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Monde

Environ 3.000 pédocriminels dans l’Eglise en 70 ans selon le rapport Sauvé

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Entre 2.900 et 3.200 pédocriminels dans l’Eglise en 70 ans: c’est l’un des premiers constats de la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l’Eglise catholique qui rend mardi, son verdict, inédit et très attendu.

Après deux ans et demi de travaux, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) depuis 1950, présidée par Jean-Marc Sauvé, va dévoiler son rapport et ses nombreuses annexes, une somme qui atteint finalement « 2.500 » pages, selon ce dernier.

Il sera publiquement remis à la Conférence des évêques de France (CEF) et à la Conférence des religieuses et religieux des instituts et congrégations (Corref), qui l’avaient commandé. Cela se déroulera lors d’une conférence de presse à laquelle ont été invités des représentants d’associations de victimes.

« Cela va être une déflagration », assure un membre de la Ciase, sous couvert d’anonymat. « Cela va faire l’effet d’une bombe », renchérit Olivier Savignac, du collectif Parler et Revivre. « Il ne va pas être complaisant », assure le sociologue Philippe Portier, autre membre de la Commission.

Mgr Eric de Moulins-Beaufort, le président de la CEF, a dit craindre que le rapport « ne rende des chiffres considérables, effrayants », lors d’une réunion avec des paroissiens de son diocèse.

Sa publication « va être une épreuve de vérité et un moment rude et grave », peut-on aussi lire sur le message diffusé par l’épiscopat en direction des prêtres et des paroisses pour les messes du week-end. Un message qui appelle « à une attitude de vérité et de compassion ».

M. Sauvé a déjà indiqué dimanche que le nombre de prédateurs recensé était de « 2.900 à 3.200 », des hommes – prêtres ou religieux – une « estimation minimale ».

La Ciase évaluera aussi le nombre de victimes et  comparera la prévalence des violences sexuelles dans l’Eglise à celle identifiée dans d’autres institutions (associations sportives, école…) et dans le cercle familial.

Poids du cléricalisme? Omerta sur ces phénomènes d’emprise? La commission évaluera également les « mécanismes, notamment institutionnels et culturels » qui ont pu favoriser la pédocriminalité.

En novembre, M. Sauvé avait évoqué une « gestion de ces affaires qui dans le passé a souvent été défaillante ». Il avait aussi jugé « extrêmement grave qu’il ait pu y avoir quelques institutions et quelques communautés, en petit nombre, où des abus systémiques aient pu être commis ».

Politique de réparation

Le diagnostic fait, la Commission doit énumérer 45 propositions qui toucheront à plusieurs domaines: écoute des victimes, prévention, formation des prêtres et religieux, droit canonique, transformation de la gouvernance de l’Eglise… Il préconisera aussi une politique de reconnaissance et de réparation.

Pour ses travaux, la Ciase a fait de la parole des victimes « la matrice de son travail », selon M. Sauvé. D’abord avec un appel à témoignages ouvert dix-sept mois, qui a recueilli 6.500 appels ou contacts de victimes ou proches. Puis en procédant à 250 auditions longues ou entretiens de recherche. Elle a aussi approfondi ses recherches avec une plongée dans de nombreuses archives (Eglise, ministère de la justice, de l’Intérieur, presse).

Dans la majorité des cas, les faits sont aujourd’hui prescrits, les auteurs décédés, rendant un recours à la justice improbable. Les procédures canoniques (le droit de l’église), quand elles sont engagées, sont très longues et peu transparentes.

Quelles suites l’Eglise donnera-t-elle au rapport?

« J’attends que nous soyons confrontés à ce fardeau, aussi noir soit-il, afin que nous puissions ensuite prendre les mesures qui s’imposent », affirme Véronique Margron, présidente de la Corref.

L’épiscopat a pris les devants en promettant non pas des réparations mais un dispositif de « contributions » financières, versées aux victimes à partir de 2022, qui ne fait pas l’unanimité chez les victimes.

Les premières réponses de la CEF et de la Corref sont attendues en novembre, date à laquelle les deux institutions se réuniront en assemblées plénières.

Le rapport sera examiné à la loupe à Rome, où la question a été évoquée par le pape François et une partie des évêques français en visite au Vatican en septembre.

Sanction d’évêques ou de prélats, visite du Pape en Irlande, organisation d’un sommet inédit en 2019 sur « la protection des mineurs », modification du droit canon…: la lutte contre la pédocriminalité est un dossier également traité au Vatican.

