Nous rejoindre sur les réseaux

Europe

Monde : la Russie lance une « opération militaire » en Ukraine

Article

le

la-russie-lance-une-« operation-militaire »-en-ukraine

La Russie a lancé jeudi à l’aube une invasion de l’Ukraine, avec frappes aériennes à travers le pays, notamment la capitale Kiev, et l’entrée de forces terrestres depuis le nord, l’est et le sud du pays, selon les gardes-frontières ukrainiens qui enregistrent de premières pertes.

L’offensive a suscité une tollé international auquel Moscou reste sourd.

Deux jours après avoir reconnu l’indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass, le président russe Vladimir Poutine, qui a affirmé vouloir les « défendre » contre une agression ukrainienne, a donné le signal des hostilités.

« J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale », a annoncé M. Poutine dans une déclaration surprise à la télévision avant 6H00 du matin (03H00 GMT). « Nous nous efforcerons d’arriver à une démilitarisation et une dénazification de l’Ukraine », a dit le maître du Kremlin, assis à un bureau en bois sombre.

« Nous n’avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens, nous ne comptons imposer rien par la force à personne », a-t-il assuré, appelant les militaires ukrainiens « à déposer les armes »

Il a répété ses accusations infondées d’un « génocide » orchestré par l’Ukraine dans les territoires sécessionnistes prorusses de l’est du pays, argué de l’appel à l’aide des séparatistes annoncé dans la nuit et de la politique agressive de l’Otan à l’égard de la Russie et dont l’Ukraine serait l’outil.

Peu après, une série d’explosions étaient entendues à Kiev, Kramatorsk, ville de l’est qui sert de quartier-général à l’armée ukrainienne, à Kharkiv (est), deuxième ville du pays, et à Odessa (sud), sur la mer Noire. Les sirènes d’alerte aérienne retentissaient toutes les 15 minutes à Lviv, la ville de l’ouest où les Etats-Unis et plusieurs autres pays ont déplacé leurs ambassades, et à Odessa.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky « a donné l’ordre qu’un maximum de pertes soient infligées à l’agresseur », a indiqué le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaloujni, assurant que les l’armée « contrait avec dignité » les attaques ennemies.

Les gardes-frontières ukrainiens ont indiqué que des forces terrestres avaient pénétré en territoire ukrainien depuis la Russie et le Bélarus, faisant état de trois morts dans leur rangs.

Dans le métro de Kiev, des dizaines d’habitants tentaient de se mettre à l’abri ou de quitter la ville, par train ou par route.

« J’ai été réveillée par le bruit des bombes, j’ai fait des sacs et je me suis enfuie », a indiqué Maria Kachkoska, 29 ans, accroupie, en état de choc, dans le métro.

Alors qu’il faisait encore nuit, le trafic était celui des heures de pointe. Des voitures remplies de familles filaient vers l’extérieur de la ville, l’ouest ou à la campagne, au plus loin de la frontière russe, située à 400 km.

« Je lui avais dit de partir »

A Chougouyev, près de Kharkiv, une femme et son fils pleuraient un homme tué par un missile, l’une des premières victimes de cette attaque. « Je lui avais dit de partir », répétait inlassablement le fils, à côté des restes d’une vieille voiture Lada et du cratère laissé par le projectile tombé entre deux immeubles de cinq étages.

L’armée russe a cependant assuré viser les sites militaires ukrainiens avec des « armes de haute précision ». Elle a affirmé avoir détruit des bases aériennes et la défense anti-aérienne ukrainienne, tandis que Kiev affirmait avoir abattu cinq avions et un hélicoptère russes.

L’ambassadeur de Russie à l’ONU, Vassily Nebenzia, a affirmé que son pays ciblait « la junte au pouvoir à Kiev ».

Dans une vidéo publiée sur Facebook, le président ukrainien a proclamé la loi martiale dans tout le pays. « Pas de panique », « nous allons vaincre », a-t-il affirmé.

L’Ukraine a annoncé la fermeture de son espace aérien pour l’aviation civile. Les vols ont été annulés depuis les aéroports des grandes villes du sud de la Russie, à proximité de l’Ukraine, et la Russie a fermé à la navigation la mer d’Azov, qui baigne l’Ukraine et la Russie.

L’attaque russe, après des mois de tensions et d’efforts diplomatiques pour éviter une guerre, a déclenché un torrent de condamnations internationales.

« Président Poutine, au nom de l’humanité, ramenez vos troupes en Russie! », a lancé le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, visiblement éprouvé, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.

Le président américain Joe Biden a dénoncé une « attaque injustifiée » qui provoquera « des souffrances et pertes de vies humaines ». « Le monde exigera des comptes à la Russie », a-t-il promis. Il s’est également entretenu tôt jeudi avec le président ukrainien, lui promettant son soutien.

Le président français Emmanuel Macron, président en exercice du Conseil de l’Union européenne, a appelé les Européens à l »unité » et convoqué un conseil de sécurité à l’Elysée.

