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France

Enquête: Des gendarmes « experts » font parler des squelettes pour résoudre « des cold cases »

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Dans un laboratoire carrelé de blanc, de puissants néons jettent leur lumière crue sur une table rectangulaire. Les puzzles de deux squelettes s’étalent sous les yeux d’une gendarme anthropologue, à l’affût du moindre indice utile à l’élucidation des vieux dossiers criminels.

Le premier, quasiment entier et de couleur jaunâtre, est celui d’un adolescent encore non identifié décédé dans les années 1990 sur une île au large de la Bretagne.

Le second, d’aspect plus sombre et incomplet, appartient à une femme relativement âgée, dont les os ont été retrouvés sous terre en plusieurs endroits.

Chaque année, le département « ANthropologie Hémato-Morphologie » (ANH) de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), basé à Pontoise (Val-d’Oise), traite « entre 200 et 300 cas », explique le lieutenant Gaëlle Placet, diplômée en anthropologie de 29 ans.

Les périodes de chasse ou la belle saison, qui voient cueilleurs de muguet et randonneurs arpenter les forêts ou des coins plus isolés, sont les périodes les plus propices aux découvertes fortuites d’ossements.

« Parfois, c’est suite à l’extension d’une terrasse ou l’ajout d’une véranda », complète Gaëlle Placet.

S’il arrive que l’IRCGN reçoive des fragments osseux d’origine animale ou à caractère historique, la grande majorité sont relativement récents et rattachés à une affaire judiciaire non élucidée.

Un premier examen visuel permet d’estimer le sexe, à partir de l’observation du bassin, voire d’approcher le mode opératoire du meurtrier, « par exemple un démembrement, avec une hache, un couteau, une scie », souligne le lieutenant.

Minéralisation de l’os

Les mesures au pied à coulisse et les examens au microscope affinent ensuite les premières conclusions, en précisant par exemple si le squelette a séjourné dans l’eau ou a subi l’alternance des saisons, qui modifient le degré de minéralisation des os et donc l’âge de la victime.

« Un os ne va pas être affecté de la même façon en Guyane dans un climat tropical qu’en Bretagne dans un sol granitique », résume-t-elle.

Parfois, quelques ossements seulement suffisent pour dresser le profil d’une victime et préciser les circonstances de sa mort.

« A partir d’une vingtaine de petits os un peu noircis, nous avons pu déterminer qu’il s’agissait d’un homme de 36-37 ans, dont une partie du corps avait été carbonisée et qui boitait. Le corps a fini par être identifié et remis à la famille », se souvient le général Patrick Touron, patron du Pôle judiciaire de la gendarmerie nationale (PJGN), qui coiffe l’IRCGN.

« Les os parlent à la personne qui souhaite déjà les entendre et surtout sait les reconnaître, les identifier et les laisser s’exprimer », poétise Gaëlle Placet.

Les dents, l’un des trois identifiants primaires avec l’ADN et l’empreinte digitale, peuvent aussi recéler une myriade d’informations. « Des particules de cuivre sur la face vestibulaire (externe) peuvent nous orienter vers un joueur d’instrument à vent », explique ainsi Aimé Conigliaro, expert odontologue.

« Une carie en forme de demi-lune pourra nous mettre sur la piste d’un toxicomane ou, si elle présente un aspect jaunâtre, vers une personne travaillant dans l’industrie sucrière ou un pâtissier », illustre-t-il encore.

Reconstitution faciale

Lors de l’incendie du tunnel du Mont-Blanc en mars 1999, les 39 victimes, dont les corps avaient été carbonisés, avaient pu être identifiées grâce à leurs dents « qui résistent à tout, même à la crémation », souligne M. Conigliaro.

Dans le cas d’une personne enterrée sous X, que ni l’examen des dents, ni l’ADN, ni une empreinte digitale n’ont permis d’identifier, l’IRCGN peut procéder à des exhumations pour réaliser une reconstitution faciale.

Grâce à l’étude de scanners anonymisés récupérés auprès d’hôpitaux, « on connaît l’épaisseur des tissus mous d’un homme et d’une femme, en fonction du poids et de l’âge », éclaire Gaëlle Placet.

Certains artifices, comme la coupe de cheveux, des boucles d’oreilles, un piercing ou un tatouage, sont les plus difficiles à reproduire.

