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Lycée Averroès de Lille : la justice doit trancher sur son financement public

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Le tribunal administratif se prononce ce mercredi sur le rétablissement des subventions de l’établissement musulman, suspendues pour des accusations de manquements aux valeurs républicaines.

La préfecture du Nord avait décidé en décembre 2023 de rompre le contrat liant l’État au lycée Averroès, privant ainsi l’établissement de ses financements publics. Les autorités locales invoquaient des « manquements graves aux principes fondamentaux de la République », notamment la présence supposée d’ouvrages prônant des idées contraires aux valeurs laïques.

Lors de l’audience du 18 mars, le rapporteur public a pourtant estimé que les griefs avancés par l’administration ne justifiaient pas une telle sanction. Selon lui, aucun élément probant n’a confirmé l’utilisation de textes religieux radicaux dans les enseignements. Bien que reconnaissant certaines imperfections, il a préconisé le maintien du contrat, soulignant que les écarts constatés ne mettaient pas en cause le respect des principes républicains.

L’ancien préfet du Nord, à l’origine de cette décision, a défendu sa position devant une commission parlementaire, affirmant détenir des preuves du « danger » encouru par les élèves. Il a pointé du doigt des références à des doctrines rigoristes dans certains supports pédagogiques, notamment des commentaires religieux évoquant la peine de mort pour apostasie. La direction de l’établissement conteste fermement ces allégations, assurant que ces documents n’ont jamais été utilisés en classe ni mis à disposition des élèves.

Fondé en 2003, le lycée Averroès était jusqu’ici le principal établissement musulman sous contrat en France, régulièrement salué pour ses résultats académiques. La suspension des subventions a entraîné une hausse des frais de scolarité et une chute des effectifs, passant de 470 à 290 lycéens. Si la justice ordonne le rétablissement du contrat, la direction espère un retour massif des familles. Dans le cas contraire, l’avenir financier de l’institution serait compromis, avec des réductions de salaires et des départs inévitables.

Au-delà du lycée, le dossier Averroès soulève des questions plus larges sur le traitement des établissements privés musulmans. Certains élus dénoncent une différence de traitement par rapport aux écoles catholiques, citant le maintien des contrats d’institutions accusées de dérives discriminatoires. Parallèlement, le groupe scolaire poursuit ses démarches pour obtenir un contrat pour son collège et ouvrir une école primaire, des projets bloqués par l’administration depuis plusieurs années.

La décision du tribunal administratif, attendue dans l’après-midi, pourrait marquer un tournant – ou au contraire prolonger un feuilleton judiciaire qui dure depuis des mois.

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