Créée à l’automne 2018, la Ciase est composée de 22 membres, bénévoles, aux compétences pluridisciplinaires (juridiques, médicales, psychologiques et psychiatriques, secteur social et éducatif, protection de l’enfance, histoire et sciences sociales, théologie…). Elle a été financée par l’épiscopat et les instituts et congrégations religieux à hauteur de 3 millions d’euros.

Culture

Insolite : Des retraitées s’invitent sur le podium de la Fashion week de Vienne

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Insolite : Des retraitées s'invitent sur le podium de la Fashion week de Vienne

À la Fashion week de Vienne, des mannequins de 60 à plus de 80 ans ont défilé, brisant les stéréotypes liés à l’âge. Une initiative inédite en Autriche, portée par la créativité et la volonté d’inclusion.

Brigitte Hrdlicka, 63 ans, résume parfaitement l’esprit de cette révolution discrète dans le monde de la mode : « C’est fini, les mamies assises à ne rien faire ». Alors qu’elle met la dernière main à sa création avant le défilé, elle incarne, avec neuf autres retraitées, un changement de regard sur l’âge et la vieillesse. Ces femmes, âgées de 60 à plus de 80 ans, ont défilé sur le podium de la Fashion week de Vienne, dans une célébration de la diversité et de l’inclusion.

Ce projet inédit en Autriche est le fruit de plusieurs mois de travail, où les participantes ont conçu et réalisé leurs tenues à partir de matériaux de récupération. Loin d’être des novices, elles ont été guidées par Irina Reichel, animatrice d’ateliers de couture pour retraités. En voyant ces mannequins d’un jour défiler avec assurance et élégance, le message est clair : l’âge n’est plus une limite, et la mode devient un outil pour déconstruire les préjugés.

Le spectacle, loin d’être une simple performance, revendique une prise de position contre l’âgisme et met en avant une joie de vivre palpable. Sur le podium, chaque femme rayonne, reflétant une pluralité de styles : du léopard audacieux aux robes de mariée colorées, il y en a pour tous les goûts. Ce défilé ne fait pas seulement écho à une tendance globale d’ouverture à la diversité dans la mode, mais il s’impose comme un événement symbolique. Si les icônes comme Naomi Campbell ou Claudia Schiffer ont déjà démontré qu’il est possible de célébrer la beauté à tous les âges, ces femmes viennoises montrent que l’élégance et la modernité n’ont pas d’âge non plus.

Les jeunes spectatrices, admiratives, s’imaginent déjà suivre leur exemple à un âge avancé, tandis que les retraitées comme Verena Heger, 60 ans, applaudissent l’initiative. « Ce n’est pas parce qu’on a plus de 60 ans qu’on fait des choses ringardes ! », s’exclame-t-elle, résumant la fierté et la modernité de cette nouvelle génération de femmes âgées qui refusent d’être invisibles.

Avec son ambiance festive, son tapis rouge et ses créations uniques, ce défilé aura marqué les esprits, prouvant que la mode est un terrain où chacun peut trouver sa place, peu importe son âge.

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Europe

Victoire historique de la justice européenne contre Apple et Google

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Victoire historique de la justice européenne contre Apple et Google

La Cour de justice de l’Union européenne a tranché en faveur de la Commission européenne dans deux affaires majeures impliquant Apple et Google, infligeant des sanctions financières record et marquant un tournant dans la lutte contre les abus des géants de la tech.

Mardi, la justice européenne a confirmé deux décisions aux lourds enjeux financiers, donnant raison à la Commission européenne face à Apple et Google. La commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, s’est félicitée de cette issue, la qualifiant de « grande victoire pour les citoyens européens », soulignant son importance pour l’équité des règles économiques et la justice fiscale.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), dernière instance dans ces affaires, a ordonné à Apple de rembourser 13 milliards d’euros à l’Irlande, correspondant à des avantages fiscaux illégaux, assimilés à une aide d’État. En parallèle, Google a vu confirmée une amende de 2,4 milliards d’euros pour abus de position dominante, infligée pour avoir favorisé son service de comparaison de prix au détriment de ses concurrents.

L’affaire Apple remonte à 2016, lorsque la Commission européenne avait demandé à l’entreprise de rembourser les impôts non perçus par l’Irlande entre 2003 et 2014. Durant cette période, Apple a rapatrié la majorité de ses bénéfices européens en Irlande, bénéficiant d’un taux d’imposition presque nul, allant de 1 % à 0,005 %. En 2020, le Tribunal de l’UE avait annulé cette décision, infligeant un sérieux revers à Margrethe Vestager. Cependant, en novembre 2023, l’avocat général de la CJUE avait recommandé d’annuler ce jugement initial et de renvoyer l’affaire au tribunal. La Cour a finalement confirmé que l’Irlande avait accordé une aide illégale à Apple, scellant ainsi l’obligation de remboursement. Apple a réitéré son désaccord, affirmant que l’entreprise n’avait bénéficié d’aucun traitement fiscal particulier.