La couleur naturelle des cheveux, des yeux, de la peau et la pilosité pourront être apportées par les experts en génétique.

Un logiciel, développé par l’université de Bordeaux, permet ensuite de reconstituer le visage à partir de 78 points craniométriques.

« Il ne s’agit pas d’une méthode d’identification », comme avec l’ADN, « mais cela apporte des pistes d’enquête quand il n’y a plus d’autre solution », appuie le lieutenant.

L’IRCGN en réalise « un à cinq » par an avec des victimes et, assure Gaëlle Placet, « cela a déjà amené à une reconnaissance, soit par des enquêteurs, soit par des témoins ».

Économie

Auchan annonce 2 389 suppressions de postes pour relancer sa croissance

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Auchan annonce 2 389 suppressions de postes pour relancer sa croissance

Le groupe de distribution Auchan, après des années de turbulences financières, prévoit la suppression de 2 389 emplois en France dans le cadre d’un plan de redressement. Cette restructuration affectera les sièges, les hypermarchés et entraînera la fermeture de plusieurs points de vente.

Le groupe nordiste Auchan, appartenant au puissant groupe familial Mulliez, a annoncé ce mardi 5 novembre une réduction importante de ses effectifs en France. À l’instar de son concurrent Casino, qui a récemment engagé des démarches similaires, l’enseigne prévoit de supprimer précisément 2 389 postes parmi ses 54 000 salariés. Ce plan vise à rétablir la compétitivité et à réorganiser les activités du distributeur en difficulté, en consolidant sa logistique et en adoptant une nouvelle stratégie commerciale.

Le détail du projet de restructuration révèle que 784 postes seront supprimés dans les sièges de l’entreprise, tandis que 915 postes disparaîtront dans les hypermarchés. De plus, dix magasins, incluant des hypermarchés et des points de proximité, cesseront leur activité, ce qui entraînera la perte de 466 emplois supplémentaires. Plusieurs fonctions au sein des hypermarchés sont également appelées à disparaître, notamment celles de responsables commerciaux, de conseillers en vente, ainsi que des postes liés à la gestion de la masse salariale et à la sécurité.

Afin d’atténuer l’impact social de cette décision, la direction d’Auchan affirme vouloir limiter les licenciements secs. Un plan d’accompagnement a été proposé, intégrant des formations de reconversion, des congés de reclassement et des dispositifs de départ volontaire pour soutenir les salariés touchés.

Face à des années de déclin financier, Auchan espère, par cette réorganisation, retrouver une dynamique de croissance et redéfinir sa présence sur le marché français.

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France

Samuel Patry : Un procès sous haute tension pour juger les instigateurs de la haine

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Samuel Patry : Un procès sous haute tension pour juger les instigateurs de la haine

Quatre ans après l’assassinat brutal de Samuel Paty, un procès historique s’ouvre pour juger ceux accusés d’avoir participé à la campagne de haine contre le professeur d’histoire. Huit adultes comparaissent pour répondre de leurs actes devant la cour d’assises spéciale de Paris.

L’assassinat de Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine par Abdoullakh Anzorov, un jeune radicalisé, continue de hanter la société française. Aujourd’hui, huit adultes sont appelés à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris pour répondre de leur implication présumée dans cette tragédie. Parmi eux, deux amis de l’assaillant, accusés de complicité d’assassinat terroriste, risquent la réclusion criminelle à perpétuité. Les six autres, accusés de participation à une association de malfaiteurs terroriste, encourent des peines de 30 ans de prison.

Ce procès est d’autant plus marquant que l’accusation dénonce une chaîne d’actes délibérés ayant désigné Samuel Paty comme une cible. En effet, deux des accusés, Brahim Chnina, père de la collégienne à l’origine de fausses accusations contre le professeur, et Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste, sont suspectés d’avoir relayé les mensonges de l’adolescente sur les réseaux sociaux. Ces publications, selon les enquêteurs, visaient à attiser la haine et ont contribué à la mise en danger du professeur, figure aujourd’hui devenue symbole de la lutte contre le fanatisme en France.

