L’édile écologiste a été interrogé pendant plus de dix heures dans une enquête pour détournement de fonds publics, défendant farouchement le recrutement controversé de collaborateurs municipaux.
Placé en garde à vue mercredi dans le cadre d’une enquête judiciaire pour détournement de deniers publics, le maire de Lyon Grégory Doucet a fermement défendu l’emploi de chargés de mission par la municipalité. Selon lui, ces postes relèvent strictement de l’administration et non de fonctions politiques, contrairement aux conclusions de la Chambre régionale des comptes (CRC).
Convoqué tôt le matin à l’hôtel de police, l’élu écologiste a été entendu pendant une dizaine d’heures avant d’être remis en liberté en fin de journée. Les investigations se poursuivent sous la supervision des juges d’instruction, a précisé le parquet. L’enquête, ouverte début 2024, fait suite à un signalement de la CRC concernant le dépassement du quota légal de collaborateurs politiques, fixé à douze personnes maximum.
Dans un rapport publié en septembre, la CRC a estimé que la Ville de Lyon employait illégalement une vingtaine de chargés de mission supplémentaires depuis 2016, pour une masse salariale avoisinant 1,4 million d’euros en 2022. Ces agents, souvent recrutés sans concours ni publicité, exerçaient selon la chambre des missions clairement politiques, en violation des règles encadrant les cabinets municipaux.
À sa sortie du commissariat, Grégory Doucet a martelé que ces emplois étaient « indispensables au fonctionnement de la collectivité », assurant qu’ils relevaient du service public et non du clientélisme. « Ce sont des postes administratifs légitimes, occupés par des professionnels au service des Lyonnais », a-t-il insisté. L’édile a également salué l’opportunité d’avoir pu exposer longuement sa version des faits, malgré la fatigue liée à cet interrogatoire.
L’affaire concerne également les mandats précédents, notamment ceux de Gérard Collomb et de son ancien adjoint Georges Képénékian, ce dernier ayant également été entendu récemment par les enquêteurs. Ce dernier affirme n’avoir jamais dépassé le plafond autorisé durant son intérim à la mairie.
En réaction au rapport de la CRC, la Ville a supprimé 24 postes de chargés de mission tout en contestant l’interprétation juridique de la chambre. La municipalité maintient que ces collaborateurs étaient essentiels pour coordonner les politiques publiques, une position qui pourrait être au cœur des débats judiciaires à venir.