Medinski, l’idéologue de Poutine aux avant-postes des négociations ukrainiennes

Figure clé du Kremlin, cet historien controversé incarne la ligne dure russe dans les pourparlers de paix.

Vladimir Medinski, conseiller présidentiel et ancien ministre de la Culture, dirige une nouvelle fois la délégation russe lors des discussions avec l’Ukraine à Istanbul. Ce proche de Vladimir Poutine, connu pour ses positions nationalistes, avait déjà participé aux premières négociations avortées en 2022. Alors que Kiev réclamait la présence personnelle du président russe, Moscou a opté pour une équipe de second plan, menée par cet idéologue fidèle.

Les précédentes tentatives de dialogue, organisées en Biélorussie puis en Turquie, s’étaient soldées par un échec. Les deux camps s’étaient alors renvoyé la responsabilité de l’impasse, tandis que le conflit s’enlisait, causant des milliers de victimes. Medinski affirme aujourd’hui vouloir relancer le processus là où il s’était interrompu, tout en évoquant de possibles concessions, sans toutefois les préciser.

Homme de l’ombre mais influent, ce quinquagénaire a construit sa carrière sur la promotion d’une vision glorifiée de l’histoire russe. Ses écrits, contestés par la communauté académique, nient l’identité ukrainienne et justifient l’expansionnisme moscovite. À la tête de la Société russe d’Histoire militaire, il a supervisé l’installation de monuments à la gloire de Staline et piloté des manuels scolaires présentant l’invasion de l’Ukraine comme une opération de « libération ».

Diplômé de la prestigieuse MGIMO, Medinski a d’abord fait fortune dans la publicité avant d’entrer en politique sous la bannière de Russie unie. Son passage au ministère de la Culture (2012-2020) a été marqué par un conservatisme assumé, défendant une « purification » des influences occidentales. Malgré les critiques sur le manque de rigueur de ses travaux universitaires, il reste un pilier de la propagande du régime, chargé de façonner le récit officiel sur la guerre.

Discret dans les médias, il resurgit aujourd’hui sur le devant de la scène diplomatique, porteur d’un message sans ambiguïté : pour Moscou, l’Ukraine demeure une terre russe. Une position qui laisse peu d’espoir de compromis dans les discussions en cours.