, le monde a assisté à la fin d’un demi-siècle de domination par le clan Assad, précipitant le pays dans une période de transition incertaine mais pleine d’espoir pour certains.
Après 24 ans de règne, dont 14 marqués par une guerre civile dévastatrice, Bachar al-Assad et sa famille ont trouvé refuge à Moscou, selon les informations confirmées par les médias russes. La nouvelle de sa déposition a été accueillie avec des manifestations de joie à travers la Syrie, où des citoyens ont exprimé un soulagement palpable après des années de répression.
La prise de Damas par les forces rebelles, emmenées par Abou Mohammad al-Jolani, chef du groupe islamiste radical Tahrir al-Sham (HTS), a été le point culminant de cette offensive. Les images de liesse sur la place des Omeyyades, où les rebelles ont célébré leur victoire, contrastent avec les années de conflit qui ont laissé le pays en ruines. La chute du régime a également suscité des réactions internationales variées, allant de la satisfaction prudente à l’appel à la prudence.
Le président américain Joe Biden a salué la fin du régime Assad, tout en soulignant les préoccupations quant aux affiliations terroristes de certains groupes rebelles. Il a insisté sur la nécessité pour Assad de répondre de ses actes devant la justice internationale pour les atrocités commises sous son régime.
Sur le terrain, la situation est en pleine mutation. La capitale syrienne a vu des scènes inédites : des citoyens détruisant des symboles de l’ancien régime, des soldats se débarrassant de leurs uniformes, et des fouilles intensives dans les prisons pour libérer les détenus. Les Casques blancs, engagés dans les opérations de sauvetage, ont décrit des efforts pour localiser des cellules souterraines cachées, illustrant l’ampleur des violations des droits humains perpétrées par le régime déchu.
L’avenir de la Syrie reste incertain. La Russie, principal allié du régime d’Assad, a convoqué une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter de la situation. Malgré les assurances de sécurité données par les rebelles concernant les bases militaires russes, la communauté internationale exprime des inquiétudes quant à la stabilité du pays et à la menace potentielle de l’extrémisme.
La France a appelé à la réconciliation nationale, tandis que l’ONU insiste sur la protection des droits de tous les Syriens. Les voisins de la Syrie, comme la Turquie, se préparent à une nouvelle dynamique régionale, avec des offensives militaires dans le nord du pays et des réactions israéliennes aux changements de pouvoir.
La chute de Bachar al-Assad, bien que célébrée par certains, ouvre un chapitre complexe où l’équilibre entre la libération du peuple syrien et la menace de l’extrémisme devra être soigneusement géré pour éviter que la Syrie ne sombre dans un nouveau cycle de violence.
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