Alors que les partenaires sociaux tentent de relancer les négociations sur les retraites, François Bayrou, Premier ministre, a fermement rejeté dimanche toute possibilité de revenir à un âge légal de départ à 62 ans. Une position qui risque de fragiliser les discussions en cours et de raviver les tensions politiques.
Dans une interview accordée à France Inter, François Bayrou a clairement écarté l’option d’un retour à 62 ans, affirmant que la question de l’âge légal n’était pas la seule piste à explorer. « La conférence sociale sait très bien quel est le rapport numérique. Je ne crois pas que la question paramétrique, c’est-à-dire celle de fixer un âge unique pour tous, soit la seule solution », a-t-il déclaré. Cette prise de position intervient alors que les partenaires sociaux, réunis depuis fin février, tentent de trouver un terrain d’entente sur une réforme des retraites qui divise toujours profondément.
Le Premier ministre a également pris ses distances avec les critiques formulées par son prédécesseur, Édouard Philippe, qui a qualifié le « conclave » des partenaires sociaux de « complètement hors-sol » et « déjà dépassé ». Bayrou a réaffirmé son attachement à la démocratie sociale, estimant que les partenaires sociaux avaient été trop souvent mis à l’écart dans le passé. « Édouard Philippe considère que la démocratie sociale est négligeable. Moi, je crois qu’on s’est trompé en les écartant », a-t-il souligné, en référence à la gestion des crises sociales sous le précédent gouvernement.
Cependant, cette fermeté de Bayrou sur l’âge de départ a suscité de vives réactions. Les syndicats, notamment la CGT et la CFDT, ont dénoncé une décision prématurée et un manque de respect envers les négociations en cours. Denis Gravouil, négociateur de la CGT, a qualifié la déclaration de « scandaleuse », tandis que Yvan Ricordeau, de la CFDT, l’a jugée « incompréhensible ». Du côté politique, Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, a dénoncé un « foutage de gueule », et Jérôme Guedj, député socialiste, a parlé de « mépris » envers les partenaires sociaux.
Parallèlement, le contexte international, marqué par l’élection de Donald Trump et les tensions géopolitiques, pèse sur les débats. Le président de la République a récemment appelé à de « nouveaux investissements » et à des « choix budgétaires » renforcés, ce qui laisse craindre une remise en cause du modèle social français. Pour Benjamin Haddad, ministre délégué à l’Europe, les propos de Bayrou reflètent une « vérité » nécessaire face à ces défis : « Le contexte géopolitique exige une réflexion sur le financement du réarmement, au niveau national comme européen », a-t-il déclaré.
Malgré ces tensions, la CGT a appelé à de nouvelles mobilisations les 8 et 20 mars pour exiger l’abrogation de la réforme de 2023. Les discussions se poursuivent, mais l’issue reste incertaine, d’autant que François Bayrou semble avoir déjà tranché sur un point clé : l’âge légal de départ à la retraite ne reviendra pas à 62 ans. Une position qui pourrait bien sceller le sort des négociations en cours.