Le mouvement des Gilets jaunes fait son entrée sur grand écran

Deux films explorent sous des angles distincts la mobilisation sociale qui a marqué la France en 2018-2019, comblant un vide cinématographique sur ce sujet.

Le cinéma français s’empare enfin du phénomène des Gilets jaunes avec la sortie simultanée de deux œuvres de fiction. « Les Braises » de Thomas Kruithof et « Dossier 137 » de Dominik Moll proposent des regards complémentaires sur cette période de contestation qui a durablement marqué le pays. Jusqu’à présent, le septième art avait largement ignoré cet épisode social, à l’exception notable du film « La Fracture » de Catherine Corsini qui l’évoquait en arrière-plan.

« Les Braises », disponible en salles dès ce mercredi, plonge au cœur des tensions provoquées par le mouvement au sein d’un couple, interprété par Céline Sallette et Arieh Worthalter. Le réalisateur s’est immergé auprès d’anciens manifestants pour saisir la complexité de leur engagement. De son côté, « Dossier 137 », présenté en compétition à Cannes et attendu pour le 19 novembre, suit une enquête délicate menée par la police des polices suite à un incident survenu lors d’une manifestation. Dominik Moll s’est inspiré de cas réels de blessés parmi les Gilets jaunes et a longuement documenté les méthodes d’investigation de l’IGPN.

Les deux cinéastes ont rencontré certaines réticences lors du financement de leurs projets. Plusieurs partenaires potentiels ont exprimé des craintes quant à la réception d’un sujet perçu comme potentiellement clivant. Cette frilosité des financeurs contraste avec l’approche hollywoodienne, plus prompte à s’emparer de l’actualité sociale comme en témoigne le traitement de la question migratoire aux États-Unis dans le film « Une Bataille après l’autre ».

Pour Thomas Kruithof, la fiction offre justement la possibilité de dépasser le simple compte-rendu médiatique des événements. Elle permet d’aborder le mouvement avec davantage de nuances et d’en explorer la dimension humaine. Dominik Moll souligne quant à lui le potentiel cinématographique des enquêtes policières internes, particulièrement dans l’analyse minutieuse des images de manifestations. Ces deux approches témoignent de la maturité avec laquelle le cinéma commence enfin à appréhender cette page récente de l’histoire sociale française.