Nous rejoindre sur les réseaux

Planète

Les Wisigoths, premiers pêcheurs des lacs pyrénéens ?

Article

le

Une étude révèle que l’introduction de poissons dans les lacs de montagne remonte au VIIe siècle, bien avant les premières traces écrites.

Les lacs d’altitude des Pyrénées, aujourd’hui peuplés de truites, étaient originellement dépourvus de vie aquatique. Une récente recherche démontre que leur colonisation par l’homme a commencé bien plus tôt qu’on ne le pensait, dès l’époque médiévale.

Ces plans d’eau, façonnés par les glaciers, étaient isolés des cours d’eau naturels, rendant impossible une migration spontanée des espèces piscicoles. Leur peuplement actuel résulte donc exclusivement d’interventions humaines, dont les motivations restent à explorer.

Pour retracer cette histoire méconnue, des scientifiques ont étudié les sédiments du lac Redon, situé à plus de 2 200 mètres dans les Pyrénées espagnoles. Bien que les archives écrites évoquent des empoissonnements à partir du XIVe siècle, aucune preuve directe n’existait pour les périodes antérieures.

L’équipe a alors eu l’idée de traquer non pas les poissons eux-mêmes, mais leurs parasites microscopiques, plus résistants au temps. L’analyse génétique des couches sédimentaires a révélé la présence d’organismes comme *Ichtyobodo*, spécifiques aux branchies des truites, dès le VIIe siècle. Cette découverte coïncide avec l’essor des activités pastorales et minières sous les Wisigoths, suggérant une exploitation précoce des ressources montagnardes.

Les chercheurs émettent l’hypothèse que ces introductions pourraient être liées à des échanges commerciaux entre versants espagnol et français, ou même à des transferts accidentels. Cette méthode innovante ouvre la voie à la redécouverte d’autres pratiques anciennes, notamment dans des lacs plus accessibles où les traces pourraient être encore plus anciennes.

Au-delà de l’aspect historique, ces travaux soulignent l’impact millénaire de l’homme sur les écosystèmes d’altitude, avec des conséquences encore mal évaluées sur la biodiversité locale. Une invitation à reconsidérer notre rapport à ces paysages, souvent perçus à tort comme immuables.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus