Le ministre de l’Intérieur a ordonné l’interdiction de la manifestation prévue ce week-end contre le chantier de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, mais les organisateurs persistent.
Gérald Darmanin a demandé au préfet du Tarn d’interdire la manifestation prévue ce week-end contre le chantier controversé de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, mais les organisateurs ont annoncé le maintien de la mobilisation. La manifestation, soutenue notamment par les Soulèvements de la Terre et des collectifs écologistes locaux, est prévue pour attirer jusqu’à 5 000 personnes, dont « 600 black blocs (…) qui veulent en découdre avec les forces de l’ordre, s’en prendre aux biens, attaquer des personnes », a déclaré le ministre de l’Intérieur lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.
« Des contrôles de zone ont commencé à avoir lieu et depuis lundi, des couteaux, des marteaux, des haches sont saisis dans les véhicules », a précisé Gérald Darmanin. Au total, « ce seront 1 000 gendarmes et policiers qui seront mobilisés », selon le préfet du Tarn, Michel Vilbois, qui a ajouté que « des patrouilles de gendarmerie seront également effectuées sur des entreprises considérées comme +cibles potentielles+ ».
Le préfet a souligné que « notre objectif n’est pas d’aller à la confrontation et le premier signe est justement l’interdiction de la manifestation ».
Etienne Fauteux, porte-parole de La Voie est libre, collectif écologiste à l’origine de la mobilisation, affirme que les trois jours de manifestation, de vendredi à dimanche, se dérouleront comme prévu. « On maintient la manifestation. Cette interdiction est une atteinte démesurée aux libertés fondamentales. Cela marque un virage autoritaire de la part du gouvernement », a-t-il dit.
« On attend 15 000 personnes. On est un mouvement d’opposition des plus forts en France », assure-t-il. « Interdire, c’est disproportionné et injustifié. Il veut installer un climat de peur alors que c’est une manifestation massive et populaire. Les gens viennent pour lutter contre la destruction de leur territoire ».
Pour Claire Dujardin, avocate des opposants à l’A69, « il y a une sorte de banalisation, de généralisation des interdictions de manifester dès qu’il s’agit de militants écologistes ». Elle ajoute que l’interdiction, en prévoyant des violences, « va créer la possibilité d’organiser une opération de maintien de l’ordre extrêmement développée, d’utiliser la force et les armes et de créer de fait des affrontements ».
La construction de cette portion d’autoroute de 53 km, qui réduirait d’une vingtaine de minutes le trajet Castres-Toulouse, fait l’objet d’une importante contestation depuis plusieurs mois. Plusieurs engins utilisés pour les travaux de construction ont été incendiés sur le chantier ces dernières semaines.
Lors de la séance de questions au gouvernement, le député Renaissance du Tarn, Jean Terlier, avait demandé l’interdiction de la mobilisation, dénonçant l’objectif annoncé des opposants de « bloquer les chantiers de l’A69 et de reprendre les terres accaparées par le concessionnaire Atosca/NGE ».
Fin avril à Toulouse, un cortège d’opposants à ce projet d’autoroute avait réuni entre 1 550 personnes (préfecture) et 5 000 manifestants (organisateurs) dans une ambiance festive. Le préfet du Tarn a récemment réaffirmé la volonté sans faille de l’État de faire aboutir ce chantier, soulignant avoir « toujours eu les moyens pour faire face » aux protestations.
L’autoroute devrait être mise en circulation fin 2025.