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Le Scouarnec reconnaît sa responsabilité dans la mort de deux victimes : un procès historique

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L’ancien chirurgien, jugé pour des centaines d’agressions sexuelles, admet son implication dans deux suicides, tandis que les avocats des victimes dénoncent un système complice.

Debout dans le box des accusés, vêtu d’un pull noir et d’une chemise beige, Joël Le Scouarnec a reconnu devant la cour criminelle du Morbihan être « responsable » de la mort de deux jeunes hommes, anciennes victimes de ses agressions. Âgé de 74 ans, l’ex-médecin a répondu aux questions avec un calme troublant, sans esquiver sa culpabilité. Les photos de Mathis Vinet, décédé d’une overdose en 2021, et d’un autre homme ayant mis fin à ses jours en 2020, ont été projetées dans la salle. Tous deux avaient été agressés par Le Scouarnec alors qu’ils n’étaient que des enfants.

L’accusé, déjà condamné à 15 ans de réclusion pour des viols sur mineurs, assure avoir changé son regard sur lui-même au cours du procès. « Je ne peux plus me voir de la même façon, car je suis un pédocriminel et un violeur d’enfants », a-t-il déclaré. S’il affirme ne plus céder à ses pulsions, il reconnaît néanmoins le risque de récidive et ne se projette pas dans une vie libre. La prison, dit-il, a été pour lui « une libération ».

Les avocats des parties civiles, représentant près de 130 victimes, ont déployé une plaidoirie collective pour dénoncer l’ampleur des crimes et les dysfonctionnements institutionnels. « Vous jugez l’inventeur du crime sexuel de masse », a lancé l’une des conseillères, soulignant l’impossibilité de connaître le nombre exact de victimes. Les défenseurs des plaignants ont pointé du doigt l’omerta qui a permis à Le Scouarnec d’agir en toute impunité pendant des années. « Beaucoup savaient, mais personne n’a agi », a martelé un avocat, appelant à briser la loi du silence.

Les excuses répétitives de l’accusé ont été vivement critiquées, certaines victimes y voyant une tentative de se dédouaner plutôt qu’une véritable repentance. « Demander pardon, c’est vouloir réparer l’autre. Lui, il cherche à soulager sa conscience », a dénoncé une avocate. Malgré ses déclarations, Le Scouarnec insiste sur sa responsabilité exclusive, niant toute complicité de son entourage professionnel ou familial. Interrogé sur ce qui aurait pu l’arrêter, il répond, après un silence : « Rien. »

Le procès, ouvert fin février, a révélé des faits supplémentaires, y compris des violences sur sa propre petite-fille, révélées en audience. Les plaidoiries des parties civiles se poursuivront jusqu’à la fin de la semaine, avant les réquisitions du parquet. Le verdict, attendu pour le 28 mai, pourrait marquer un tournant dans la lutte contre l’impunité des crimes pédosexuels.

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