Le futur Premier ministre devra naviguer entre fermeté et pragmatisme pour préserver les intérêts économiques canadiens, alors que les tensions commerciales s’aggravent.
Le prochain chef du gouvernement canadien, probablement Mark Carney selon les sondages, hérite d’un dossier brûlant : les relations commerciales avec les États-Unis, marquées par des droits de douane controversés et des déclarations incendiaires de Donald Trump. Durant sa campagne, Carney a martelé que Washington n’était plus un partenaire fiable, tout en promettant de diversifier les alliances économiques, notamment vers l’Europe.
Pourtant, les experts soulignent l’urgence de rétablir des échanges fluides avec les Américains, qui absorbent 76 % des exportations canadiennes et représentent deux millions d’emplois locaux. Un ancien négociateur commercial avertit : chercher d’autres débouchés est nécessaire, mais trop lent pour compenser les pertes immédiates. Selon lui, les mesures protectionnistes de Trump finiront par isoler les États-Unis, les obligeant à revenir vers leurs voisins nord-américains.
Ottawa multiplie les démarches diplomatiques depuis l’imposition des taxes sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, envoyant ministres et représentants à Washington. Mais l’administration Trump, réélue il y a cent jours, reste imprévisible. Les interlocuteurs clés changent constamment, compliquant les négociations. Une ex-diplomate compare la situation à une chasse aux contacts utiles, où il faut parfois discuter avec des proches du président plutôt qu’avec des responsables officiels.
Du côté des provinces, le Premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, joue les médiateurs. Il a rencontré des gouverneurs et des élus américains, tous sceptiques sur la stratégie de Trump, selon ses confidences. Réagissant aux récentes provocations du président évoquant une annexion du Canada, Ford n’a pas caché son exaspération, qualifiant ces propos de déconnectés.
Entre fermeté affichée et nécessité de compromis, le futur dirigeant canadien devra trouver un équilibre délicat pour éviter l’escalade tout en protégeant une économie vulnérable aux caprices de son voisin.