Europe
Ukraine : Moscou rassemble ses troupes, la bataille pour Kiev se profile à l’horizon
Des photos satellites montrent mardi un convoi russe s’étirant sur des dizaines de kilomètres et progressant lentement vers la capitale ukrainienne: selon l’état-major ukrainien, Moscou regroupe ses forces en vue d’un assaut sur Kiev et d’autres grandes villes tandis que les mesures de rétorsion internationales contre la Russie continuaient de s’accumuler.
« Certains véhicules sont parfois très distants les uns des autres et, sur d’autres portions, les équipements militaires sont positionnés à deux ou trois de front », a indiqué dans la nuit de lundi à mardi la société américaine d’imagerie satellitaire Maxar, après la diffusion de plusieurs photos prises plus tôt depuis l’espace.
Le convoi « s’étend des abords de l’aéroport Antonov (à environ 25 km du centre de Kiev) au sud aux alentours de Prybirsk » au nord, a-t-elle ajouté.
Cet aéroport est, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, le théâtre de violents affrontements, l’armée de Vladimir Poutine tentant de s’emparer de cette infrastructure stratégique pour la prise de la capitale.
L’état-major de l’armée ukrainienne a affirmé mardi que les forces russes s’étaient regroupées au cours des dernières 24 heures, rassemblant des véhicules blindés et des armes d’artillerie « avant tout pour encercler et prendre le contrôle de Kiev et les autres grandes villes de l’Ukraine ».
Selon deux sources interrogées lundi, l’une diplomatique et l’autre sécuritaire, Moscou s’apprête à lancer de manière imminente une nouvelle poussée militaire.
La principale colonne russe avançant vers Kiev « a progressé d’environ cinq kilomètres » lundi, a estimé un haut responsable de la défense américaine, la localisant à 25 km de Kiev.
Villes encerclées
Les défenseurs de la capitale, sous couvre-feu tout le weekend, ont érigé des barricades de fortune et ont reprogrammé des panneaux électroniques publics pour prévenir les Russes qu’ils seraient accueillis « par des balles ».
Si les troupes russes paraissent se mettre en ordre de bataille pour tenter de nouveau de capturer Kiev, elles ne délaissent pas pour autant les autres grandes villes ukrainiennes.
Selon Igor Kolykhaïev, maire de Kherson (sud), l’armée russe a installé des postes de contrôle à toutes les entrées de sa ville. Mais, a-t-il assuré, « Kherson reste ukrainienne » et « va pouvoir résister ».
Situation similaire à Kharkiv (nord-est) –où des tirs russes ont fait plusieurs morts parmi les civils, dont des enfants: le maire de la deuxième ville ukrainienne Igor Terekhov, cité par des médias ukrainiens, a raconté que des véhicules blindés et des chars russes étaient « partout près de la ville ».
Selon la mission spéciale de l’OSCE, de multiples explosions ont retenti lundi dans et près de ces deux villes. Des immeubles résidentiels de plusieurs villes ont été ciblés faisant des blessés, d’après l’agence de presse Interfax-Ukraine.
Au total, les forces russes ont lancé 113 missiles tactiques depuis le début de l’invasion, a précisé lundi soir Valéri Zaloujny, chef des armées ukrainiennes.
Face au présage de combats d’ampleur pour le contrôle de Kiev, le président Volodymyr Zelensky a appelé la communauté internationale à « considérer une fermeture totale du ciel pour les missiles, avions et hélicoptères russes ».
« Ce mal, armé de missiles, de bombes et d’artillerie, doit être stoppé immédiatement. Et détruit économiquement, pour montrer que l’humanité est capable de se défendre », a-t-il souligné mardi dans une vidéo publiée sur Facebook, appelant également à interdire la Russie de « tous les ports » et « aéroports du monde ».
