L’organisation du Mondial de rugby en France a tourné au fiasco financier, selon un rapport accablant qui met en cause l’État et les instances dirigeantes.
La Cour des comptes vient de publier une analyse sévère sur la gestion du Mondial de rugby 2023, révélant des dysfonctionnements majeurs et des pertes financières considérables. Les manquements concernent aussi bien le comité d’organisation que la Fédération française de rugby (FFR) et les pouvoirs publics, accusés d’avoir failli à leur devoir de contrôle.
Alors que l’événement a rencontré un succès populaire et sportif incontestable, son bilan économique s’avère désastreux. La FFR subit une perte minimale de 19,2 millions d’euros, pouvant atteindre près de 29 millions selon les contentieux en cours. Un échec d’autant plus cuisant que World Rugby, la fédération internationale, a quant à elle enregistré des bénéfices records.
Les racines du problème remontent à la candidature française en 2017, marquée par des engagements financiers excessifs et une sous-estimation des coûts réels. L’État a accordé son soutien sans analyse approfondie de la viabilité du projet, tandis que la FFR a multiplié les dépenses risquées pour remporter l’organisation. Résultat : des budgets largement dépassés et des initiatives coûteuses, comme le programme Campus 2023, dont le coût a explosé.
La crise de gouvernance survenue en 2022, suite aux accusations de harcèlement contre l’ancien directeur général du comité d’organisation, a aggravé la situation. Les alertes n’ont été prises en compte que tardivement, laissant le champ libre à une gestion hasardeuse.
Face à ce constat, la Cour des comptes préconise une refonte des procédures pour les futures candidatures à de grands événements sportifs. Elle insiste sur la nécessité d’une expertise indépendante et d’une meilleure supervision des nominations au sein des comités d’organisation. Des leçons à tirer rapidement, alors que la France prépare déjà les Jeux olympiques d’hiver de 2030.
Dans leurs réponses respectives, les anciens responsables pointés du doigt se rejettent mutuellement la faute, chacun imputant les déficits à la gestion de leurs successeurs. La FFR, sous nouvelle direction depuis 2023, assure vouloir tourner la page tout en exigeant que les responsabilités soient clairement établies.
Une chose est sûre : ce rapport sonne comme un avertissement pour l’État et les organisateurs de manifestations sportives, appelés à plus de rigueur et de transparence.