Une réforme controversée adoptée malgré les critiques, accusée de fragiliser les principes républicains.
Le Parlement a entériné un texte renforçant considérablement les conditions d’accès à la nationalité française à Mayotte. Cette mesure, soutenue par la droite et l’extrême droite, vise officiellement à réduire l’attractivité migratoire de l’archipel, mais suscite de vives oppositions, notamment à gauche, qui dénonce une remise en cause du droit du sol et une discrimination territoriale.
Le dispositif modifie une dérogation existante depuis 2018 : désormais, pour qu’un enfant né à Mayotte puisse obtenir la nationalité française, ses deux parents devront justifier d’une résidence légale d’au moins un an sur le territoire, contre trois mois auparavant. Seules les familles monoparentales bénéficient d’un assouplissement. Les défenseurs du texte, comme le député LR à l’origine de la proposition, y voient un outil nécessaire face à la pression migratoire comorienne, tout en reconnaissant son insuffisance pour résoudre les défis structurels de l’île.
La gauche et les écologistes dénoncent une manœuvre symbolique, voire un précédent dangereux. Certains y perçoivent une première étape vers une généralisation de ces restrictions à l’ensemble du territoire national, une revendication assumée par le Rassemblement National. Les critiques pointent aussi l’opportunisme du calendrier, le texte ayant été voté dans un contexte post-cyclonique où Mayotte, déjà fragilisée par la pauvreté et le manque d’infrastructures, peine à se reconstruire.
Le gouvernement, divisé sur le sujet, a évité de s’engager pleinement. Si certains ministres approuvent l’initiative, d’autres, comme la ministre de l’Éducation, expriment des réserves. Le débat dépasse désormais Mayotte : le texte relance les interrogations sur l’identité nationale et les critères d’accès à la citoyenneté, une réflexion que le pouvoir exécutif entend formaliser via une concertation plus large.
Entre urgence migratoire et principes républicains, la réforme cristallise les tensions politiques, tandis que les associations annoncent déjà un recours devant le Conseil constitutionnel. L’archipel, lui, reste pris en étau entre une crise humanitaire persistante et des mesures perçues comme autant de rustines inefficaces.