Pénalités tous azimuts
La communauté internationale multiplie les mesures de représailles envers la Russie, visant ses dirigeants jusqu’au sommet –dont Vladimir Poutine– ainsi que le monde des affaires, du sport, de la culture, etc. et assénant des coups de boutoir à son économie.
Et les Européens et leurs alliés sont prêts à prendre des sanctions supplémentaires, a fait savoir Paris, après une visioconférence entre dirigeants français, américain, britannique, canadien, allemand, italien, japonais, polonais et roumain, ainsi que des représentants de l’UE et de l’Otan.
De son côté, la Russie a émis ses conditions pour terminer cette guerre lors d’un échange lundi avec son homologue français Emmanuel Macron, le président en exercice de l’Union européenne: reconnaissance de la Crimée en tant que territoire russe, démilitarisation et « dénazification » de l’Ukraine.
Des délégations russe et ukrainienne se sont rencontrées lundi pour la première fois, au Bélarus. Elles sont reparties pour des « consultations dans leurs capitales » respectives, après avoir convenu vouloir une seconde session de pourparlers.
La présidence ukrainienne avait souligné en amont qu’elle réclamerait « un cessez-le-feu immédiat et le retrait des troupes (russes) du territoire ukrainien ».
M. Zelensky a souligné mardi que ces pourparlers avaient eu « lieu sur fond de bombardements et de tirs visant notre territoire (…). La synchronisation des tirs avec le processus de négociations était évidente ».
Selon lui, l’Ukraine « n’a pas eu de résultat qu’elle aimerait avoir » à l’issue du premier round de discussion mais elle a évoqué ses « contre-propositions (…) pour mettre fin à la guerre ».
Invasion « insensée »
« Les combats en Ukraine doivent cesser », a martelé Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies. « Trop c’est trop. Les soldats doivent retourner dans leurs casernes ».
La Russie a subi lundi un déluge de condamnations à l’ONU lors d’une rare « session extraordinaire d’urgence » de l’Assemblée générale des 193 membres, dont plusieurs ont réclamé l’arrêt de l’invasion de l’Ukraine, jugée « insensée ».
Vladimir Poutine avait franchi dimanche un nouveau cap dans la menace d’élargir le conflit, dont beaucoup redoutent qu’il ne devienne le plus grave en Europe depuis 1945, en mettant en « état spécial d’alerte » les forces nucléaires de la Russie, qui dispose du plus grand nombre d’ogives nucléaires, face aux « déclarations belliqueuses de l’Otan » et aux sanctions « illégitimes » contre son pays.
Les Etats-Unis ont toutefois affirmé lundi n’avoir détecté aucun changement « concret » dans la posture nucléaire russe.
Le conflit a jeté sur les routes des flots d’Ukrainiens, dont plus de 500.000 ont fui vers les pays voisins, a déclaré lundi le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés. L’UE s’attend à plus de sept millions de personnes déplacées.
Le bilan humain reste incertain.
L’ONU a parlé lundi de 102 civils tués et de 304 blessés mais les chiffres réels sont « considérablement » plus élevés.
L’Ukraine a fait état lundi de 352 civils tués et 2.040 blessés depuis jeudi et affirmé que des milliers de soldats russes avaient péri.
Les Russes n’ont fourni aucun chiffre.
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Culture
Insolite : Des retraitées s’invitent sur le podium de la Fashion week de Vienne
À la Fashion week de Vienne, des mannequins de 60 à plus de 80 ans ont défilé, brisant les stéréotypes liés à l’âge. Une initiative inédite en Autriche, portée par la créativité et la volonté d’inclusion.
Brigitte Hrdlicka, 63 ans, résume parfaitement l’esprit de cette révolution discrète dans le monde de la mode : « C’est fini, les mamies assises à ne rien faire ». Alors qu’elle met la dernière main à sa création avant le défilé, elle incarne, avec neuf autres retraitées, un changement de regard sur l’âge et la vieillesse. Ces femmes, âgées de 60 à plus de 80 ans, ont défilé sur le podium de la Fashion week de Vienne, dans une célébration de la diversité et de l’inclusion.