« Les dirigeants russes devront faire face à un isolement sans précédent », a prévenu Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE.

Les Vingt-Sept, qui se retrouvent en sommet exceptionnel jeudi soir à Bruxelles,  préparent un nouveau train de sanctions qui est le « plus sévère jamais mis en œuvre », a-t-il ajouté.

« Attaque téméraire »

Le chef de l’Otan Jens Stoltenberg a condamné une « attaque téméraire et non provoquée » par la Russie.

Une réunion d’urgence des ambassadeurs de l’Alliance Atlantique a été décidée.

La Chine, aux relations étroites avec Moscou, a indiqué suivre « de près » la situation » et appelé à « la retenue de toutes les parties ».

Beaucoup redoutent que la crise en Ukraine ne mène au plus grave conflit en Europe depuis 1945. Une intervention russe pourrait se traduire par « jusqu’à cinq millions de personnes supplémentaires déplacées », avait averti l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.

Washington et ses alliés occidentaux avaient pris mardi de premières sanctions en réaction à la reconnaissance des séparatistes du Donbass soutenus par Moscou, que Kiev combat depuis huit ans, un conflit qui a déjà fait plus de 14.000 morts à ce jour.

– Le pétrole s’envole –

Les marchés mondiaux ont immédiatement accusé le coup. Peu après le discours de Poutine, le pétrole dépassait les 100 dollars le baril, pour la première fois en plus de sept ans, et la Bourse de Hong Kong dévissait de plus de 3%.

Après une interruption, la bourse de Moscou a rouvert en chute de près de 14%.

Les Etats-Unis devaient déposer jeudi un projet de résolution sur la table du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la Russie pour sa « guerre » en Ukraine

Télécharger l’application Le Singulier > IOS (iPhone) > Android (Samsung)

1 Commentaire

1 Commentaire

  1. Julie Péréa

    24 février 2022 at 12 h 17 min

    Je ne dirais pas que c’est une « attaque téméraire et non provoquée », mais des attaques préventives pour protéger les républiques autonomes du Donbass et de Lougansk et une future extension de l’OTAN en Ukraine. La Russie n’a cessé de demander l’arrêt de l’extension de l’OTAN à l’est après la promesse qui a été faite en 1991, qu’a rappelé Roland Dumas dans une interview à Berruyer. L’Ukraine a fait l’objet depuis 2011 d’une renazification largement financée par 4-5 milliards $ versés par Victoria Nulland. Renazification qui a conduit à un sentiment anti-russe et un coup d’état contre Ianoukotich en 2014. Première mesure prise par le gouvernement mis en place par les USA (preuve audio entre Nulland et l’ambassadeur américain à Kiev), interdire la langue russe. D’où le vote à 96% de la Crimée (90% de russophones) de rejoindre la Russie, qui a accepté. Le Donbass et le Louganks refusant de se soumettre au nouveau régime néonazi subit des attaques de mortier incessantes depuis perpétré par des paramilitaires néonazis. C’est le gouvernement de Kiev qui n’a pas respecté les accords de Minsk devant conduire à l’autonomisation des provinces concernées ; les occidentaux ont fermé les yeux et pire ils ont laissé l’Ukraine se renazifiée alors qu’ils fêtaient en grande pompe la victoire contre le nazisme.
    A moins aussi que ce ne soit en prévention du 1,2 milliards de $ que les USA ou l’UE vont accorder à l’Ukraine qui n’achètera pas que du coca avec cet argent…
    Lors de la conférence internationale de l’Institut Schiller du 19 février dernier, Natalia Vitrenko, économiste et présidente du parti socialiste progressiste ukrainien, a appelé à la dénazification de l’Ukraine dont elle avait décrit le processus dès 2013-2014.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Europe

Le Danemark adopte une loi interdisant les autodafés du Coran

Article

le

Le Danemark adopte une loi interdisant les autodafés du Coran

Cette loi entend enrayer la vague de profanations de livres saints, observée ces derniers mois au Danemark et en Suède notamment.

Le Parlement danois a adopté jeudi une loi criminalisant les « traitements inappropriés » de textes ayant une signification religieuse importante, interdisant de facto les autodafés du Coran, après des profanations du livre saint de l’islam qui ont entraîné des tensions dans plusieurs pays musulmans pendant l’été. À l’issue d’un débat de près de quatre heures, le texte a été adopté en troisième lecture par 94 des 179 membres du Parlement.

Concrètement, il sera désormais interdit de brûler, souiller ou de donner des coups de pied publiquement sur des textes religieux ou dans le but de diffuser largement les images des profanations. Il sera également interdit de les déchirer, les couper ou les poignarder. Tout contrevenant s’expose à une peine de deux ans d’emprisonnement.

Pour le gouvernement danois, dont aucun représentant ne s’est exprimé lors du débat parlementaire, il s’agit avant tout de protéger les intérêts et la sécurité nationale du pays scandinave.

