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Cuba : la révolte étudiante, miroir d’une société fracturée par la dollarisation

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À La Havane, la jeunesse cubaine se dresse contre des tarifs téléphoniques discriminatoires, révélant une crise économique et sociale profonde.

La colère gronde dans les universités cubaines depuis l’instauration fin mai d’une nouvelle tarification des services mobiles, avantageant outrageusement les détenteurs de dollars. Cette mesure a mis le feu aux poudres chez des étudiants déjà exaspérés par la fracture grandissante entre une minorité bénéficiant de devises étrangères et une majorité condamnée à survivre avec des pesos dévalués.

Les facultés de droit, de médecine et plusieurs autres institutions de la capitale ont vu éclater des protestations inédites depuis des décennies. Certains appels à la grève ont même circulé, tandis que des vidéos de débats enflammés devenaient virales sur les réseaux sociaux. Face à la pression, les autorités ont finalement annoncé l’ouverture d’un dialogue entre opérateurs télécoms et représentants étudiants – une concession rare dans un pays où la contestation est généralement étouffée.

Mais au-delà des forfaits mobiles, c’est tout un modèle économique qui est dénoncé. Les manifestants fustigent une dollarisation rampante qui exclut progressivement les plus modestes des secteurs clés : alimentation, carburants, et désormais communications. Le peso, dont la valeur s’est effondrée de plus de 1 000 % en cinq ans, ne permet plus de couvrir les besoins essentiels, plongeant des familles entières dans une précarité dramatique.

Les étudiants, héritiers involontaires de l’idéal révolutionnaire, rappellent avec force leur attachement à l’équité sociale. Leurs manifestes soulignent une loyauté envers les principes socialistes, mais rejettent des politiques jugées trahissantes. Certains observateurs y voient un tournant : la jeunesse, traditionnellement discrète, devient porteuse des frustrations populaires face à un pouvoir accusé d’inertie.

Les ajustements annoncés par le gouvernement n’ont pas calmé les esprits. Les protestataires exigent désormais des mesures structurelles pour tous, refusant des solutions à deux vitesses. Cette crise, bien plus qu’un simple conflit tarifaire, pourrait marquer un réveil civique dans une Cuba à bout de souffle, où l’accès aux communications devient le symbole criant des inégalités.

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