Europe
Allemagne: Sprint final avant des législatives indécises
A 24H00 des législatives en Allemagne, le camp d’Angela Merkel y croit encore: la chancelière bat le rappel samedi, une dernière fois, au profit d’Armin Laschet, donné perdant face au social-démocrate Olaf Scholz, avec un faible écart qui rend le scrutin imprévisible.
Depuis le retournement des sondages, au coeur de l’été, le candidat conservateur tout en rondeur, âgé de 60 ans, est passé à l’attaque, agitant le spectre d’un virage à gauche avec Olaf Scholz, le pourtant très modéré chef de file du SPD, ministre des Finances d’Angela Merkel depuis 2018.
Dans sa tentative de reconquête, Armin Laschet a reçu un soutien accru de la chancelière qui avait initialement décidé de rester en retrait de la campagne électorale.
Avant de quitter la politique après seize ans de pouvoir, la dirigeante ne ménage plus sa peine pour soutenir cet héritier désigné, mais mal aimé jusqu’au sein de l’Union conservatrice CDU/CSU.
A la veille d’un scrutin suivi de près en Europe, Angela Merkel sera encore aux côtés d’Armin Laschet, samedi midi, pour un dernier rassemblement dans le fief de ce dernier, à Aix-la-Chapelle, au coeur de la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie dont il est président.
Vendredi, c’est à Munich que la chancelière était en première ligne lors d’un meeting où elle a exhorté à voter pour le leader de la CDU, garant de cette « stabilité » si chère à la première puissance économique de l’UE.
Qui est l’héritier ?
Alors que le centre-droit a toujours récolté plus de 30% des suffrages aux scrutins nationaux et fourni au pays cinq des huit chanceliers de l’après-guerre, les conservateurs sont menacés de leur pire score électoral.
Dans les récents sondages, les sociaux-démocrates sont en tête avec quelque 25% des intentions de vote, contre 21 à 23% des suffrages pour la CDU/CSU.
Mais l’écart s’est resserré dans la dernière ligne droite avant le scrutin et Angela Merkel en a appelé vendredi aux électeurs indécis pour donner l’avantage à son parti. Et lui éviter une sortie de la scène politique au goût amer.
La glissade dans les sondages d’Armin Laschet a propulsé le vice-chancelier Olaf Scholz, âgé de 63 ans, en joker inattendu.
Son flegme, qui confine à l’ennui selon ses détracteurs, et son expérience de grand argentier rassurent les électeurs allemands. Ces derniers semblent en effet en quête du meilleur héritier d’une chancelière qui bénéficie toujours d’une popularité au zénith.
Cette préoccupation pousse chacun des candidats à revendiquer sa proximité avec Angela Merkel et laisse augurer de la poursuite d’un cap centriste et pro-européen après le départ de la chancelière.
Olaf Scholz a cependant clamé vendredi qu’il était le visage du « renouveau pour l’Allemagne », martelant que le pays avait « besoin d’un changement ».
Ce nouveau souffle est revendiqué par les dizaines de milliers de jeunes qui ont manifesté vendredi dans toute l’Allemagne pour réclamer une action plus déterminée en faveur du climat.
C’est dans la cité impériale de Potsdam, près de Berlin, où il brigue un siège de député, qu’Olaf Scholz mobilisera une dernière fois ses partisans, samedi.
Heures supplémentaires
Malgré l’importance des questions climatiques dans la campagne, et le traumatisme du pays touché par des crues meurtrières en juillet, la cause écologiste n’a pas progressé autant que l’espéraient les « Grünen », un temps donnés en lice pour décrocher la chancellerie.
La candidate des Verts Annalena Baerbock obtiendrait 15% des suffrages, s’adjugeant la troisième place, devant le parti libéral FDP autour de 11%.
Les Verts devraient néanmoins jouer un rôle pivot dans la future coalition, dont la formation s’annonce encore plus complexe que par le passé: elle devrait nécessiter trois partis pour succéder à l’actuelle « GroKo » (grande coalition) composée de l’Union CDU/CSU et du SPD.
Dans l’éventail des coalitions possibles, une majorité dominée par la gauche et les Verts, ou associant les libéraux et le centre droit, influerait sur les choix de politique budgétaire, fiscale, climatique du pays, et ses orientations diplomatiques.
