Les trésors historiques de l’île luttent pour leur survie, entre entrepôts improvisés et chantiers de restauration urgents.
Le Musée de Mayotte, situé à Dzaoudzi, ressemble désormais à un vaste garde-meuble. Instruments de musique, modèles de pirogues traditionnelles et artefacts archéologiques s’entassent dans les bureaux administratifs, transformés en dépôts provisoires depuis les ravages causés par le cyclone Chido en décembre dernier. Les équipes travaillent dans des espaces exigus, mais cette solution a permis de préserver des collections qui auraient pu être irrémédiablement perdues.
L’ancienne caserne coloniale, qui abritait les réserves du musée, a subi des dégâts majeurs. La toiture arrachée et les infiltrations d’eau ont noyé près de 480 caisses d’objets archéologiques. Malgré les efforts pour assécher et nettoyer les pièces, près d’un tiers des collections présentent des altérations. Les bâches qui couvrent désormais l’édifice ne suffisent pas à protéger durablement ce patrimoine fragilisé.
Parmi les autres sites touchés, l’ancienne résidence du gouverneur, bâtie au XIXe siècle, offre un spectacle de désolation. Toiture envolée, planchers instables et persiennes arrachées : sa restauration, initialement prévue pour en faire une annexe du musée, nécessitera des travaux bien plus conséquents que prévu. Les diagnostics doivent être revus, retardant d’autant les projets culturels.
Les vestiges industriels n’ont pas été épargnés. Les usines sucrières du XIXe siècle, témoins de l’histoire économique de Mayotte, voient leurs structures s’effondrer peu à peu. Certaines, comme celle de Soulou, sont devenues inaccessibles en raison des chutes d’arbres et des éboulements. À Hajangoua, les entrepôts partiellement détruits rappellent l’urgence d’interventions pour stabiliser ces ruines avant qu’elles ne disparaissent.
Face à cette situation, des initiatives se mettent en place. Un fonds spécial d’un million d’euros a été créé pour financer la restauration des monuments les plus endommagés, dont la mosquée de Tsingoni, la plus ancienne de France encore en activité. Parallèlement, les découvertes fortuites de sépultures anciennes, révélées par les intempéries, ouvrent de nouvelles pistes pour l’archéologie locale.
La tâche reste immense. Entre évaluations techniques, recherches de financements et chantiers prioritaires, Mayotte doit composer avec une réalité : préserver son patrimoine dans un contexte où chaque tempête peut tout remettre en question.