La justice française frappe fort en ordonnant coup sur coup la suspension de deux centrales éoliennes, jugées responsables de la mortalité d’oiseaux protégés. Un signal fort pour concilier transition énergétique et biodiversité.
Pour la deuxième fois en trois jours, un tribunal a décidé d’interrompre l’exploitation d’un parc éolien en raison de son impact sur des espèces aviaires protégées. Après Aumelas dans l’Hérault, c’est au tour du site de Bernagues, situé dans le même département, d’être mis à l’arrêt pour une durée d’un an. Les juges ont sanctionné l’exploitant, Energie Renouvelable du Languedoc (ERL), d’une amende de 200 000 euros, dont la moitié avec sursis, tandis que son dirigeant écope de 40 000 euros.
L’affaire remonte à janvier 2023, lorsqu’un aigle royal équipé d’un dispositif de suivi GPS a percuté une pale d’éolienne. L’enquête a révélé un dysfonctionnement du système de détection des oiseaux, conduisant à cette collision mortelle. L’animal, membre d’un couple nicheur installé depuis 2008 à proximité, a été retrouvé six jours plus tard au pied de l’installation.
Outre les sanctions pécuniaires, le tribunal a accordé des dommages et intérêts aux associations environnementales engagées dans le dossier, reconnaissant ainsi un préjudice écologique. Les magistrats ont également ordonné l’exécution immédiate de la suspension pour éviter de nouveaux accidents. Une décision saluée par les défenseurs de la nature, qui y voient un précédent pour encadrer strictement l’implantation des éoliennes dans des zones sensibles.
Cette affaire relance le débat sur l’équilibre entre développement des énergies renouvelables et protection de la biodiversité. Si les éoliennes sont un pilier de la transition énergétique, leur installation ne peut se faire au détriment des espèces protégées. Les récentes condamnations rappellent aux opérateurs l’obligation de respecter scrupuleusement les réglementations environnementales.
Parallèlement, un autre contentieux pèse sur le parc de Bernagues : la cour d’appel de Nîmes a exigé sa démolition en décembre 2023 pour vice de permis de construire. L’exploitant a saisi la Cour de cassation, dont la décision est attendue dans les prochaines semaines. Une issue qui pourrait marquer un tournant dans la gestion des conflits entre énergie verte et préservation des écosystèmes.