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Sète

Sète : L’île de Thau prise au piège du narcobanditisme – Chronique des récents événements

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Sète : L'île de Thau au bord de l'effondrement - Chronique des récents événements
©LeSingulier

L’île de Thau à Sète se trouve à un tournant critique de son histoire. Le quartier le plus pauvre du sud de la France, est maintenant au bord du précipice, menacé par une escalade de la violence entre les trafiquants de drogue. Le Singulier revient en détail sur les événements qui ont secoué ce quartier au cours des dernières semaines.

Depuis la mi-décembre 2023, l’île de Thau est le théâtre d’événements majeurs qui pourraient la faire basculer définitivement entre les mains des trafiquants de drogue. Ces dernières semaines ont été particulièrement agitées autour d’un point de deal qui suscite de vives convoitises.

Tout a commencé le 23 décembre 2023, lorsque des individus cagoulés et lourdement armés ont tenté en fin de journée de prendre le contrôle du principal point de deal du quartier. Les guetteurs qui surveillaient ce point ont été pris pour cible, des coups de feu ont été échangés, et les appartements utilisés pour le trafic ont été pillés par les nouveaux arrivants.

Des vidéos extrêmement violentes, que nous avons visionnés mais que nous avons choisi de ne pas diffuser, montrent clairement des jeunes cagoulés et armés en train de dépouiller les guetteurs locaux.

Cette nuit-là, dans un climat de panique généralisée, un important déploiement policier a été mis en place devant la mosquée de l’île de Thau, qui fait face au point de deal. L’objectif était de rétablir le calme et de prévenir avant tout une éventuelle prise de contrôle extérieure, similaire à ce qui s’est produit à Nîmes, où la DZ Mafia, une bande de Marseille, a conquis plusieurs quartiers de la ville nîmoise. Depuis cette nuit du 23 décembre, les affrontements et les fusillades sont devenus presque quotidiens. Les hostilités entre les différentes bandes se sont également intensifiées sur les réseaux sociaux. La fusillade la plus significative de cette période s’est déroulée le 28 décembre en soirée et a perduré pendant plus de 30 minutes, comme l’attestent les vidéos fournies par les résidents du quartier. « C’est comme à Gaza, mais en vrai, juste sous ton balcon. Pour ma part, j’évite de filmer car depuis peu, ils tirent aussi sur les personnes présentes sur les balcons et aux fenêtres. C’est la nouvelle mode », témoigne une habitante du quartier.

Dans un premier temps, les forces de l’ordre, prises au dépourvu par cette attaque surprise, ont rapidement renforcé leur présence afin de prévenir un possible point de basculement. Dans cette optique, le 26 décembre, soit trois jours après l’attaque du point de deal, les autorités ont lancé une opération de communication visant à rassurer les habitants. À travers le MidiLibre, elles ont annoncé « Renforts de police à Sète pour une opération de sécurisation sur l’île de Thau », tout en évitant de divulguer les détails pour ne pas susciter la panique parmi les résidents. Le 30 décembre, soit quatre jours plus tard, une nouvelle opération de communication a été menée par les forces de l’ordre via le MidiLibre, annonçant « l’interpellation d’une dizaine de suspects, ainsi que la saisie de stupéfiants et d’armes ». Tous ont été relâchés après quelques heures de garde à vue.

Cependant, malgré ces opérations de communication bien orchestrées, la grande majorité des habitants n’a pas été rassurée. La plupart d’entre eux ont passé les fêtes de fin d’année confinés dans leurs appartements, espérant un répit qui tardait à venir. De nombreux enfants n’ont pas pu sortir jouer à l’extérieur pendant toute la durée des vacances scolaires, par crainte d’être victimes de balles perdues.

