François Bayrou recourt au 49.3 pour imposer le budget, risquant une motion de censure.
François Bayrou, Premier ministre, a décidé de recourir à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire passer le budget 2025, une manœuvre qui pourrait entraîner sa chute lors d’un vote de censure mercredi. Cette stratégie, qui engage la responsabilité du gouvernement, soulève des tensions politiques et divise l’opposition.
La situation politique actuelle est marquée par une instabilité gouvernementale, suite à la chute du gouvernement précédent. L’examen du budget, issu d’une commission mixte paritaire, a été largement rejeté par les députés d’opposition, forçant le Premier ministre à utiliser un moyen constitutionnel pour éviter un blocage parlementaire. Ce recours au 49.3, prévu pour lundi, pourrait se répéter pour la première partie du budget de la Sécurité sociale, illustrant la tension et l’urgence autour de l’adoption budgétaire.
Le gouvernement, conscient de l’impasse parlementaire, justifie cette décision par la nécessité de doter le pays d’un cadre financier stable. Bayrou a souligné dans une interview à La Tribune Dimanche que la France ne peut se permettre de fonctionner sans budget, justifiant ainsi l’engagement de la responsabilité gouvernementale. Cette démarche, bien que légale, soulève des questions sur la légitimité et la stabilité de l’exécutif, surtout dans un contexte où la majorité est fragile.
Les réactions au sein des partis d’opposition sont variées et complexes. La France insoumise a clairement annoncé son intention de déposer une motion de censure, espérant rallier les communistes et les écologistes. Cependant, l’issue de cette motion dépendra des positions du Parti socialiste (PS) et du Rassemblement national (RN). Le PS, en particulier, est en plein débat interne, oscillant entre la nécessité de soutenir un budget pour le bien du pays et la volonté de rester fidèle à ses principes et à ses électeurs. Boris Vallaud, président du groupe PS, a indiqué que la décision n’était pas encore prise, reflétant les divisions internes.
Le RN, de son côté, attend les directives de ses leaders, Marine Le Pen et Jordan Bardella, pour décider de sa position. Ce parti, moins impliqué dans les négociations avec le gouvernement, pourrait jouer un rôle décisif dans la survie ou la chute de Bayrou. Les discussions au sein du RN, bien que moins publiques, sont cruciales pour l’avenir politique immédiat.
Cette situation met en lumière non seulement les défis budgétaires mais aussi les dynamiques politiques complexes en France. Le recours au 49.3 par Bayrou, bien que pragmatique face à l’absence de majorité, risque de polariser davantage le paysage politique, mettant à l’épreuve les alliances et les stratégies des partis d’opposition. La décision finale du PS et du RN sera déterminante pour le sort du gouvernement et pour la stabilité politique du pays dans les prochains mois.