Derrière les plateaux de tournage, des récits glaçants de femmes victimes d’un système qui instrumentalise leurs corps. Un ouvrage collectif révèle leur combat pour se reconstruire.
Un livre poignant, intitulé *Sous nos regards, récits de la violence pornographique*, met en lumière les témoignages déchirants de femmes ayant subi des sévices au sein de l’industrie du X en France. Ces plaignantes, engagées dans des procès retentissants comme ceux de *French Bukkake* et *Jacquie et Michel*, décrivent des parcours marqués par l’humiliation et la souffrance, mais aussi par une résilience farouche.
Les enquêtes judiciaires en cours concernent des accusations de viols en réunion et de trafic d’êtres humains, impliquant plusieurs hommes présumés innocents. Face à ces affaires, des dizaines de femmes ont choisi de briser le silence. Leur récits, recueillis par quinze autrices, dévoilent l’envers d’un milieu où la jouissance se confond trop souvent avec la domination et la déshumanisation. Les bénéfices de l’ouvrage, publié aux éditions du Seuil, seront intégralement reversés à la Fondation des femmes.
Parmi ces témoignages, celui de Loubna, dont le pseudonyme protège l’identité, illustre l’horreur vécue. Sous emprise, elle se retrouve piégée dans un tournage où son corps devient un objet de violence. Malgré ses cris et ses supplications, les sévices se prolongent pendant des heures. Plus tard, elle découvre avec effroi que les réalisateurs ont utilisé le prénom de sa fille pour baptiser la vidéo. Une cruauté supplémentaire dans un calvaire déjà insoutenable.
D’autres, comme Pauline, tentent de se reconstruire malgré les séquelles psychologiques. Après une tentative de suicide, elle trouve aujourd’hui la force de partager son histoire, refusant d’être réduite à son statut de victime. « Pourquoi n’aurions-nous pas le droit d’aller bien ? », interroge-t-elle, lors d’une lecture publique qui a ému l’assistance.
L’ouvrage aborde également l’impact dévastateur de la diffusion massive de ces images, transformant ces femmes en proies d’un harcèlement incessant. L’une d’elles confie avoir déménagé dix-huit fois en douze ans pour échapper à cette persécution.
En filigrane, le livre soulève une question essentielle : celle du consentement, trop souvent nié ou manipulé dans cette industrie. Certaines plaignantes racontent avoir été contraintes sous la menace, tandis que d’autres ont vu leurs refus ignorés.
Mais au-delà des traumatismes, l’ouvrage célèbre aussi la résistance de ces femmes. Comme en témoigne le choix de M., qui a finalement refusé que son histoire soit racontée. Un « non » respecté, symbole d’une reconquête de leur libre arbitre.
À travers ces voix, *Sous nos regards* ne dénonce pas seulement un système, il rend hommage à celles qui osent se dresser contre lui.