Le Danemark et son voisin suédois ont récemment cristallisé la colère au sein de pays musulmans. En Irak par exemple, des centaines de manifestants partisans de l’influent leader religieux Moqtada Sadr ont tenté fin juillet de marcher en direction de l’ambassade danoise à Bagdad.

Lire Plus

Culture

Une présentatrice de la BBC fait un doigt d’honneur en ouverture de journal

Article

le

Une présentatrice de la BBC fait un doigt d’honneur en ouverture de journal

La journaliste Maryam Moshiri raconte avoir été prise par surprise en pleine plaisanterie avec l’équipe du journal. Sur les réseaux sociaux, elle présente ses excuses.

Un dérapage d’une seconde, mais un moment mémorable pour les téléspectateurs de BBC News. Alors que s’achevait le générique de lancement du journal de 13 heures, mercredi 6 décembre, ils ont eu la drôle de surprise de tomber nez à nez avec la présentatrice Maryam Moshiri, sourire aux lèvres et doigt d’honneur à la main. Visiblement surprise par l’arrivée soudaine de la prise d’antenne, la journaliste a rapidement repris une expression de circonstance avant de se lancer dans son journal, mais le mal était fait.

La séquence, partagée sur les réseaux sociaux, atteint rapidement les centaines de milliers de vues, certains internautes dénonçant ce comportement (et l’ensemble de la BBC au passage) quand d’autres notent le fait que les premières images du journal concernent les excuses de Boris Johnson aux victimes du Covid-19 dans l’enquête publique sur la gestion de la pandémie au Royaume-Uni.

Il faudra attendre le lendemain pour obtenir une réaction de la part de la journaliste. Sur son compte X (anciennement Twitter), Maryam Moshiri présente ses excuses et apporte quelques éléments de contexte à ce raté insolite. « Hier (mercredi, NDLR), juste avant le début du journal de 13 heures, je plaisantais avec l’équipe en studio, raconte-t-elle. Je mimais un décompte pendant que le réalisateur me donnait le compte à rebours de 10 à 0 avec les doigts pour me montrer les chiffres. Quand nous sommes arrivés à 13 heures pile, j’ai retourné le doigt pour plaisanter et je n’ai pas réalisé que cela serait filmé ».

Face aux réactions nombreuses, la journaliste déclare être désolée. « C’était une blague privée avec l’équipe, explique-t-elle, et je suis vraiment désolée qu’elle ait été diffusée ! Ce n’était pas mon intention que cela se produise et je suis désolée si j’ai offensé ou contrarié quelqu’un. Je n’étais pas vraiment en train de “faire un doigt” aux téléspectateurs ou même à une personne. C’était une blague idiote destinée à un petit nombre de mes amis. »

Télécharger l’application Le Singulier > IOS (iPhone) > Android (Samsung)

Lire Plus

Europe

La Cour européenne des droits de l’homme ouvre une procédure contre la France pour « acte de torture »

Article

le

La Cour européenne des droits de l’homme ouvre une procédure contre la France pour "acte de torture"

La Cour européenne des droits de l’homme examine le cas de Laurent Théron, éborgné lors d’une manifestation en 2016.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a pris une mesure sans précédent en ouvrant une procédure à l’encontre de la France pour ce qui est qualifié d' »acte de torture » ou de « traitements inhumains et dégradants » à l’encontre d’un manifestant blessé lors d’une manifestation contre la loi travail en 2016.

Cette décision intervient après sept années de combat judiciaire dans l’affaire Laurent Théron. Le manifestant avait perdu l’usage de son œil droit le 15 septembre 2016, lorsqu’il avait été atteint au visage par l’explosion d’une grenade à main de désencerclement tirée par un CRS lors de la manifestation. Le brigadier-chef responsable du tir avait été renvoyé devant la cour d’assises de Paris, mais avait été acquitté le 14 décembre 2022 au motif de la légitime défense, malgré l’absence de réel danger.

Les avocats de Laurent Théron, Mes Céline Moreau, Olivier Peter et Lucie Simon, ont exprimé leur satisfaction face à l’ouverture de cette procédure par la CEDH. Ils ont souligné que cette décision pourrait avoir un impact significatif sur d’autres enquêtes en cours concernant des manifestants blessés, notamment lors du mouvement des Gilets jaunes. Cette affaire soulève des questions cruciales sur la responsabilité de l’État français dans la protection des droits des manifestants, en particulier face à l’utilisation excessive de la force.

La CEDH, basée à Strasbourg, a communiqué au gouvernement français deux questions essentielles : le requérant a-t-il été « victime de traitements contraires à l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme », qui prohibe la torture et les traitements inhumains et dégradants ? De plus, « l’enquête menée en l’espèce par les autorités internes a-t-elle satisfait aux exigences de l’article 3 de la Convention » ?

Cette procédure devrait prendre plusieurs mois, mais elle suscite déjà un débat important sur la question de la protection des droits des manifestants en France et l’application de la législation en matière de maintien de l’ordre.

Lire Plus

Les + Lus