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Économie

La Banque du Japon joue la prudence face à un climat économique incertain

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Dans un contexte mondial marqué par des tensions commerciales et une inflation persistante, la Banque du Japon a choisi de maintenir ses taux directeurs, tout en surveillant de près les évolutions économiques.

La Banque du Japon (BoJ) a annoncé mercredi le maintien de son taux directeur à 0,5 %, une décision conforme aux attentes des marchés. Cette position intervient dans un environnement économique mondial instable, marqué par des incertitudes liées aux tensions commerciales et à la volatilité des prix des matières premières. L’institution japonaise, qui avait entamé un resserrement de sa politique monétaire en 2024 après une décennie de taux quasi nuls, préfère adopter une approche prudente pour évaluer les impacts de ses récentes décisions.

Les déclarations du gouverneur de la BoJ, Kazuo Ueda, reflètent cette prudence. Il a récemment exprimé ses inquiétudes concernant les risques pesant sur l’économie japonaise, notamment en raison des tensions commerciales initiées par les États-Unis. Ces dernières ont directement affecté les exportations japonaises, en particulier dans le secteur de l’acier. La BoJ souligne également que les fluctuations des prix des matières premières et les incertitudes liées à la conjoncture mondiale pourraient influencer négativement la croissance économique du pays.

Les analystes s’attendaient à ce statu quo, d’autant que la BoJ avait déjà relevé ses taux à deux reprises en 2024, puis une nouvelle fois en janvier 2025. Stefan Angrick, de Moody’s Analytics, explique que la banque centrale souhaite prendre le temps d’analyser les effets de ces ajustements sur l’économie avant de procéder à de nouvelles modifications. Par ailleurs, les tensions commerciales internationales et les mesures douanières imposées par Washington ont contribué à maintenir les marchés financiers sous pression, renforçant la nécessité pour la BoJ de rester sur ses gardes.

L’inflation reste un défi majeur pour le Japon. En janvier 2025, les prix à la consommation (hors produits frais) ont augmenté de 3,2 % sur un an, dépassant largement l’objectif de 2 % fixé par la BoJ. Cette hausse est principalement due à la flambée des prix des céréales et de l’énergie. Le riz, aliment de base au Japon, a vu son prix augmenter de 71,8 % sur un an, un record qui devrait se maintenir en 2025 malgré les efforts du gouvernement pour limiter cette envolée.

En parallèle, la BoJ observe une amélioration modérée du marché du travail et des salaires, un élément clé pour sa politique monétaire. Les négociations salariales annuelles ont abouti à une augmentation moyenne de 5,46 % pour les membres de la Confédération japonaise des syndicats de travailleurs (Rengo), la plus forte hausse depuis trente ans. Cette revalorisation salariale, combinée à une inflation élevée, pourrait exercer des pressions supplémentaires sur les prix dans les mois à venir.

La BoJ mise désormais sur un « cercle vertueux » où les hausses de salaires stimuleraient la consommation, soutenant ainsi la croissance économique. Cependant, les analystes prévoient que la banque centrale pourrait reprendre ses relèvements de taux plus tard dans l’année, notamment lors de sa réunion de mai. Marcel Thieliant, de Capital Economics, estime que le cycle de resserrement de la BoJ est loin d’être terminé, compte tenu de l’inflation persistante et des récentes avancées salariales.

Dans un contexte mondial où les banques centrales américaine et britannique devraient également opter pour le statu quo cette semaine, la BoJ reste vigilante face aux défis économiques et commerciaux. Son approche prudente reflète la complexité d’un environnement marqué par des incertitudes multiples et des pressions inflationnistes persistantes.

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