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Économie

La BCE maintient le cap sur sa politique monétaire prudente

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L’institution monétaire européenne conserve ses taux directeurs en l’état lors de sa réunion de jeudi, confirmant une pause prolongée dans un contexte d’inflation maîtrisée mais face à des incertitudes persistantes.

La Banque centrale européenne s’apprête à maintenir inchangés ses principaux taux d’intérêt lors de sa réunion de politique monétaire. Cette décision anticipée intervient alors que l’indice des prix dans la zone euro évolue désormais à proximité de l’objectif de stabilité des prix fixé à 2%. Le taux de dépôt, qui sert de référence pour la politique monétaire, devrait ainsi rester fixé à 2%, niveau où il se trouve depuis le mois de juillet dernier.

La présidente de l’institution avait indiqué mi-octobre, lors des assemblées annuelles du Fonds monétaire international à Washington, que l’institution se trouvait « dans une position favorable » et se déclarait « bien préparée pour faire face aux chocs futurs ». Ce message de stabilité devrait être réaffirmé jeudi à Florence, où se tient une réunion délocalisée du conseil des gouverneurs.

Cette orientation contraste avec la politique menée outre-Atlantique. La Réserve fédérale américaine a en effet procédé mercredi à un nouvel assouplissement monétaire, abaissant ses taux directeurs d’un quart de point. Cette seconde baisse de l’année vise à soutenir une économie américaine où le marché du travail commence à montrer des signes de fragilité.

La prudence de la BCE s’explique par la persistance de plusieurs facteurs d’incertitude susceptibles d’influencer l’évolution des prix, tant à la hausse qu’à la baisse. Après avoir culminé à 10,6% en 2022 sous l’effet de la flambée des coûts énergétiques consécutive au conflit en Ukraine, l’inflation dans la zone euro est revenue récemment à des niveaux conformes à l’objectif de stabilité des prix.

L’environnement économique international reste marqué par plusieurs défis. Les tensions commerciales entre Washington et Pékin, les droits de douane américains et les difficultés d’approvisionnement en semi-conducteurs et terres rares constituent autant de risques pour l’industrie européenne. Une rencontre jeudi en Corée du Sud entre les dirigeants américain et chinois pourrait cependant ouvrir des perspectives d’apaisement commercial.

Sur le front du crédit, les établissements bancaires manifestent une certaine frilosité. Les conditions de prêt dans la zone euro se sont resserrées de manière inattendue au troisième trimestre, ce qui représente une préoccupation pour l’investissement et la croissance économique. Les statistiques de croissance du produit intérieur brut pour la zone euro au troisième trimestre, attendues jeudi, devraient confirmer un ralentissement sous l’effet des chocs tarifaires, des incertitudes politiques en France et des retards dans l’investissement public allemand.

Si le statu quo monétaire devrait se prolonger, la BCE pourrait engager en décembre une réflexion sur un éventuel assouplissement futur, lorsque seront publiées ses nouvelles prévisions d’inflation s’étendant jusqu’en 2028. Certains analystes anticipent une première baisse des taux pas avant mars 2026, lorsque l’inflation devrait passer « nettement sous les 2% », tirée à la baisse par la décrue retardée des prix de l’énergie et la fermeté de la monnaie unique.

Des écarts significatifs persistent entre les économies nationales. La France a ainsi enregistré le taux d’inflation le plus bas de la zone euro en septembre après Chypre, à 1,07%. Des voix s’élèvent cependant pour mettre en garde contre les risques d’un maintien trop prolongé d’une inflation inférieure à l’objectif, qui pourrait contraindre la banque centrale à des mesures d’assouplissement plus marquées par la suite.

L’institution monétaire devrait réaffirmer que sa politique reste guidée par l’évolution des données économiques disponibles et que ses décisions continueront d’être prises au cas par cas, réunion après réunion. Les observateurs scruteront la conférence de presse de la présidente de la BCE pour y détecter d’éventuels signaux d’orientation accommodante. Les tensions sur la dette française constitueront un arrière-plan à cette réunion, l’écart entre les taux d’emprunt français et allemand ayant atteint son niveau le plus élevé depuis plusieurs années. La communication de l’institution devrait cependant éviter tout commentaire spécifique sur la situation française afin de prévenir les spéculations sur une éventuelle intervention.

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