Près de 600 passages clandestins ont été recensés, impliquant des migrants principalement originaires d’Algérie et d’Afrique subsaharienne. Les autorités ont mis hors d’état de nuire une organisation structurée et très active.
Un réseau de passeurs opérant sur les routes montagneuses entre l’Espagne et la France a été démantelé par les forces de l’ordre. Ce dispositif, impliquant 15 individus, aurait permis le passage illégal de près de 600 migrants, selon les informations dévoilées par les autorités françaises. Les personnes transportées, majoritairement algériennes ou originaires d’Afrique subsaharienne, étaient prises en charge en Catalogne, près de la frontière, avant d’être acheminées vers Perpignan, puis vers d’autres régions françaises ou même jusqu’en Allemagne.
Les tarifs pratiqués par ce réseau variaient entre 150 et 300 euros par passage, des montants relativement modérés en raison de la forte concurrence entre les groupes de passeurs. Selon les estimations des enquêteurs de la Police aux frontières (PAF), ce sont au moins 570 véhicules qui ont été utilisés pour transporter environ 1 700 migrants au cours des deux dernières années. Une opération d’envergure, mobilisant 70 fonctionnaires des deux côtés de la frontière, a permis d’interpeller les membres de cette organisation, répartis en trois cellules distinctes situées en Espagne, à Perpignan et à Marseille.
Cinq suspects, de nationalités algérienne et marocaine, ont été arrêtés en Espagne et devraient être transférés en France dans les dix jours. À Perpignan, quatre individus ont été interpellés et seront présentés à un juge d’instruction. À Marseille, six personnes, dont trois membres d’une même famille, ont déjà été mises en examen, avec trois placements en détention provisoire. Par ailleurs, une scission au sein de l’équipe marseillaise a donné naissance à une nouvelle filière clandestine, cette fois par voie maritime. Un semi-rigide de 8,5 mètres, destiné à transporter des migrants entre l’Algérie et l’Espagne, a été saisi avant même sa première traversée. Les tarifs pour ce service s’élevaient à 9 000 euros par personne, avec une rémunération de 17 000 euros pour le pilote.
Selon la commissaire Laurène Capelle, cheffe du Service interdépartemental de la police aux frontières (Sipaf), ce démantèlement est particulièrement significatif en raison de la structure très organisée du réseau, incluant des rabatteurs, des conducteurs de véhicules « ouvreurs », des passeurs et même des logeurs, comme un hôtelier de Perpignan. Cette opération marque un coup d’arrêt majeur dans les activités de ce réseau, qui avait su tirer profit de la demande croissante de passages clandestins.