Angela Merkel, âgée de 67 ans, devra attendre l’issue de ces négociations ardues, qui pourraient prendre des mois, pour remettre les clés de la chancellerie à son successeur.
Europe
Victoire historique de la justice européenne contre Apple et Google
La Cour de justice de l’Union européenne a tranché en faveur de la Commission européenne dans deux affaires majeures impliquant Apple et Google, infligeant des sanctions financières record et marquant un tournant dans la lutte contre les abus des géants de la tech.
Mardi, la justice européenne a confirmé deux décisions aux lourds enjeux financiers, donnant raison à la Commission européenne face à Apple et Google. La commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, s’est félicitée de cette issue, la qualifiant de « grande victoire pour les citoyens européens », soulignant son importance pour l’équité des règles économiques et la justice fiscale.
La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), dernière instance dans ces affaires, a ordonné à Apple de rembourser 13 milliards d’euros à l’Irlande, correspondant à des avantages fiscaux illégaux, assimilés à une aide d’État. En parallèle, Google a vu confirmée une amende de 2,4 milliards d’euros pour abus de position dominante, infligée pour avoir favorisé son service de comparaison de prix au détriment de ses concurrents.
L’affaire Apple remonte à 2016, lorsque la Commission européenne avait demandé à l’entreprise de rembourser les impôts non perçus par l’Irlande entre 2003 et 2014. Durant cette période, Apple a rapatrié la majorité de ses bénéfices européens en Irlande, bénéficiant d’un taux d’imposition presque nul, allant de 1 % à 0,005 %. En 2020, le Tribunal de l’UE avait annulé cette décision, infligeant un sérieux revers à Margrethe Vestager. Cependant, en novembre 2023, l’avocat général de la CJUE avait recommandé d’annuler ce jugement initial et de renvoyer l’affaire au tribunal. La Cour a finalement confirmé que l’Irlande avait accordé une aide illégale à Apple, scellant ainsi l’obligation de remboursement. Apple a réitéré son désaccord, affirmant que l’entreprise n’avait bénéficié d’aucun traitement fiscal particulier.
Dans l’autre dossier, la CJUE a confirmé la sanction de 2,4 milliards d’euros imposée à Google pour avoir abusé de sa position dominante en favorisant son comparateur Google Shopping dans les résultats de recherche, rendant ses concurrents quasiment invisibles pour les utilisateurs. Cette amende, imposée en 2017, est l’une des nombreuses sanctions financières infligées à Google pour des pratiques anticoncurrentielles, le total des amendes infligées au groupe dépassant les 8 milliards d’euros. Google a exprimé sa déception face à ce verdict, rappelant avoir déjà ajusté ses pratiques en 2017 pour répondre aux exigences européennes.
Ces décisions marquent un tournant dans la régulation des géants de la technologie, tant en Europe qu’aux États-Unis, où Google fait également face à plusieurs enquêtes et procès. Elles réaffirment la volonté de la Commission européenne de réguler les pratiques des entreprises multinationales pour garantir une concurrence équitable et une fiscalité juste au sein de l’Union.
Europe
Rome envisage de faire payer l’accès à la fontaine de Trevi
Face à l’afflux massif de visiteurs à la fontaine de Trevi, la municipalité de Rome étudie l’idée d’instaurer un accès payant pour les touristes. Cette mesure vise à protéger ce site emblématique tout en préservant l’expérience locale et culturelle des Romains.
La fontaine de Trevi, chef-d’œuvre baroque et symbole incontournable de la Ville éternelle, attire chaque année des millions de touristes. Afin de répondre au défi croissant du surtourisme, les autorités romaines envisagent de mettre en place un système de gestion plus strict de l’accès à ce lieu mythique. Alessandro Onorato, adjoint au tourisme à la mairie, a ainsi suggéré l’instauration d’horaires d’accès précis et de quotas de visiteurs pour mieux encadrer la foule et limiter les débordements.
Cette initiative, encore à l’étude, proposerait aux visiteurs de réserver des créneaux horaires, un dispositif permettant de contrôler non seulement le flux des touristes, mais aussi leurs comportements souvent inappropriés. L’un des objectifs principaux est d’éviter des scènes de désordre, telles que la consommation de nourriture sur les marches entourant la fontaine. Onorato a précisé que ce système de réservation ne serait pas une source de revenus pour la ville : les Romains auraient un accès gratuit, tandis que les touristes étrangers se verraient demander un modeste droit d’entrée d’un euro.