Ce projet inédit en Autriche est le fruit de plusieurs mois de travail, où les participantes ont conçu et réalisé leurs tenues à partir de matériaux de récupération. Loin d’être des novices, elles ont été guidées par Irina Reichel, animatrice d’ateliers de couture pour retraités. En voyant ces mannequins d’un jour défiler avec assurance et élégance, le message est clair : l’âge n’est plus une limite, et la mode devient un outil pour déconstruire les préjugés.
Le spectacle, loin d’être une simple performance, revendique une prise de position contre l’âgisme et met en avant une joie de vivre palpable. Sur le podium, chaque femme rayonne, reflétant une pluralité de styles : du léopard audacieux aux robes de mariée colorées, il y en a pour tous les goûts. Ce défilé ne fait pas seulement écho à une tendance globale d’ouverture à la diversité dans la mode, mais il s’impose comme un événement symbolique. Si les icônes comme Naomi Campbell ou Claudia Schiffer ont déjà démontré qu’il est possible de célébrer la beauté à tous les âges, ces femmes viennoises montrent que l’élégance et la modernité n’ont pas d’âge non plus.
Les jeunes spectatrices, admiratives, s’imaginent déjà suivre leur exemple à un âge avancé, tandis que les retraitées comme Verena Heger, 60 ans, applaudissent l’initiative. « Ce n’est pas parce qu’on a plus de 60 ans qu’on fait des choses ringardes ! », s’exclame-t-elle, résumant la fierté et la modernité de cette nouvelle génération de femmes âgées qui refusent d’être invisibles.
Avec son ambiance festive, son tapis rouge et ses créations uniques, ce défilé aura marqué les esprits, prouvant que la mode est un terrain où chacun peut trouver sa place, peu importe son âge.
Europe
Victoire historique de la justice européenne contre Apple et Google
La Cour de justice de l’Union européenne a tranché en faveur de la Commission européenne dans deux affaires majeures impliquant Apple et Google, infligeant des sanctions financières record et marquant un tournant dans la lutte contre les abus des géants de la tech.
Mardi, la justice européenne a confirmé deux décisions aux lourds enjeux financiers, donnant raison à la Commission européenne face à Apple et Google. La commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, s’est félicitée de cette issue, la qualifiant de « grande victoire pour les citoyens européens », soulignant son importance pour l’équité des règles économiques et la justice fiscale.
La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), dernière instance dans ces affaires, a ordonné à Apple de rembourser 13 milliards d’euros à l’Irlande, correspondant à des avantages fiscaux illégaux, assimilés à une aide d’État. En parallèle, Google a vu confirmée une amende de 2,4 milliards d’euros pour abus de position dominante, infligée pour avoir favorisé son service de comparaison de prix au détriment de ses concurrents.
L’affaire Apple remonte à 2016, lorsque la Commission européenne avait demandé à l’entreprise de rembourser les impôts non perçus par l’Irlande entre 2003 et 2014. Durant cette période, Apple a rapatrié la majorité de ses bénéfices européens en Irlande, bénéficiant d’un taux d’imposition presque nul, allant de 1 % à 0,005 %. En 2020, le Tribunal de l’UE avait annulé cette décision, infligeant un sérieux revers à Margrethe Vestager. Cependant, en novembre 2023, l’avocat général de la CJUE avait recommandé d’annuler ce jugement initial et de renvoyer l’affaire au tribunal. La Cour a finalement confirmé que l’Irlande avait accordé une aide illégale à Apple, scellant ainsi l’obligation de remboursement. Apple a réitéré son désaccord, affirmant que l’entreprise n’avait bénéficié d’aucun traitement fiscal particulier.
