Entre Yves Marchand et Gabriel Blasco, le ton monte autour de l’Algérie

Accusé de racisme par le Conseil départemental, Yves Marchand persiste et signe. Dans une série de tribunes au ton polémique, l’ancien maire de Sète ravive les tensions autour des relations franco-algériennes et divise profondément la classe politique locale.

La réplique a été aussi immédiate que ferme. Quelques jours après la publication sur sa page Facebook d’un texte intitulé Remèdes, dans lequel il évoque « une cinquième colonne » et « un ennemi de l’intérieur capable de soulever des quartiers », l’ancien maire de Sète Yves Marchand s’est vu publiquement dénoncé par Gabriel Blasco, conseiller départemental de l’Hérault. Ce dernier a saisi le procureur de la République de Montpellier, dénonçant des propos qu’il juge « d’une extrême gravité » et « inadmissibles en République ».

Dans son texte initial, Yves Marchand dresse un portrait alarmiste des relations entre la France et l’Algérie, qu’il distingue des rapports entre États traditionnels. Selon lui, le régime algérien reposerait sur « les sentiments et le ressentiment », et userait d’un pouvoir autoritaire susceptible de mettre en danger les Français présents sur place. Il appelle à une « fermeté » face aux « violations réitérées des traités » et à une vigilance renforcée contre un ennemi qu’il désigne, non pas à l’extérieur, mais « à l’intérieur ». C’est ce glissement sémantique qui a déclenché l’ire de ses détracteurs.

« Yves Marchand ose désigner les Algériens comme des ennemis de la Nation », a dénoncé Gabriel Blasco dans un communiqué. « Ce type de discours ne tombe pas du ciel : il prospère dans un climat de racisme débridé, où la droite sétoise semble avoir définitivement rompu avec le cordon sanitaire face à l’extrême droite. » Le conseiller accuse une frange de la droite locale de laisser émerger, sans rupture claire, des idées qu’il considère comme nauséabondes, citant notamment une interview de 2024 dans laquelle Jocelyne Gizardin qualifiait de « charmant » le député RN Aurélien Lopez-Liguori.

Face à ces accusations, Yves Marchand a répondu par une nouvelle tribune, titrée La Purge. Il y maintient ses propos et affirme ne pas viser les Algériens en tant que peuple, mais le régime en place. « Pris à partie pour avoir fait le procès du gouvernement algérien – et pas des Algériens – par un certain Gabriel Blasco que je ne connaissais jusque-là ni des lèvres ni des dents, j’ai relu mon billet du 22 avril. Je n’y ai rien trouvé qui me fasse passer pour l’abominable raciste d’extrême droite qu’il dépeint », écrit-il.

L’ancien maire ironise sur les accusations de proximité avec l’extrême droite, affirmant qu’elle « risque en revanche de s’estimer blessée par l’assimilation hâtive » dont il ferait l’objet. Il poursuit en visant personnellement Gabriel Blasco, qu’il décrit comme un militant communiste promu par le jeu de la parité, et l’associe à la « cinquième colonne » évoquée dans sa première tribune. « Qui se sent morveux, qu’il se mouche », lance-t-il.

Le ton est acerbe et la fracture politique béante. Cette nouvelle passe d’armes intervient dans un climat déjà alourdi par la récente controverse déclenchée par Corinne Azaïs et son « Starter Pack » ciblant les Algériens [lire ici]. Une fois encore, l’Algérie cristallise les tensions. D’un côté, les partisans d’une parole décomplexée, invoquant la fermeté face à un régime autoritaire. De l’autre, des élus et militants qui dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une stigmatisation récurrente d’une partie de la population française.

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