Toutefois, il n’y a encore aucune décision ferme. Un porte-parole de la municipalité a tempéré l’enthousiasme autour de ce projet en rappelant qu’il ne s’agit pour l’instant que d’une ébauche d’idée. Pourtant, le problème du tourisme de masse devient de plus en plus pressant, avec un nombre croissant de visiteurs dans la capitale italienne. Ce phénomène devrait s’intensifier à l’approche du Jubilé de 2025, une année sainte qui pourrait attirer près de 30 millions de personnes à Rome et au Vatican.
Rome n’est pas la seule ville italienne confrontée à ce défi. Venise, autre site emblématique, a déjà testé un système de billets payants pour les visiteurs à la journée lors des périodes d’affluence, une mesure destinée à canaliser les flux touristiques. Parallèlement, le gouvernement de Giorgia Meloni réfléchit à une hausse significative de la taxe de séjour, une proposition qui suscite la colère des professionnels du secteur touristique, craignant une baisse de la fréquentation.
Outre la gestion des flux, les autorités romaines veulent également préserver le centre historique de la capitale en limitant l’ouverture de nouvelles structures d’hébergement touristique. Toutefois, ce pouvoir échappe pour l’instant à la municipalité. Si elle peut encadrer l’implantation de nouveaux restaurants et fast-foods dans cette zone, elle n’a pas la compétence pour réguler le développement des chambres d’hôtes ou des logements de vacances.
La volonté de Rome d’encadrer l’accès à ses trésors culturels illustre bien le dilemme auquel sont confrontées les grandes métropoles européennes : préserver leur patrimoine tout en accueillant un tourisme toujours plus florissant.
Europe
Ukraine : Zelensky appelle à plus d’armements alors que Moscou intensifie son offensive
Alors que la guerre en Ukraine s’enlise et que Moscou renforce ses frappes dans l’est du pays, Volodymyr Zelensky a lancé un appel pressant à ses alliés pour obtenir davantage d’armements. Le président ukrainien demande également l’autorisation d’utiliser ces armes sur le sol russe, une demande qui divise les puissances occidentales.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a réclamé vendredi un renforcement urgent des livraisons d’armes de la part de ses alliés, lors d’une réunion internationale à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne. Cet appel intervient à un moment critique, alors que la Russie intensifie ses frappes et continue de progresser dans la région du Donbass, à l’est du pays. Zelensky a particulièrement insisté sur la nécessité d’équipements militaires, notamment des systèmes de défense aérienne, pour protéger l’Ukraine des bombardements incessants de Moscou, dont le plus récent a dévasté un institut militaire à Poltava, causant au moins 55 morts.
Parallèlement à ces demandes, le dirigeant ukrainien a renouvelé sa requête controversée de pouvoir frapper des cibles non seulement en Ukraine, mais également en Russie, à l’aide des armes fournies par les Occidentaux. Cette requête divise les alliés de Kiev, dont les États-Unis et l’Allemagne, en raison des risques d’escalade avec Moscou, qui continue de brandir la menace nucléaire.
Dans ce contexte tendu, les États-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire de 250 millions de dollars pour l’Ukraine, dans l’espoir de répondre aux besoins urgents du pays. Londres et Berlin ont également réaffirmé leur soutien par l’envoi de nouveaux missiles et systèmes de défense aérienne, bien que la solidarité internationale commence à montrer des signes de fragilité. En effet, des débats internes agitent les gouvernements, notamment en Allemagne, où la montée de l’extrême droite pro-russe pose de nouveaux défis. La réduction prévue de l’aide à l’Ukraine dans le budget allemand de 2025, conjuguée aux incertitudes politiques aux États-Unis et en France, accentue les inquiétudes à Kiev.
Alors que la Russie poursuit son offensive et que Vladimir Poutine réaffirme son objectif de contrôler totalement le Donbass, la situation devient de plus en plus délicate pour l’Ukraine. L’effort de guerre semble s’enliser, et malgré le soutien occidental, l’avenir du conflit reste incertain.
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