États-Unis : la reprise des recouvrements de prêts étudiants fait polémique

Après des années de moratoire, Washington relance la pression sur les emprunteurs en difficulté, suscitant de vives critiques.

Le gouvernement américain a décidé de reprendre le recouvrement des prêts étudiants impayés, y compris par des saisies sur salaires, mettant fin à une suspension en vigueur depuis plusieurs années. Cette décision toucherait plus de cinq millions de personnes en défaut de paiement, tandis que quatre millions d’autres accusent des retards significatifs dans leurs remboursements.

Initialement suspendus en 2020 pour alléger le poids financier des ménages durant la pandémie, ces prêts avaient bénéficié de prolongations sous l’administration Biden, qui avait tenté sans succès d’annuler une partie de cette dette. La Cour suprême avait bloqué cette initiative, estimant que le pouvoir exécutif outrepassait ses prérogatives.

Les autorités justifient aujourd’hui cette reprise par l’absence de base légale permettant une annulation massive. Les emprunteurs concernés recevront sous quinze jours une notification électronique, et les premières retenues sur salaire interviendront dès l’été. Des prélèvements sur les prestations sociales ou les remboursements d’impôts sont également prévus.

Cette mesure a provoqué l’indignation d’associations de défense des emprunteurs, qui dénoncent une décision « cruelle » risquant d’aggraver les difficultés économiques de millions de foyers. Aux États-Unis, le coût exorbitant des études supérieures – pouvant atteindre 70 000 dollars par an – entraîne souvent un endettement lourd pour les jeunes diplômés.

Avec un encours total de 1 600 milliards de dollars, les prêts étudiants pèsent sur près de 43 millions d’Américains. Selon les données disponibles, un quart des moins de 40 ans sont concernés, avec des dettes moyennes oscillant entre 20 000 et 25 000 dollars. Un fardeau qui, pour beaucoup, complique durablement l’accès à l’autonomie financière.