Les vins effervescents résistent dans un secteur viticole en crise

Malgré un contexte difficile pour le marché du vin, les effervescents maintiennent leur dynamique, avec des performances variables selon les appellations et les régions.

Dans un paysage viticole mondial marqué par des difficultés structurelles, les vins effervescents constituent un relatif îlot de stabilité. Selon les dernières observations, leur consommation et leur production ont presque doublé depuis 2002, suivant une tendance inverse à celle du reste du secteur. Cette progression s’explique notamment par le succès international du prosecco italien et l’élargissement de l’offre.

L’Italie confirme sa position de leader avec un tiers de la production mondiale d’effervescents, enregistrant une croissance de 12% en volume à l’exportation sur l’année écoulée. La France, deuxième producteur mondial avec 16% du marché, devant l’Allemagne, voit ses crémants bénéficier de cette dynamique favorable. Les huit appellations de crémants français, réparties de l’Alsace à la Touraine en passant par la Bourgogne, connaissent un développement significatif.

Pour de nombreux viticulteurs, cette catégorie représente désormais une part essentielle de l’activité. Un producteur bordelais témoigne avoir transformé sa production, consacrant aujourd’hui la moitié de ses volumes aux effervescents contre seulement un quart il y a cinq ans. Cette réorientation répond à une demande soutenue qui assure aux professionnels des débouchés stables.

L’année 2024 a constitué un record historique pour les crémants français avec plus de 114 millions de bouteilles écoulées, soit une progression de 6% par rapport à l’année précédente. La filière affiche désormais des ambitions claires. Elle souhaite monter en gamme grâce à des cuvées spéciales et des cépages locaux, tout en renforçant sa présence à l’international où elle vise 40% de ses ventes. Le Royaume-Uni et les États-Unis représentent des marchés prioritaires, malgré les contraintes douanières.

Les experts soulignent l’attrait particulier des effervescents auprès des jeunes consommateurs, séduits par leur caractère festif et leur profil aromatique. Leur association aux occasions de célébration les préserve en partie des tendances à la modération constatées sur d’autres alcools.

Le champagne, en revanche, traverse une période plus contrastée. Les volumes commercialisés ont diminué, même si la valeur des transactions continue de progresser. Les professionnels de la Champagne invoquent plusieurs facteurs, dont l’inflation, l’augmentation des coûts de production et la hausse des prix pratiquée par certaines grandes maisons. Face à cette situation, la filière champagne mise sur la justification de sa valeur ajoutée plutôt que sur des baisses de tarifs. Ses représentants estiment que le produit conserve son statut de référence en matière de rapport qualité-prix dans le segment des effervescents.

La concurrence des autres vins pétillants est perçue de manière nuancée par les champenois. Si le prosecco et les spritz gagnent en popularité, ils pourraient à terme servir de porte d’entrée vers des effervescents plus prestigieux, créant ainsi un effet d’entraînement bénéfique pour l’ensemble de la catégorie.