Dans l’autre dossier, la CJUE a confirmé la sanction de 2,4 milliards d’euros imposée à Google pour avoir abusé de sa position dominante en favorisant son comparateur Google Shopping dans les résultats de recherche, rendant ses concurrents quasiment invisibles pour les utilisateurs. Cette amende, imposée en 2017, est l’une des nombreuses sanctions financières infligées à Google pour des pratiques anticoncurrentielles, le total des amendes infligées au groupe dépassant les 8 milliards d’euros. Google a exprimé sa déception face à ce verdict, rappelant avoir déjà ajusté ses pratiques en 2017 pour répondre aux exigences européennes.

Ces décisions marquent un tournant dans la régulation des géants de la technologie, tant en Europe qu’aux États-Unis, où Google fait également face à plusieurs enquêtes et procès. Elles réaffirment la volonté de la Commission européenne de réguler les pratiques des entreprises multinationales pour garantir une concurrence équitable et une fiscalité juste au sein de l’Union.

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Europe

Rome envisage de faire payer l’accès à la fontaine de Trevi

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Rome envisage de faire payer l'accès à la fontaine de Trevi

Face à l’afflux massif de visiteurs à la fontaine de Trevi, la municipalité de Rome étudie l’idée d’instaurer un accès payant pour les touristes. Cette mesure vise à protéger ce site emblématique tout en préservant l’expérience locale et culturelle des Romains.

La fontaine de Trevi, chef-d’œuvre baroque et symbole incontournable de la Ville éternelle, attire chaque année des millions de touristes. Afin de répondre au défi croissant du surtourisme, les autorités romaines envisagent de mettre en place un système de gestion plus strict de l’accès à ce lieu mythique. Alessandro Onorato, adjoint au tourisme à la mairie, a ainsi suggéré l’instauration d’horaires d’accès précis et de quotas de visiteurs pour mieux encadrer la foule et limiter les débordements.

Cette initiative, encore à l’étude, proposerait aux visiteurs de réserver des créneaux horaires, un dispositif permettant de contrôler non seulement le flux des touristes, mais aussi leurs comportements souvent inappropriés. L’un des objectifs principaux est d’éviter des scènes de désordre, telles que la consommation de nourriture sur les marches entourant la fontaine. Onorato a précisé que ce système de réservation ne serait pas une source de revenus pour la ville : les Romains auraient un accès gratuit, tandis que les touristes étrangers se verraient demander un modeste droit d’entrée d’un euro.

Toutefois, il n’y a encore aucune décision ferme. Un porte-parole de la municipalité a tempéré l’enthousiasme autour de ce projet en rappelant qu’il ne s’agit pour l’instant que d’une ébauche d’idée. Pourtant, le problème du tourisme de masse devient de plus en plus pressant, avec un nombre croissant de visiteurs dans la capitale italienne. Ce phénomène devrait s’intensifier à l’approche du Jubilé de 2025, une année sainte qui pourrait attirer près de 30 millions de personnes à Rome et au Vatican.

Rome n’est pas la seule ville italienne confrontée à ce défi. Venise, autre site emblématique, a déjà testé un système de billets payants pour les visiteurs à la journée lors des périodes d’affluence, une mesure destinée à canaliser les flux touristiques. Parallèlement, le gouvernement de Giorgia Meloni réfléchit à une hausse significative de la taxe de séjour, une proposition qui suscite la colère des professionnels du secteur touristique, craignant une baisse de la fréquentation.

Outre la gestion des flux, les autorités romaines veulent également préserver le centre historique de la capitale en limitant l’ouverture de nouvelles structures d’hébergement touristique. Toutefois, ce pouvoir échappe pour l’instant à la municipalité. Si elle peut encadrer l’implantation de nouveaux restaurants et fast-foods dans cette zone, elle n’a pas la compétence pour réguler le développement des chambres d’hôtes ou des logements de vacances.

La volonté de Rome d’encadrer l’accès à ses trésors culturels illustre bien le dilemme auquel sont confrontées les grandes métropoles européennes : préserver leur patrimoine tout en accueillant un tourisme toujours plus florissant.

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