La révélation de la vulnérabilité de Samuel Paty dans les jours précédant son assassinat renforce le sentiment d’incompréhension et de tragédie. Menacé après un cours sur la liberté d’expression, il avait manifesté sa peur auprès de ses collègues, mais n’a reçu aucune protection, alors qu’il était déjà dans la ligne de mire d’individus radicalisés. Les échanges avec ses collègues, où il confie son sentiment d’insécurité et ses demandes de soutien, témoignent de l’angoisse qui l’habitait, tristement symbolisée par le marteau retrouvé dans son sac à dos, dérisoire tentative de protection personnelle.

La cour présidée par le magistrat Franck Zientara, qui a déjà dirigé le procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, se réunit au sein de la salle des grands procès du palais de justice de Paris, renforçant le caractère historique et symbolique de cette audience. Les débats promettent d’être intenses, avec la participation du Parquet national antiterroriste représenté par Nicolas Braconnay et Marine Valentin, qui rappelleront les enjeux de cette affaire emblématique des défis posés par l’islamisme radical en France.

Pour la famille de Samuel Paty, ce procès est une étape cruciale pour obtenir justice, mais également pour susciter une prise de conscience sociétale. Les avocats de Mickaëlle Paty, l’une des sœurs du professeur, expriment l’espoir que cette audience expose la réalité de l’islamisme radical et renforce la vigilance collective face aux menaces terroristes. Jusqu’au 20 décembre, ce procès devrait, au-delà de l’émotion, poser les bases d’une réflexion sur les responsabilités et les mécanismes de propagande haineuse ayant conduit à la mort de cet enseignant.

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Budget 2025 : bras de fer sur la lutte contre la fraude fiscale

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Budget 2025 : bras de fer sur la lutte contre la fraude fiscale

La Commission des finances de l’Assemblée nationale a voté des amendements proposés par le Nouveau Front Populaire, allouant 590 millions d’euros supplémentaires à la lutte contre la fraude fiscale. Ces mesures, qui incluent la création de 4 500 postes, restent toutefois suspendues à l’approbation de l’hémicycle.

Alors que le gouvernement cherche à économiser 60 milliards d’euros pour redresser les finances publiques, la lutte contre l’évasion fiscale est l’un des secteurs visés par les restrictions budgétaires. Cependant, la Commission des finances de l’Assemblée nationale s’est opposée à cette approche, adoptant jeudi plusieurs amendements déposés par le Nouveau Front Populaire (NFP) afin de renforcer les moyens de lutte contre la fraude fiscale. En plus d’injecter 590 millions d’euros supplémentaires, ces amendements prévoient la création de 4 000 postes d’inspecteurs des Finances et 500 postes de douaniers, ainsi que la mise en place d’un service d’expertise pour analyser les schémas de fraude complexes.

Cette décision, qui inclut également le maintien de 550 postes que le gouvernement envisageait de supprimer au sein de la direction générale des finances publiques (DGFiP), a suscité des tensions au sein de la commission. Les députés du groupe présidentiel, menés par Jean-René Cazeneuve, se sont fermement opposés au projet, dénonçant une inflation des besoins budgétaires qui, selon eux, excède largement les contraintes financières. Perrine Goulet, députée MoDem, a également critiqué la démarche, la qualifiant de « surdimensionnée » et regrettant qu’une telle approche ait peu de chances d’aboutir en l’état. À l’inverse, la gauche parlementaire a vigoureusement soutenu l’initiative. Le député LFI Jérôme Legavre, rapporteur du texte, a souligné la situation critique des services de contrôle fiscal, affirmant que « les services sont actuellement à l’os » malgré l’importance cruciale de leur mission.

Cette augmentation de budget doit néanmoins être ratifiée dans l’hémicycle, où les tractations s’annoncent tendues. Le vote solennel sur la partie « recettes » du budget 2025 est prévu le 7 novembre, bien qu’un report de quelques jours reste envisageable. Le gouvernement n’exclut pas le recours à l’article 49.3 de la Constitution, qui permettrait d’adopter le budget sans vote, un outil potentiellement décisif dans un contexte où le soutien à ces amendements n’est pas assuré.

Les données les plus récentes du ministère de l’Économie soulignent l’ampleur de la fraude fiscale en France, avec 15,2 milliards d’euros recouvrés en 2023, un montant en hausse par rapport aux années précédentes. Cependant, des études récentes estiment que moins de 20 % des sommes frauduleuses sont détectées par les autorités, une évaluation qui motive en partie la démarche du NFP en faveur d’un renforcement des moyens de contrôle.

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