Démission Commeinhes – ce qui va se passer maintenant à la mairie et à Sète Agglopôle Méditerranée

La décision de la Cour de cassation a précipité la chute d’un homme, mais enclenche surtout une mécanique institutionnelle implacable. Intérims, élections, licenciements en cascade… Voici ce que les Sétois doivent savoir des prochaines semaines.

Condamné à cinq ans d’inéligibilité, François Commeinhes n’a désormais plus d’autre choix que de démissionner. D’ici la fin de la semaine, il adressera au préfet de l’Hérault un courrier officiel actant son départ. Une fois réceptionnée, la démission deviendra effective dans les jours suivants, le temps pour le préfet de l’Hérault de l’accepter. Ce laps de temps, juridiquement qualifié de vacance, marquera le début d’un intérim court mais intense.

Une gestion intérimaire assurée par Blandine Authié et Jean-Guy Majourel

Conformément au Code général des collectivités territoriales, Blandine Authié, première adjointe, assurera les fonctions de maire par intérim dès l’officialisation de la démission. À la tête de l’intercommunalité, c’est Jean-Guy Majourel, premier vice-président de Sète Agglopôle Méditerranée (SAM), qui prendra provisoirement les commandes.

Tous deux auront pour mission de maintenir la stabilité institutionnelle jusqu’à l’élection des nouveaux titulaires. Une tâche d’autant plus délicate que la ville traverse une zone de fortes turbulences politiques.

Des cabinets décimés

Ce que beaucoup ignorent, c’est que la chute d’un élu emporte avec elle toute son équipe. À la mairie de Sète comme à la SAM, le départ de François Commeinhes sonnera la fin des contrats d’une quinzaine de collaborateurs, chefs de cabinet, conseillers, chargés de mission. Leur lien contractuel est personnel et politique, sans l’élu qu’ils servaient, leur fonction disparaît.

Dans les faits, la majorité de ces départs s’effectuera sans ménagement, parfois sans préavis. Le droit est clair, un cabinet politique n’est pas une administration, c’est un organe temporaire au service d’un mandat.

Une élection municipale pour un nouveau maire dans les 15 jours

Une fois la démission de François Commeinhes actée, Blandine Authié devra, dans un délai de quinze jours, convoquer le conseil municipal pour procéder à l’élection d’un nouveau maire par les 42 conseillers municipaux. Si plusieurs noms circulent déjà, peu de surprises sont attendues. La majorité municipale devrait se ranger derrière un successeur issu du même camp. Toutefois, des dissensions internes pourraient redistribuer les cartes.

Le nouveau maire élu ce jour-là aura la responsabilité de conduire la ville jusqu’aux élections de mars 2026. Rien ne l’empêchera de briguer un nouveau mandat lors de la prochaine élection municipale s’il le souhaite. Concernant les collaborateurs, chefs de cabinet, conseillers et chargés de mission, il pourra soit reconduire une partie de l’équipe actuelle, soit s’entourer d’autres personnes en opérant une rupture plus nette avec l’ère Commeinhes.

Un vote crucial et incertain à Sète Agglopôle Méditerranée

Une fois la mairie de Sète stabilisée, la SAM devra à son tour élire un nouveau président. Jean-Guy Majourel, président par intérim, devra convoquer le conseil communautaire peu après l’élection du nouveau maire sétois.

Mais ici, le jeu est plus ouvert. Contrairement au conseil municipal à Sète, la majorité sétoise n’est pas dominante au sein de la SAM. L’opposition, longtemps reléguée à l’arrière-plan, voit là une fenêtre stratégique pour tenter de faire basculer la présidence.

Un changement de majorité aurait des conséquences immédiates. Un président issu de l’opposition ne reconduirait probablement pas les collaborateurs actuels. Des figures clés, telles que Benoît De Besses, Jean-Michel Izoird, ainsi que plusieurs chargés de mission, dont le coût global annuel pour les contribuables dépasse les 500 000 euros, pourraient être écartées. Le nouveau président de la SAM, en cas de bascule, viendrait comme il est d’usage avec sa propre équipe.

Au-delà des jeux de pouvoir, c’est un modèle de gouvernance qui vacille. Le départ de François Commeinhes ne marque pas seulement la fin d’un mandat, mais pourrait bien signer la chute d’un système clientéliste longuement installé. L’avenir professionnel de plusieurs collaborateurs, les équilibres internes des majorités locales, et les liens tissés entre élus, cabinets et bénéficiaires périphériques sont désormais fragilisés.

Les nuits s’annoncent longues pour celles et ceux qui ont prospéré dans l’ombre du système. Pour la première fois depuis vingt ans, un cycle se termine à Sète et sur le bassin de Thau. Et avec lui, peut-être, une manière de gouverner.

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