Trois mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, Mayotte reste engluée dans une crise économique profonde. Les entreprises locales, déjà fragilisées par des années de difficultés, peinent à se relever face à des dégâts matériels colossaux et des aides insuffisantes.
Le cyclone Chido, qui a frappé l’archipel français de l’océan Indien le 14 décembre dernier, a laissé derrière lui un paysage de désolation. Avec au moins 40 victimes et des infrastructures détruites, l’économie de Mayotte, déjà mise à mal par la pandémie de Covid-19, la sécheresse et les tensions sociales, subit un nouveau coup dur. Les secteurs clés, comme le tourisme, le commerce et les services, sont particulièrement touchés, et les entreprises locales luttent pour survivre.
Halifa Massoundi, propriétaire d’une entreprise de sorties nautiques, Rand O Palma, en est un exemple frappant. Son bateau, essentiel à son activité, a été englouti par les eaux déchaînées. Sans cet outil de travail, son entreprise est à l’arrêt. Comme lui, de nombreux entrepreneurs mahorais se retrouvent dans l’incapacité de reprendre leurs activités, faute de moyens pour réparer ou remplacer leurs équipements endommagés. Les assurances, souvent limitées dans leurs couvertures, ne suffisent pas à couvrir les pertes.
Le port de Longoni, principal point d’entrée des marchandises et des matériaux de construction, a également été gravement affecté. Les retards d’approvisionnement ralentissent la reconstruction et pénalisent les commerçants. Nadjida, employée dans un magasin de meubles à Mamoudzou, témoigne des difficultés rencontrées : « En janvier, tout était bloqué. Les clients ne pouvaient pas recevoir leurs commandes, et nous avons perdu des ventes précieuses. »
Dans le secteur des services, l’agence de communication Inadcom illustre les défis auxquels font face les entreprises locales. Ses locaux ont été dévastés, et l’ensemble de son matériel, y compris son studio d’enregistrement, a été détruit. Zamir Saïd Ali, cofondateur de l’entreprise, déplore le manque de soutien financier : « Nous avons besoin de 120.000 euros pour repartir, mais notre assurance ne couvre que 30.000 euros. Sans aide supplémentaire, nous risquons de fermer définitivement. »
Malgré les mesures d’urgence annoncées par l’État, comme une aide financière exceptionnelle et le chômage partiel, les fonds tardent à arriver. Les entreprises se sentent abandonnées, et les dispositifs mis en place sont jugés insuffisants pour répondre à l’ampleur des besoins. Le département de Mayotte a décidé d’augmenter son enveloppe d’aide à l’investissement, passant de 3 à 10 millions d’euros, mais cela reste une goutte d’eau face à l’immensité des dégâts.
Alors que la population mahoraise tente de se reconstruire, l’urgence est de relancer l’économie locale. Sans un soutien massif et rapide, Mayotte risque de sombrer dans une crise économique et sociale sans précédent. Les mois à venir seront décisifs pour l’avenir de ce territoire déjà fragilisé.