Le Premier ministre, fragilisé par les tensions internes et les désaccords sur la réforme des retraites, voit son alliance avec les socialistes vaciller. Une situation qui menace sa survie à Matignon.
François Bayrou, arrivé à Matignon en promettant une « démocratie sociale » renouvelée, se retrouve aujourd’hui dans une position délicate. Son projet de réforme des retraites, censé être discuté « sans tabou » avec les partenaires sociaux, a provoqué une série de tensions. En insistant sur un retour à l’équilibre financier et en excluant toute possibilité de retraite à 62 ans, le Premier ministre a suscité le mécontentement des syndicats et des partis de gauche. La CFDT, bien que restant à la table des négociations, a clairement exprimé son désaccord, estimant que Bayrou a « rompu le contrat » initial.
Du côté des socialistes, l’irritation est palpable. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a averti que si les socialistes avaient accepté de ne pas censurer le budget, cela ne signifiait pas qu’ils soutiendraient indéfiniment le gouvernement. « Nous n’avons pas sanctuarisé la place de François Bayrou », a-t-il déclaré, laissant planer la menace d’une motion de censure. Les écologistes, quant à eux, réclament l’abrogation pure et simple de la réforme, accusant le Premier ministre d’avoir « baladé les Français » et les partenaires sociaux.
Les critiques ne se limitent pas à la gauche. Au sein même de la majorité, des voix dissonantes se font entendre. Les ministres Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, figures de la droite, ont multiplié les prises de position tranchées sur des sujets sensibles comme l’immigration ou le voile islamique, provoquant des tensions internes. Bayrou a dû rappeler ses troupes à l’ordre, les invitant à faire preuve de « solidarité ». Mais ces divisions illustrent les difficultés du Premier ministre à maintenir une cohésion gouvernementale.
Un récent sondage Elabe pour BFMTV révèle que 50 % des Français souhaitent désormais une motion de censure contre le gouvernement sur la question des retraites, une hausse de neuf points depuis janvier. Cette montée de l’opposition populaire s’ajoute aux critiques politiques, fragilisant encore un peu plus la position de Bayrou.
Sans le soutien des socialistes, le Premier ministre risque de se retrouver à la merci du Rassemblement national, comme ce fut le cas pour son prédécesseur Michel Barnier. Certains observateurs estiment cependant que les socialistes, bien que mécontents, hésiteront à franchir le pas de la censure, notamment en raison du contexte géopolitique tendu. Pour l’heure, François Bayrou semble jouer la carte de la fermeté, espérant incarner à lui seul une solution aux défis du pays. Mais cette stratégie, si elle peut rassurer une partie de la droite, pourrait bien précipiter sa chute si les socialistes décident de passer à l’action.