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Un texte sur la vie chère outre-mer adopté sous le signe du scepticisme

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Les sénateurs ont voté un projet de loi destiné à réduire les écarts de prix entre l’Hexagone et les territoires ultramarins, tout en exprimant de vives réserves sur son efficacité réelle.

Le Sénat a adopté mercredi à une large majorité une série de dispositions techniques visant à renforcer le pouvoir d’achat dans les départements et régions d’outre-mer. Ce vote intervient après plusieurs semaines de débats nourris, où élus et représentants du gouvernement ont confronté leurs positions sur un sujet particulièrement sensible. Le texte, désormais transmis à l’Assemblée nationale, a été soutenu par la ministre des Outre-mer, qui en a défendu l’architecture générale.

Malgré cette adoption, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l’insuffisance des mesures proposées. Plusieurs parlementaires ultramarins, issus de différentes sensibilités politiques, ont fait part de leur déception, jugeant que le projet ne répondait pas aux attentes des populations locales. Certains ont même choisi de s’abstenir, estimant que le dispositif manquait d’ambition pour traiter structurellement les difficultés économiques de ces territoires.

Parmi les critiques récurrentes figure l’absence de mesures budgétaires directes. Des élus ont souligné que le texte n’apportait pas de réponse concrète à la question des revenus et du niveau de vie, pourtant au cœur des préoccupations exprimées lors des mouvements sociaux de l’automne 2024. L’écart de prix avec la métropole, qui peut dépasser 40 % pour certains produits alimentaires, reste perçu comme une injustice persistante.

Le Sénat a par ailleurs retiré deux dispositions majeures du projet initial. La première concernait l’exclusion des frais de transport dans le calcul du seuil de revente à perte, une mesure jugée risquée pour l’équilibre concurrentiel. La seconde portait sur la mise en place d’un mécanisme de péréquation pour réduire les surcoûts logistiques, auquel l’État n’a pas souhaité s’associer financièrement. Ces retraits ont été interprétés comme un affaiblissement substantiel du texte.

Malgré ces limites, le projet de loi comporte plusieurs avancées. Il prévoit un renforcement du bouclier qualité-prix, désormais orienté vers une réduction effective des écarts de prix, et non plus seulement vers leur modération. Les préfets se verront également dotés de pouvoirs élargis pour encadrer temporairement les tarifs en situation de crise. Enfin, des obligations de transparence renforcées sont imposées aux entreprises, avec la transmission obligatoire de données sur leurs marges et leurs comptes, sous peine de sanctions.

Un amendement adopté en séance subordonne par ailleurs l’octroi d’aides publiques aux entreprises ultramarines à la publication de leurs comptes sociaux. Cette mesure, soutenue par les groupes d’opposition, vise à garantir une meilleure information sur les pratiques économiques locales. Reste que, malgré ces ajustements, le texte arrive en discussion à l’Assemblée nationale dans un climat mitigé, où les espoirs de changement durable côtoient la crainte d’une occasion manquée.

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