Nous rejoindre sur les réseaux

Culture

À Avranches, le casse-tête des rénovations énergétiques dans un écrin historique

Article

le

Entre préservation du patrimoine et transition écologique, les propriétaires de ce bourg normand naviguent entre contraintes esthétiques et surcoûts.

Dans les rues d’Avranches, où les façades en granit et les toits d’ardoise dessinent un paysage soigné, chaque projet de rénovation thermique se transforme en parcours du combattant. Située à quelques kilomètres du Mont-Saint-Michel, cette commune de la Manche doit concilier modernisation énergétique et respect strict des règles patrimoniales, sous le contrôle des Architectes des Bâtiments de France (ABF).

Pour Aline Duguet, propriétaire d’un immeuble du XIXe siècle, les exigences des ABF ont alourdi la facture : enduit à la chaux obligatoire, bardage bois et toiture en zinc ont grevé son budget de plusieurs milliers d’euros. Un surcoût fréquent dans les zones protégées, où chaque détail architectural doit s’accorder avec l’histoire des lieux.

À quelques pas de là, Claude Nouet a pu rénover un ancien commerce grâce à une aide municipale. Isolation renforcée, chauffage modernisé… le bâtiment devrait passer d’un diagnostic G à B. Mais là encore, la façade a dû conserver son apparence d’origine, malgré la transformation intérieure. Ces contraintes, qui concernent un tiers des logements en France, compliquent souvent l’accès aux aides publiques, car les matériaux traditionnels ne sont pas toujours compatibles avec les calculs de performance énergétique.

Si la mairie d’Avranches tente d’assouplir certaines règles – en acceptant par exemple des menuiseries en aluminium sous conditions –, les ABF restent intransigeants sur l’esthétique. Panneaux solaires, isolation extérieure ou volets modernes sont souvent refusés pour éviter les « dissonances » visuelles. Résultat : des projets bloqués, des coûts explosifs et des propriétaires découragés.

Pour faciliter les démarches, la commune a mis en place un guide des travaux et des permanences mensuelles avec les ABF. Une initiative saluée, mais qui ne résout pas tout. Car derrière ces enjeux locaux se cache une question nationale : comment concilier urgence climatique et protection du patrimoine sans sacrifier l’une ou l’autre ?

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus