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« Accepter n’importe quel emploi »: le désespoir des chômeurs américains de longue durée

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« Je n’ai jamais été dans une situation si difficile », soupire Eleanore Fernandez. Comme un chômeur américain sur trois, cela fait maintenant plus de six mois qu’elle a perdu son emploi, un chômage de longue durée qui devrait laisser des séquelles durables sur le marché du travail.

Cette mère d’une adolescente de 13 ans a perdu son emploi d’assistante de direction dès mars, au moment où la pandémie s’étendait aux Etats-Unis, d’abord en Californie où elle vit, puis dans le reste du pays. Son mari, musicien professionnel, s’est également retrouvé sans activité.

« Je pioche de plus en plus dans mes économies, mais je vais bientôt arriver au bout », s’inquiète-t-elle, alors qu’elle se retrouvera sans revenu fin décembre.

Le chômage est versé, selon les Etats, pendant trois à six mois, et trois mois supplémentaires sont accordés par le gouvernement fédéral depuis avril, face au Covid-19.

Ces aides prendront fin le 26 décembre, sauf si les élus du Congrès parviennent rapidement à se mettre d’accord pour les prolonger, sans attendre l’arrivée à la Maison Blanche du nouveau président Joe Biden, le 20 janvier, et de sa secrétaire au Trésor, Janet Yellen, une économiste progressiste spécialiste du chômage.

Il y a urgence, car des millions de personnes risquent de tomber dans la pauvreté, et perdre tout lien avec le monde du travail, avertissent des ONG. Beaucoup pourraient en effet devoir chercher « d’autres solutions, comme se tourner vers l’économie informelle », explique Michele Evermore, de l’organisation National Employment Law Project (NELP).

« N’importe quel emploi »

Les Etats-Unis comptaient en octobre près de 3,6 millions de personnes sans emploi depuis au moins six mois. Cela représente 1,2 million de personnes de plus qu’en septembre, « la plus forte hausse jamais enregistrée », souligne Michele Evermore.

Ce bond correspond aux personnes licenciées en mars et avril, lorsque le pays s’était immobilisé pour tenter de freiner l’avancée de la pandémie.

Les données de novembre du marché de l’emploi seront publiées vendredi, mais la hausse devrait être encore plus importante, selon cette spécialiste des questions sociales. Car les embauches sont loin d’être suffisamment nombreuses.

Les recherches d’emploi d’Eleanore Fernandez ont été vaines jusqu’à présent. Elle se dit désormais prête à « accepter n’importe quel emploi, ou aller livrer des courses ou autre, pour pouvoir payer les factures ».

C’est exactement la crainte des économistes: « les travailleurs sans emploi pendant une longue période peuvent perdre leur contact avec le marché du travail, perdre leurs compétences », avait ainsi relevé le président de la Banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, le 17 novembre lors d’une conversation virtuelle.

« Nous sommes préoccupés par les dommages à long terme sur la capacité de production de l’économie », avait-il ajouté.

Le marché du travail, avant la crise, approchait le plein emploi. Revenir à des niveaux comparables prendra des années.

Et même quand l’activité aura repris, l’économie sera différente. Les emplois du secteur des services seront moins nombreux, remplacés par ceux d’un secteur technologique qui monte en puissance. Il faudra former des millions de travailleurs, ce qui prendra du temps et sera coûteux.

Inégalités

Mais le plus grand risque lié au chômage de longue durée est le creusement des inégalités existantes, relève Michele Evermore, évoquant les Afro-Américains victimes du « syndrome du premier licencié, dernier embauché ».

Ainsi, la crise frappe alors que « certaines communautés ne se sont pas relevées de la récession précédente, comme à Flint ou Détroit », villes du Michigan (nord-est) qui avaient particulièrement souffert il y a dix ans.

Les images de familles expulsées de leur maison, sous la neige, meubles sur le trottoir, avaient marqué les esprits.

« Ce ne sont pas seulement les personnes qui sont au chômage qui sont touchées, mais c’est toute leur communauté parce qu’elles n’ont pas cet argent pour le dépenser dans les magasins locaux, qui finissent par fermer », souligne-t-elle.

C’est ce qu’observe autour de lui Nadra Enzi, un Afro-américain qui vit à La Nouvelle-Orléans (Louisiane). Il est au chômage depuis avril, comme de nombreuses personnes de son entourage, et évoque « plus de tentatives de suicide, (…) plus de violences domestiques, plus de consultations chez le psychologue ».

Il va plus loin, estimant que « la pandémie est aussi utilisée pour faire de la discrimination raciale », et assure avoir perdu son emploi de responsable de la sécurité à cause de sa couleur de peau.

« C’est tout un nouveau champ de droits civiques qui doit voir le jour », regrette-t-il.

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Europe

Les eurodéputés examinent une loi sur les violences faites aux femmes, une première

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Les eurodéputés examinent une loi sur les violences faites aux femmes, une première

Le Parlement européen se prononce sur une législation historique, mais des désaccords persistent quant à l’inclusion du viol dans la définition des violences de genre.

Le Parlement européen est sur le point de prendre une décision capitale en votant sur une loi visant à lutter contre les violences faites aux femmes au sein de l’Union européenne. Cette législation, première du genre, vise à criminaliser plusieurs formes de violences basées sur le genre, notamment les mutilations génitales féminines, le mariage forcé et le cyberharcèlement.

