Le maire d’Istanbul, figure montante de l’opposition, se retrouve au cœur d’une bataille politique et judiciaire face au président turc. Une rivalité qui pourrait redéfinir l’avenir de la Turquie.
Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et leader de l’opposition turque, est devenu la cible principale du président Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier, qui a lui-même dirigé la métropole dans les années 1990, voit en Imamoglu un rival de taille pour les élections présidentielles de 2028. Récemment, une décision controversée a annulé le diplôme universitaire du maire, ce qui pourrait l’empêcher de se présenter à la présidentielle, selon les règles constitutionnelles turques.
Imamoglu a dénoncé cette décision comme « illégale », affirmant que l’université n’avait pas le droit de lui retirer sa licence en gestion d’entreprise. Il a également dénoncé un « harcèlement judiciaire » orchestré par le pouvoir en place. Actuellement, le maire est confronté à six procédures judiciaires, dont une qui l’avait déjà exclu de la course présidentielle de 2023. Malgré ces obstacles, il reste déterminé à poursuivre son combat politique.
Depuis son élection surprise en 2019, où il a mis fin à 25 ans de domination du parti d’Erdogan à Istanbul, Imamoglu est devenu une figure incontournable de la scène politique turque. Réélu triomphalement en 2024, il incarne l’espoir d’une alternative pour de nombreux Turcs. Son charisme et sa capacité à rassembler des électeurs de divers horizons – Turcs, Kurdes, sunnites, alévis, jeunes et moins jeunes – en font un adversaire redoutable pour Erdogan.
Pourtant, Imamoglu ne fait pas l’unanimité au sein de son propre camp. Certains critiques l’accusent de se concentrer davantage sur son ascension politique que sur les besoins de ses administrés. D’autres craignent qu’il ne devienne un « Erdogan bis », concentrant trop de pouvoir s’il accède à la présidence. Ses détracteurs lui reprochent également de privilégier la communication plutôt que des actions concrètes, notamment en matière de prévention des risques sismiques, un enjeu majeur pour Istanbul.
Malgré ces critiques, Imamoglu se défend en affirmant travailler sans relâche pour sa ville, se comparant même à une « fourmi atomique », en référence à un personnage de dessin animé populaire. Il met également en avant ses efforts pour promouvoir l’égalité des sexes au sein de la municipalité, avec une féminisation accrue des postes clés.
Alors que la tension monte entre les deux hommes, la bataille entre Imamoglu et Erdogan semble loin d’être terminée. Cette rivalité politique, marquée par des manœuvres judiciaires et des accusations mutuelles, pourrait bien déterminer l’avenir de la Turquie dans les années à venir.