Trump ravive les tensions commerciales, la Bourse de Paris vacille

Les marchés financiers accusent le coup après l’annonce de nouvelles hausses tarifaires par les États-Unis. La guerre commerciale, longtemps reléguée au second plan, revient au cœur des préoccupations des investisseurs.

Vers 9h40, le CAC 40 reculait de 0,60 %, s’établissant à 8.054,28 points après avoir déjà perdu 0,51 % la veille. L’élément déclencheur de cette baisse réside dans la décision de Washington d’imposer une nouvelle vague de droits de douane de 10 % sur les importations chinoises dès le 4 mars, alors que Pékin avait déjà subi une première augmentation similaire en février. En réponse, la Chine a immédiatement promis des mesures de rétorsion.

L’impact de cette surenchère protectionniste ne s’arrête pas là. Donald Trump a également confirmé l’entrée en vigueur, à la même date, de taxes de 25 % sur les importations canadiennes et mexicaines. Cette offensive commerciale s’inscrit dans une stratégie plus large, alors que la veille, le président américain menaçait d’appliquer une taxe similaire sur les produits européens.

Christopher Dembik, conseiller en investissement chez Pictet AM, souligne que « pendant des semaines, la Bourse a négligé l’impact de la guerre commerciale. Il fallait bien, tôt ou tard, que le sujet revienne sur le devant de la scène ». Face à cette incertitude croissante, les investisseurs se tournent vers des actifs plus sûrs, entraînant une chute des taux obligataires. Le rendement de l’emprunt d’État français à dix ans glissait ainsi à 3,11 %, contre 4,13 % la veille, tandis que son équivalent allemand baissait à 2,38 %.

Sur le plan macroéconomique, les marchés surveillent de près la publication de l’indice des prix PCE aux États-Unis, un indicateur clé pour la politique monétaire de la Fed. La crainte d’une inflation renforcée par les barrières douanières américaines pourrait peser sur la consommation et la croissance. En France, les chiffres provisoires de l’Insee révèlent une nette décélération de l’inflation à 0,8 % en février, contre 1,7 % en janvier, une première sous la barre des 1 % depuis quatre ans. Par ailleurs, la consommation des ménages a fléchi en janvier (-0,5 %), tirée vers le bas par un recul des achats de biens manufacturés.

Dans l’actualité des valeurs, Valeo dégringole de 10,86 % à 10,06 euros après l’annonce d’un chiffre d’affaires en légère baisse (-3 %) et d’un bénéfice net toujours limité, pénalisé par le ralentissement du marché des véhicules électriques. À l’inverse, Saint-Gobain progresse de 2,55 % à 97,30 euros, porté par un bénéfice net en hausse de 6,6 %, en dépit d’un marché européen morose. De son côté, le groupe de mode SMCP chute de 4,69 % à 3,35 euros après avoir enregistré une perte nette de plus de 23 millions d’euros, conséquence de performances décevantes en Chine malgré une reprise en fin d’année.

Les investisseurs restent sur leurs gardes face à ces turbulences géopolitiques et économiques, qui pourraient continuer d’alimenter la volatilité des marchés dans les jours à venir.