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Puisseguin : dix ans après la tragédie, la justice refuse toujours un procès

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Quatre-vingt-trois vies brisées, mais aucun responsable devant les tribunaux. La décision de la cour d’appel de Bordeaux scandalise les familles des victimes.

L’horreur reste intacte, dix ans après. Ce 23 octobre 2015, un semi-remorque franchit la ligne médiane près de Puisseguin en Gironde et percute de plein fouet un autocar transportant des retraités. Le choc et l’embrasement instantané du véhicule feront 43 victimes, piégées par les flammes et les fumées toxiques. Seuls huit passagers survivront à ce qui demeure l’accident routier le plus meurtrier en France depuis 1982.

Après des années d’enquête, la justice vient à nouveau de fermer la porte à un procès pénal. La chambre de l’instruction de Bordeaux a confirmé jeudi un non-lieu général, malgré les réquisitions du parquet demandant le renvoi de certains acteurs économiques devant le tribunal correctionnel. Seuls un garage et une société de transport avaient été mis en examen pour des modifications techniques non conformes sur le poids lourd. Le constructeur allemand du car, pointé du doigt pour ses matériaux inflammables, échappe quant à lui à toute poursuite.

Cette décision provoque l’indignation des familles. « C’est donner le droit de tuer dans les normes », s’emporte le représentant des victimes, dénonçant l’absence de responsabilité pénale. Les proches des disparus évoquent une « honte judiciaire », après une décennie d’attente pour aboutir à ce qu’ils qualifient de « déni de justice ». Certains ont quitté l’audience en larmes, promettant de se pourvoir en cassation.

Les avocats des parties civiles soulignent l’urgence de revoir les normes de sécurité des autocars, régulièrement transformés en « torches humaines » lors des collisions. « Quand une étincelle suffit à provoquer un enfer en quelques secondes, avec des gaz paralysants, comment peut-on continuer sans réagir ? », interroge un conseil juridique. Le combat des familles dépasse désormais le cadre pénal : plusieurs assureurs ont engagé des actions civiles contre le constructeur, ultime recours pour établir des responsabilités.

Cette affaire cristallise un malaise plus profond sur la sécurité routière et l’impunité présumée des industriels. Dix ans après, le deuil reste impossible pour des familles qui n’ont obtenu ni vérité, ni justice. Leur colère met en lumière les failles d’un système judiciaire souvent impuissant face aux drames technologiques complexes.

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