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Économie

Fos-sur-Mer face au défi de la décarbonation industrielle

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La zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, l’un des plus grands émetteurs de CO2 en France, s’engage dans une transition énergétique ambitieuse. Mais entre promesses et réalités, le chemin reste semé d’embûches.

À Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, la décarbonation de la zone industrialo-portuaire (ZIP) représente un enjeu majeur pour la transition écologique et la relance industrielle. Pourtant, malgré les discours et les projets, les avancées concrètes se font attendre. Cette zone, qui s’étend sur 9 000 hectares, concentre plus de 80 % du territoire communal et génère un quart des émissions industrielles françaises, soit plus de 17 millions de tonnes de CO2 par an. Depuis l’installation de la première raffinerie il y a soixante ans, peu de nouvelles usines ont vu le jour, la dernière datant de 1987. Aujourd’hui, la crise énergétique et la guerre en Ukraine ont relancé les discussions sur la souveraineté industrielle et la transition énergétique, deux priorités qui convergent à Fos.

En janvier 2023, le gouvernement a désigné Fos-sur-Mer, aux côtés de Dunkerque, comme l’une des premières « zones industrielles bas carbone » du pays. Une trentaine de projets ont été annoncés, allant des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien flottant, hydrogène vert) à la production d’acier décarboné en passant par les carburants durables. Ces initiatives pourraient générer jusqu’à 10 000 emplois directs. Cependant, malgré cet optimisme affiché, les acteurs locaux restent prudents. Les syndicats, notamment, s’interrogent sur la concrétisation de ces promesses. Sandy Poletto, délégué CGT chez ArcelorMittal, premier employeur de la ville avec 2 500 salariés, souligne que la décarbonation est suspendue en Europe, faute de soutien public suffisant.

Les défis sont nombreux. La ZIP manque cruellement d’infrastructures adaptées, avec une seule voie ferrée et une route départementale pour desservir l’ensemble du site. Les projets de modernisation, estimés à 2 milliards d’euros, nécessitent une coordination entre les acteurs publics et privés. Par ailleurs, la demande en électricité devrait doubler d’ici 2030, portée par la transformation des industries et le développement de nouvelles filières comme l’hydrogène. Un projet de ligne à très haute tension (THT), prévu pour 2028, suscite cependant une forte opposition locale, malgré un tracé révisé pour limiter son impact environnemental.

Nicolas Mat, secrétaire général de l’association Piicto, qui réunit industriels et acteurs publics, tempère les critiques en rappelant les investissements déjà réalisés, notamment dans l’efficacité énergétique et la valorisation des déchets. Mais il reconnaît que le véritable virage vers la décarbonation ne pourra se faire sans un apport massif d’électricité et une gouvernance claire. Un débat public, prévu au printemps sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP), devrait permettre d’aborder ces enjeux de manière globale.

Pour Jean-Claude Chauvin, président de la CCI Aix-Marseille-Provence, il est urgent d’accélérer. « Il faut passer des projets à la réalisation, du potentiel à la vraie vie », insiste-t-il. Alors que les investissements potentiels sont estimés entre 15 et 20 milliards d’euros, la concrétisation de cette transition reste un pari ambitieux pour Fos-sur-Mer, entre espoirs et incertitudes.

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