Un drame qui a emporté 61 vies dans une discothèque de Kocani, suscitant tristesse et colère dans une communauté soudée.
La ville de Kocani, en Macédoine du Nord, est plongée dans une profonde affliction après l’incendie dévastateur qui a ravagé la discothèque « Pulse » dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 mars 2025. Le bilan est lourd : 61 personnes ont perdu la vie et près de 200 autres ont été blessées. Ce drame a frappé une communauté où chacun se connaît, laissant des familles entières en état de choc.
Dans cette localité de 30 000 habitants, située à une centaine de kilomètres de Skopje, la capitale, l’émotion est palpable. « Nous sommes une petite ville. Tout le monde se connaît ici », confie Sasko Jordanov, un dentiste de 38 ans. « Beaucoup de mes patients sont décédés, ainsi que les enfants de mes amis et voisins. » Une habitante, préférant garder l’anonymat, ajoute, la voix tremblante : « C’est horrible. Le fils de ma cousine est mort. C’est une véritable catastrophe. »
Les funérailles des victimes, majoritairement des adolescents et de jeunes adultes, sont prévues pour jeudi. Dès mardi matin, les employés du cimetière de Kocani ont commencé à creuser les tombes, un travail macabre qui rappelle l’ampleur du drame. En début de soirée, des centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre-ville pour rendre hommage aux disparus. La veille, un rassemblement similaire avait dégénéré en colère, certains habitants s’en prenant aux biens du propriétaire de la discothèque, brisant des vitres et jetant des pierres.
À Skopje, la capitale, plusieurs centaines de personnes ont également observé une minute de silence en mémoire des victimes. Un livre de condoléances a été installé à Kocani, où les habitants déposent des fleurs et allument des bougies, les yeux remplis de larmes. « Je ne peux pas parler, c’est trop douloureux. Les amis de mes enfants sont morts », murmure une femme en allumant une bougie.
Les premières conclusions de l’enquête révèlent des négligences flagrantes. Le « Pulse » fonctionnait avec une licence frauduleuse et dans des conditions de sécurité désastreuses. Le club, conçu pour accueillir 250 personnes, en comptait près de 500 au moment du drame. Le feu, déclenché par des engins pyrotechniques non autorisés, a rapidement embrasé le plafond, fait de matériaux inflammables. Une seule issue de secours était disponible, provoquant une bousculade mortelle.
Face à l’ampleur du désastre, les autorités ont réagi rapidement. Une enquête a été ouverte et 16 personnes ont été placées en garde à vue, dont des employés du ministère de l’Économie soupçonnés d’avoir délivré des licences illégales. Le ministre de l’Intérieur, Pance Toskovski, a également remplacé les responsables de la police locale pour garantir une enquête impartiale.
Le Premier ministre, Hristijan Mickoski, a promis une réponse ferme. « Ces individus pensent être au-dessus des lois. Ils devront en répondre », a-t-il déclaré, tout en appelant à la raison. « La colère est compréhensible, mais l’anarchie ne résout rien. Nous devons tirer des leçons de cette tragédie pour éviter qu’elle ne se reproduise. »
Alors que Kocani se prépare à enterrer ses morts, la douleur et la colère continuent de hanter cette petite ville, unie dans le deuil mais déterminée à obtenir justice.