Le Cambodge, marqué par des décennies de conflits, se mobilise contre l’envoi de mines antipersonnel par les États-Unis à l’Ukraine.
Dans le cadre du sommet de Siem Reap pour un monde sans mines, des manifestants ont exprimé leur indignation face à la récente décision des États-Unis de fournir des mines antipersonnel à l’Ukraine. Cette action, considérée comme une menace renouvelée pour la sécurité civile, a suscité une forte réaction des ONG et des survivants de mines, soulignant l’urgence de respecter la Convention d’Ottawa.
Le Cambodge, l’un des pays les plus minés au monde, a servi de toile de fond à cette manifestation, où des victimes et des militants ont brandi des pancartes dénonçant le transfert de ces engins mortels. « Non aux mines américaines en Ukraine » et « Une mine donnée aujourd’hui peut tuer un enfant demain » étaient parmi les messages les plus forts. Cette manifestation s’inscrit dans un contexte où le pays hôte a été profondément affecté par les mines terrestres, rappelant à la communauté internationale les conséquences tragiques de leur utilisation.
Les États-Unis, bien que non signataires de la Convention d’Ottawa, ont justifié leur décision par un changement tactique de la Russie, qui semble désormais privilégier l’avancée à pied plutôt que mécanisée, rendant les mines antipersonnel particulièrement efficaces. Toutefois, cette stratégie est critiquée par des organisations comme la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel (ICBL), qui y voit un « mépris flagrant » des obligations internationales. L’ICBL, lauréate du prix Nobel de la paix en 1997, rappelle que ces armes causent principalement des dommages aux civils, avec une augmentation de 20% des victimes l’an dernier par rapport à 2023.
La présence d’une délégation ukrainienne à la conférence pour présenter les progrès en matière de déminage souligne l’ironie de la situation: alors que l’Ukraine lutte pour se débarrasser des mines laissées par des conflits antérieurs, elle se voit offrir de nouvelles munitions de ce type. Cette contradiction a été mise en lumière par Tamar Gabelnick de l’ICBL, qui insiste sur le fait que ces armes n’ont pas leur place dans les guerres modernes.