Entre paysages idylliques et pollution chronique, les habitants de cette région alpine subissent les conséquences d’un air vicié, malgré des mesures encore insuffisantes.
Dans la vallée de l’Arve, le spectacle du massif du Mont-Blanc se mêle trop souvent à un épais brouillard chargé de particules fines. Les riverains, comme Françoise, une retraitée installée depuis des décennies à Domancy, observent quotidiennement ce phénomène. « Dès que le soleil brille, la brume s’installe », constate-t-elle. Cette « peuf », comme la surnomment les locaux, est le résultat d’une accumulation de polluants piégés par la topographie montagneuse et les conditions météorologiques hivernales.
L’hiver, le phénomène d’inversion thermique aggrave la situation : l’air froid, coincé sous une couche plus chaude, forme un couvercle empêchant la dispersion des émissions. Principales responsables ? Les chauffages au bois, encore largement utilisés dans les chalets, le trafic routier intense sur l’autoroute A40 – axe clé vers l’Italie – et les activités industrielles locales, notamment le décolletage.
Les pics de pollution poussent les autorités à prendre des mesures, comme la limitation de vitesse sur l’A40 ou l’interdiction des cheminées à foyer ouvert. Pourtant, les résultats restent mitigés. Evelyn, une habitante de Sallanches souffrant d’un cancer, évite désormais les sorties en période critique. Elle pointe du doigt les files ininterrompues de poids lourds, dont le passage vers le tunnel du Mont-Blanc sature régulièrement la zone.
Si certains résidents ont adopté des solutions alternatives, comme les panneaux solaires, d’autres peinent à abandonner leurs habitudes. « Ils ne changeront pas », soupire Françoise, évoquant ses voisins attachés à leur chauffage au bois. Malgré les efforts, les chiffres demeurent préoccupants : en 2024, le seuil d’alerte aux particules fines a été dépassé 38 jours à Passy.
La justice a récemment reconnu la responsabilité de l’État, condamné à indemniser une famille dont l’enfant a vu ses problèmes respiratoires s’aggraver en raison de la pollution. Un verdict qui souligne l’urgence d’actions plus radicales pour préserver la santé des habitants et la beauté fragile de cette vallée alpine.