Le géant pharmaceutique américain s’engage à verser jusqu’à 350 millions de dollars pour clore des poursuites fédérales liées à la distribution massive et controversée de médicaments addictifs.
La chaîne de pharmacies Walgreens vient de conclure un nouvel accord financier avec les autorités américaines pour solder son implication dans la crise des opiacés, un fléau sanitaire responsable de centaines de milliers de décès aux États-Unis depuis la fin des années 1990. Le groupe a accepté de débourser 300 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites engagées par le ministère de la Justice, celui de la Santé et l’agence fédérale de lutte contre les stupéfiants (DEA). Une clause prévoit un versement complémentaire de 50 millions si l’entreprise change de propriétaire avant 2032.
Les enquêteurs ont établi que Walgreens avait sciemment validé des millions d’ordonnances douteuses pour des opiacés et d’autres substances réglementées, avant de se faire rembourser par les programmes d’assurance publique comme Medicare. Ces pratiques illégales se seraient étendues sur plus d’une décennie, entre 2012 et 2023. Parmi les manquements reprochés figure la distribution excessive de combinaisons médicamenteuses hautement addictives, surnommées « la trinité ». Les procureurs ont également dénoncé les pressions exercées sur les pharmaciens pour qu’ils traitent rapidement les prescriptions sans en vérifier la légitimité.
Ce règlement s’ajoute à l’indemnité record de 4,95 milliards de dollars que Walgreens avait déjà accepté de payer en 2022 pour solder des litiges avec des États et municipalités américaines. Son concurrent CVS avait, quant à lui, consenti à verser 5 milliards sur dix ans. Au total, les entreprises impliquées dans cette crise – laboratoires, distributeurs et cabinets de conseil – ont dû s’acquitter de dizaines de milliards de dollars d’amendes.
Selon les dernières statistiques sanitaires, près de 727 000 Américains sont morts d’overdoses liées aux opiacés entre 1999 et 2022. Après plusieurs années d’augmentation, le nombre de décès a légèrement reculé en 2023, notamment grâce aux mesures de régulation renforcée. Toutefois, le fentanyl, une substance synthétique extrêmement puissante, continue de faire des ravages dans le pays.