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Culture

Les talibans et leur nouveau visage : protecteurs du patrimoine afghan ?

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De la destruction des bouddhas de Bamiyan à une volonté affichée de préservation, les talibans tentent de réécrire leur rapport au patrimoine culturel.

En 2001, le monde entier assistait, impuissant, à la destruction des célèbres statues de Bamiyan par les talibans. Aujourd’hui, de retour au pouvoir, ces derniers affirment vouloir protéger les trésors archéologiques du pays, y compris ceux datant d’époques pré-islamiques. Une position qui suscite autant de scepticisme que d’étonnement.

Dernièrement, plusieurs découvertes majeures ont été faites, notamment dans la province de Laghman, où des vestiges bouddhiques et des inscriptions anciennes ont été mis au jour. Les autorités locales insistent sur l’importance de préserver ces témoignages du passé, quelle que soit leur origine religieuse. « Ces sites font partie de notre identité et de notre histoire », explique un responsable culturel, soulignant l’engagement officiel en faveur de leur conservation.

Ce discours contraste fortement avec celui des années 1990, lorsque le mollah Omar ordonnait la destruction systématique des représentations figuratives. Aujourd’hui, les talibans semblent avoir compris l’impact négatif de ces actes sur leur image internationale. La réouverture du musée national de Kaboul et les demandes de collaboration avec des organisations comme la Fondation Aga Khan en témoignent.

Pourtant, des défis majeurs subsistent. Le manque de moyens, l’exode des spécialistes et le pillage des sites archéologiques entravent les efforts de préservation. Dans certains musées provinciaux, les artefacts sont encore stockés dans des conditions précaires, faute de ressources. Par ailleurs, si les autorités tolèrent désormais la restauration de certains monuments, comme la synagogue d’Hérat, elles restent réticentes à en faire la promotion.

Enfin, malgré cette ouverture relative, le patrimoine immatériel – musique, danse, traditions populaires – reste largement ignoré, voire réprimé, au nom d’une interprétation rigoriste de l’islam. Les observateurs restent donc prudents, rappelant que les déclarations d’intention ne suffisent pas à effacer des décennies de destruction. L’avenir dira si cette nouvelle politique marque un réel changement ou une simple stratégie de communication.

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