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Arnaques aux faux trésors africains : un réseau démantelé à Bobigny

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Des escrocs ont berné des collectionneurs en leur vendant des objets d’art africain sans valeur à des prix exorbitants.

Un procès révélant une vaste escroquerie dans le milieu de l’art africain s’est ouvert devant le tribunal de Bobigny. Un marchand camerounais et six complices sont accusés d’avoir dupé plusieurs particuliers en leur faisant acquérir à des sommes faramineuses des pièces présentées comme anciennes, alors qu’il s’agissait de simples reproductions. Les préjudices cumulés s’élèvent à plus de 700 000 euros pour cinq victimes identifiées.

Selon les enquêteurs, ce type de fraude a pris de l’ampleur ces dernières années en France, profitant de l’engouement croissant pour les arts premiers africains. Parmi les prévenus, dix hommes et une femme, majoritairement d’origine camerounaise, sont jugés pour escroquerie en bande organisée, blanchiment ou travail dissimulé. Le principal accusé, un marchand de 55 ans installé en France depuis 1992, se défend en affirmant n’être qu’un simple commerçant, sans expertise réelle sur l’authenticité des objets.

Les méthodes employées par le réseau étaient pourtant bien rodées. Les escrocs approchaient leurs cibles à la sortie de galeries ou de musées parisiens, leur proposant des pièces supposées rares, accompagnées de faux certificats. L’une des victimes, un ancien cadre, a ainsi déboursé 98 000 euros pour des statuettes censées valoir deux millions. Un autre collectionneur a perdu 175 000 euros, persuadé d’acquérir des œuvres d’exception.

Lors de l’audience, l’accusé a admis avoir parfois certifié verbalement l’ancienneté des objets pour faciliter la vente, tout en reconnaissant que « l’art n’a pas de prix ». Une experte du musée du Quai Branly a confirmé que les pièces saisies provenaient d’ateliers camerounais spécialisés dans les copies.

Parmi les victimes figurait un nonagénaire fortuné, psychologiquement fragile, qui avait versé 257 000 euros à l’un des prévenus, présenté comme son « seul ami ». Un architecte de 69 ans, ayant perdu 41 000 euros, a décrit des escrocs d’une redoutable intelligence, capables d’adapter leur discours pour mieux piéger leurs proies.

Le procès, qui devrait se prolonger jusqu’à jeudi, met en lumière les dérives d’un marché de l’art africain en pleine expansion, où la frontière entre authenticité et supercherie reste parfois floue.

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