Le texte propose également d’améliorer l’accès à la justice et aux services de santé pour les victimes de ces violences, dans le but de garantir une protection adéquate à toutes les femmes de l’UE. Cependant, une question clé continue de diviser les États membres : la définition juridique du viol.

Le débat autour de cette question a été intense, certains pays soutenant fermement l’inclusion du viol dans la législation européenne, tandis que d’autres estiment que cette question relève de la compétence nationale. En conséquence, le texte soumis au vote ne comprend pas de définition commune du viol, ce qui a suscité des critiques et des inquiétudes quant à son efficacité.

Malgré ces désaccords persistants, les eurodéputés sont appelés à se prononcer sur cette législation cruciale, qui pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les violences faites aux femmes en Europe. L’issue du vote aura des répercussions importantes sur la protection des droits des femmes et sur la capacité de l’UE à harmoniser les législations nationales en matière de violence de genre.

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Israël lance à son tour une attaque contre l’Iran, provoquant des tensions régionales

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Israël lance à son tour une attaque contre l'Iran, provoquant des tensions régionales

Les explosions en Iran suscitent des inquiétudes mondiales et des appels à la retenue.

Israël a lancé une attaque contre l’Iran, déclenchant des explosions dans plusieurs régions du pays, selon des médias aux États-Unis citant des responsables américains. L’agence officielle iranienne Irna a rapporté qu’aucun dégât majeur n’avait été signalé après les événements survenus à l’aube.

Selon le New York Times, l’attaque aurait été menée par de petits drones, potentiellement lancés depuis le territoire iranien. Cette action vise à démontrer à l’Iran que Israël est capable de frapper à l’intérieur du pays, selon le Washington Post.

Les tensions entre les deux pays se sont intensifiées après les tirs de drones et de missiles contre Israël le week-end précédent. En réponse à ces attaques, Israël aurait lancé cette offensive contre l’Iran. Bien que les explosions aient été signalées, elles n’auraient pas visé les installations nucléaires, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) basée à Vienne.

Les médias américains rapportent que Israël aurait informé Washington de son attaque sur l’Iran. Cependant, le Pentagone n’a pas encore fait de commentaire à ce sujet. L’attaque survient alors que l’Iran a activé son système de défense aérienne au-dessus de plusieurs villes, selon les médias d’État iraniens. Ces événements coïncident également avec le 85e anniversaire du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.

La communauté internationale appelle à la retenue et à la désescalade. Plusieurs pays, dont l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Italie, ont exprimé leur préoccupation et ont appelé à un apaisement des tensions. Les États-Unis, qui n’ont pas été impliqués dans l’opération offensive, ont également exhorté à la retenue. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que les États-Unis surveillaient la situation de près.

En réponse à ces événements, l’Australie a appelé ses ressortissants à quitter Israël et les territoires palestiniens par crainte d’une régionalisation du conflit entre Israël et le Hamas.

Face à ces développements, la position de la France est axée sur la désescalade et la retenue au Moyen-Orient. Le ministre français délégué à l’Europe, Jean-Noël Barrot, a souligné l’importance de la prudence et a noté que le président Emmanuel Macron s’exprimera en temps voulu sur la situation.

Les appels à la désescalade se multiplient alors que la région reste sous haute tension, avec des préoccupations croissantes quant à une escalade potentielle des hostilités entre Israël et l’Iran.

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Europe

Ukraine: 11 morts dans une triple frappe russe sur une grande ville du nord

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Ukraine: 11 morts dans une triple frappe russe sur une grande ville du nord

Au moins 11 personnes tuées dans une triple frappe russe, l’Ukraine réclame un renforcement de ses défenses aériennes.

Une triple frappe russe a frappé la grande ville de Tcherniguiv dans le nord de l’Ukraine, faisant au moins 11 morts et 22 blessés, selon le ministre de l’Intérieur Igor Klimenko. Le président Volodymyr Zelensky a réagi en pointant du doigt le manque d’aide de l’Occident dans la défense du pays.

Le président Zelensky a déclaré que l’Ukraine manquait de défenses aériennes suffisantes pour empêcher de telles attaques. Il a déploré le fait que la Russie bombarde quotidiennement les villes ukrainiennes, utilisant des missiles et des drones explosifs, notamment pour cibler les infrastructures énergétiques du pays.

Face à une aide occidentale qui semble diminuer, l’Ukraine peine à intercepter ces attaques. Zelensky a exhorté ses partenaires internationaux à fournir davantage d’armements et de systèmes de défense aérienne pour renforcer la capacité de l’Ukraine à se protéger.

L’attaque sur Tcherniguiv survient dans un contexte où l’Ukraine tente de faire face à l’agression russe depuis plusieurs années. Fondée il y a plus de 1 000 ans, Tcherniguiv est une ville historique qui a été lourdement bombardée par l’armée russe depuis le début de l’offensive.

Dans un autre incident, des médias russes ont rapporté une attaque ukrainienne sur la base militaire de Djankoï en Crimée, avec des vidéos montrant des explosions impressionnantes au milieu de la nuit. Selon des sources, des missiles tactiques ATACMS fournis par les États-Unis à l’Ukraine pourraient avoir été utilisés lors de cette attaque.

Les pertes dans les rangs russes depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, il y a deux ans, sont estimées à environ 50 000 soldats, selon des médias russes et britanniques. Les autorités russes ne divulguent pas officiellement leurs pertes, tandis que Zelensky a reconnu en février la mort de 31 000 militaires ukrainiens.

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