Dans l’autre dossier, la CJUE a confirmé la sanction de 2,4 milliards d’euros imposée à Google pour avoir abusé de sa position dominante en favorisant son comparateur Google Shopping dans les résultats de recherche, rendant ses concurrents quasiment invisibles pour les utilisateurs. Cette amende, imposée en 2017, est l’une des nombreuses sanctions financières infligées à Google pour des pratiques anticoncurrentielles, le total des amendes infligées au groupe dépassant les 8 milliards d’euros. Google a exprimé sa déception face à ce verdict, rappelant avoir déjà ajusté ses pratiques en 2017 pour répondre aux exigences européennes.
Ces décisions marquent un tournant dans la régulation des géants de la technologie, tant en Europe qu’aux États-Unis, où Google fait également face à plusieurs enquêtes et procès. Elles réaffirment la volonté de la Commission européenne de réguler les pratiques des entreprises multinationales pour garantir une concurrence équitable et une fiscalité juste au sein de l’Union.
Europe
Rome envisage de faire payer l’accès à la fontaine de Trevi
Face à l’afflux massif de visiteurs à la fontaine de Trevi, la municipalité de Rome étudie l’idée d’instaurer un accès payant pour les touristes. Cette mesure vise à protéger ce site emblématique tout en préservant l’expérience locale et culturelle des Romains.
La fontaine de Trevi, chef-d’œuvre baroque et symbole incontournable de la Ville éternelle, attire chaque année des millions de touristes. Afin de répondre au défi croissant du surtourisme, les autorités romaines envisagent de mettre en place un système de gestion plus strict de l’accès à ce lieu mythique. Alessandro Onorato, adjoint au tourisme à la mairie, a ainsi suggéré l’instauration d’horaires d’accès précis et de quotas de visiteurs pour mieux encadrer la foule et limiter les débordements.
Cette initiative, encore à l’étude, proposerait aux visiteurs de réserver des créneaux horaires, un dispositif permettant de contrôler non seulement le flux des touristes, mais aussi leurs comportements souvent inappropriés. L’un des objectifs principaux est d’éviter des scènes de désordre, telles que la consommation de nourriture sur les marches entourant la fontaine. Onorato a précisé que ce système de réservation ne serait pas une source de revenus pour la ville : les Romains auraient un accès gratuit, tandis que les touristes étrangers se verraient demander un modeste droit d’entrée d’un euro.
Toutefois, il n’y a encore aucune décision ferme. Un porte-parole de la municipalité a tempéré l’enthousiasme autour de ce projet en rappelant qu’il ne s’agit pour l’instant que d’une ébauche d’idée. Pourtant, le problème du tourisme de masse devient de plus en plus pressant, avec un nombre croissant de visiteurs dans la capitale italienne. Ce phénomène devrait s’intensifier à l’approche du Jubilé de 2025, une année sainte qui pourrait attirer près de 30 millions de personnes à Rome et au Vatican.
Rome n’est pas la seule ville italienne confrontée à ce défi. Venise, autre site emblématique, a déjà testé un système de billets payants pour les visiteurs à la journée lors des périodes d’affluence, une mesure destinée à canaliser les flux touristiques. Parallèlement, le gouvernement de Giorgia Meloni réfléchit à une hausse significative de la taxe de séjour, une proposition qui suscite la colère des professionnels du secteur touristique, craignant une baisse de la fréquentation.
Outre la gestion des flux, les autorités romaines veulent également préserver le centre historique de la capitale en limitant l’ouverture de nouvelles structures d’hébergement touristique. Toutefois, ce pouvoir échappe pour l’instant à la municipalité. Si elle peut encadrer l’implantation de nouveaux restaurants et fast-foods dans cette zone, elle n’a pas la compétence pour réguler le développement des chambres d’hôtes ou des logements de vacances.
La volonté de Rome d’encadrer l’accès à ses trésors culturels illustre bien le dilemme auquel sont confrontées les grandes métropoles européennes : préserver leur patrimoine tout en accueillant un tourisme toujours plus florissant.
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