Sète
Sète – Hervé Marquès, un choix imposé aux élus : chronique d’un vote sous pression
Ce devait être un moment de transition. Ce fut un théâtre d’humiliation. Lundi 5 mai, les élus de la majorité municipale ont été réunis pour choisir le successeur de François Commeinhes. À la fin de la soirée, un seul nom sortira, Hervé Marquès. Non pas par conviction. Mais par contrainte.
Ils étaient convoqués en pensant venir tourner une page. Écouter peut-être Blandine Authié, première adjointe et maire par intérim, officiellement prendre sa fonction. Ils découvriront vite qu’il ne s’agissait pas d’une réunion de transition, mais d’un guet-apens politique. Une seule absente, Blandine Authié elle-même, visiblement tenue à l’écart de l’opération. Elle, qui devait logiquement assurer la suite, ne viendra pas. Elle sait. Elle comprend. Elle refuse l’humiliation.
Dans la salle, François Commeinhes prend la parole. Il parle longuement. Il joue son dernier acte. Il ne quitte pas la scène, il désigne son héritier. Ce sera Hervé Marquès [lire ici]. Le message est clair, « si vous voulez sauver cette majorité, votez pour lui. » Une dizaine d’élus n’en reviennent pas. Ils expriment leur désaccord. Le maire condamné les écoute. Il sourit. Il insiste.
Premier vote à main levée. Non pas pour décider. Pour voir. Pour mesurer les réfractaires. Identifier les hésitants. Marquer les corps et les visages. Une dizaine de mains ne se lèvent pas.
Mais François Commeinhes n’aime pas l’hésitation. Il reprend la parole. Il met la pression. Ses collaborateurs s’activent dans la salle. Chacun reçoit un mot, un regard, une injonction. Ce n’est plus un vote, c’est un huis clos. Une vingtaine de minutes plus tard, un deuxième vote à main levée est organisé. Cette fois, les mains se lèvent. Le message est passé, la méthode aussi.
À la sortie, les visages sont fermés. Les élus quittent la salle mécontents, choqués, écœurés. Jocelyne Gizardin, pourtant fidèle parmi les fidèles, lâche à voix haute, « je me sens trahie. » D’autres dénoncent un simulacre. La démocratie ? Absente. Le débat ? Étouffé. La méthode ? Autoritaire. Quelques élus se dirigent vers Hervé Marquès. Ils lui lancent en face, « tu vas devoir faire des efforts. Ton image dans la ville est mauvaise. »
En fin de journée, le cabinet du maire confirme à la presse le choix d’Hervé Marquès, prétendument voté « à l’unanimité ». L’information est publiée. Mais c’est faux. Et ceux qui étaient dans la salle le savent. Il n’y a pas eu d’unanimité. Il y a eu une mise au pas. Un vote sous pression. Une mécanique d’enrôlement.
Dans la soirée, François Commeinhes s’attable dans un bar du centre-ville. Il commande à boire. Mais trois quarts de ses élus n’y sont pas. Ils ne veulent plus trinquer. Ils digèrent encore cette séance de manipulation politique à laquelle ils ont été contraints de participer. En scrollant Facebook, le maire condamné observe les premières réactions et s’aperçoit que seulement quatre élus sur trente-deux ont liker la publication qui annonce Hervé Marquès. Le malaise est palpable.
Pendant ce temps-là, les premiers faux comptes Facebook du système commencent à balancer les premiers éléments de langage dans les commentaires pour que la mayonnaise prenne. Mais cette fois, ça ne prend pas. L’opinion ne suit pas. La ficelle est trop grosse. Le verrou saute.
Depuis mardi matin, des élus se parlent en secret, mais ils ont peur d’être attrapés. Ils veulent essayer de résister, refuser cette nomination, faire barrage à ce passage en force. Ils ont cinq jours. Le conseil municipal du 12 mai décidera officiellement du prochain maire. S’ils ne bougent pas maintenant, ils devront, ce jour-là, prendre la parole publiquement pour encenser un homme qu’ils ne respectent pas.
Ils savent que ce dernier vote sera le plus difficile à assumer. Parce qu’il les engage, une nouvelle fois. Parce qu’il trahit toute une ville qui n’est pas d’accord avec ce choix. Parce qu’il fait basculer Sète dans un système sans précédent. Ce 12 mai, ils ne voteront pas seulement pour un maire. Ils voteront pour savoir s’ils veulent encore pouvoir se regarder dans une glace.
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Vivi
7 mai 2025 at 15 h 07 min
Hallucinant !!!
Bebert
7 mai 2025 at 15 h 35 min
Nous comprenons mieux pourquoi le Midi Libre ferme à tout commentaire leurs articles parlant de cette affaire politico-financiaro-politique ! ! !
Pas un seul lecteur ne doit, par ses remarques, perturber les « tonnes » éloges sans limites que le Midi Libre tresse, toute honte bue, à ce monsieur Marquès !
TOUFOULECAM
7 mai 2025 at 15 h 53 min
Certains élues et élus commencent à comprendre qu’ils n’étaient que des faire valoir, pour voter ce que décidait le maire qu’ils soutenaient mordicus.
Quand au Midi Libre, il ferme les commentaires aux articles qui ne vont pas dans le sens de la bonne pensée, et nous inonde de faits divers que ses stagiaires lisent dans les journaux mondiaux.
Je préfèrerais m’exprimer sur ce qui se passe en France, que de savoir qu’un quadragénaire est tombé du 8 éme étage d’un hôtel aux Canaries ou qu’il s’est fait mangé un bras par un crocodile qu’il croyait en matière plastique.
reilles jean claude
7 mai 2025 at 16 h 08 min
sois la majorité accepte d’être des marionnettes, sois il ne prennes pas part au vote abstention ou vote contre. je ne suis pas surpris la méthode de commeinhes. Je comprend l’absence de la 1é adjointe. Mr marques sera le pantin de l’ex maire je lui souhaite du courage.
Max
7 mai 2025 at 17 h 21 min
Moi je l ai bien François … c’était un bon PAPE
Laurent.M
7 mai 2025 at 18 h 00 min
C’est un pape qui oblige ses colistiers à dire amen…
Marion CH
7 mai 2025 at 19 h 47 min
Super article merci singulier
Ahème
8 mai 2025 at 8 h 33 min
La majorité municipale sétoise fonctionne donc comme un sectE. Comme LFI ?
Jacqueline
8 mai 2025 at 12 h 56 min
Merci, Monsieur, pour cet excellent article qui reflète un véritable diktat politique… qui ne m étonne même pas et me répugne tout à la fois. Bien cordialement
FP
8 mai 2025 at 11 h 16 min
Merci le Singulier 👍. Le 12 mai, ils peuvent voter pour le changement….. espérons 🤞
Nicky90
8 mai 2025 at 12 h 45 min
Le vote étant à bulletin secret, si on n’a pas affaire à une équipe de « couilles molles » où d’escrocs, il pourrait y avoir des surprises!
Thierry
8 mai 2025 at 21 h 07 min
Magistral cet article bravo
Loïc.d
9 mai 2025 at 5 h 11 min
En esperant qui ne se laisseront pas faire ,
La democratie doit s’exprimé.
Il pense qui la hérité de la mairie de Sète ?
Ont et pas au Maroc mr commeihne se n’est plus une monarchie en France .
Laisser donc la democratie s’exprimer et arretter donc mascarade …
Stop stop stop
Émilie
9 mai 2025 at 22 h 16 min
Merci pour ces coulisses. Passionnant et révoltant.