Le dernier événement en date, survenu le mardi 9 janvier, a été marqué par un coup de feu tiré en plein milieu de la journée, jetant le quartier dans une atmosphère d’urgence. Les habitants, les commerçants et les écoles ont tous reçu un SMS des services municipaux les exhortant à rester confinés, rappelant tristement la situation que l’on peut rencontrer dans des pays en guerre. Un jeune homme d’une vingtaine d’années a été blessé devant le point de deal et transporté en urgence au CHU de Montpellier. Selon nos informations, la victime se serait blessée accidentellement alors qu’elle se promenait avec une arme chargée autour de la taille, une triste norme devenue malheureusement courante dans le quartier, illustrant ainsi le climat extrêmement tendu qui règne sur le terrain.

À l’heure actuelle, les guetteurs locaux maintiennent leur présence, tandis que des groupes extérieurs, dont l’origine géographique suscite des débats, persistent à convoiter ce point de deal extrêmement lucratif. Il n’est pas exclu que d’autres événements de cette nature se reproduisent dans les semaines à venir, étant donné l’importance des profits générés par le trafic de drogue, une réalité exacerbée par la crise économique en cours.

Quant aux habitants, ceux que nous avons rencontrés pour recueillir leurs témoignages sur les événements de ces derniers jours, ne cherchent plus à s’exprimer pour dénoncer la situation ou à résoudre les conflits par le biais de la médiation. La fuite est désormais devenue leur option privilégiée. Selon nos informations, au cours des six derniers mois, environ cinquante familles ont quitté le quartier, laissant ainsi leurs appartements vacants. La plupart d’entre elles ont réussi à trouver un nouveau logement, tandis que d’autres ont trouvé refuge auprès de membres de leur famille vivant en dehors du quartier, en attendant de trouver une solution de relogement. De plus, les nouvelles attributions de logements sociaux dans le quartier sont largement refusées par les nouveaux locataires, ce qui constitue un indicateur clair de la détérioration de la situation.

Piégé dans l’étau du narcobanditisme, le quartier de l’île de Thau continue de sombrer, laissant les habitants perplexes quant à la manière dont ils ont pu en arriver à cette situation critique. Le réveil est brutal, mais les habitants ne se laissent pas duper lorsqu’il s’agit de désigner les responsables de cette détérioration. « En centre-ville, c’est le paradis pour les touristes, mais ici, c’est l’enfer. Quand on observe un tel contraste, alors que nous résidons dans la même ville, nous pouvons clairement affirmer que nous avons été abandonnés par le maire. Est-il normal d’obtenir des renforts de police et de l’armée pour assurer la sécurité lors de la fête de la Saint-Louis, mais rien lorsque nos vies sont en danger ? », se demandent-ils avec amertume.

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Frontignan

Sète : la Région Occitanie sort victorieuse du contentieux sur la digue du port

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Sète : la Région Occitanie sort victorieuse du contentieux sur la digue du port
©RégionOccitanie

La Cour administrative d’appel de Toulouse met un point final au différend opposant la Région Occitanie aux entreprises constructrices de la digue du port de Sète. Un jugement décisif qui laisse trois sociétés privées face à leurs responsabilités.

Dans un arrêt rendu le 4 février 2025, la Cour administrative d’appel de Toulouse a annulé le jugement du tribunal administratif de Montpellier, qui avait initialement condamné la Région Occitanie à rembourser 5,6 M€, aux sociétés de construction impliquées dans la réalisation de la digue du port de Sète. Désormais, ces dernières devront assumer seules le coût des désordres survenus sur l’ouvrage.

L’affaire remonte à 2011, lorsqu’une série de mouvements anormaux de la structure causés par la houle est apparue sur la digue, compromettant sa solidité face aux assauts des vagues. L’expertise diligentée à la demande de la Région Occitanie avait mis en lumière des vices de conception et d’exécution, engageant la responsabilité des constructeurs au titre de la garantie décennale.

Après une première condamnation des entreprises en 2017, modifiée en appel en 2019 par la Cour administrative d’appel de Marseille, puis confirmée par le Conseil d’État en 2020, les sociétés RAZEL BEC, OCÉLIAN et BOUYGUES TP avaient tenté une nouvelle offensive judiciaire. Leur argument, la Région Occitanie, devenue maître d’ouvrage de la digue après son transfert de l’État en 2007, devait assumer les fautes commises par le service maritime et de navigation du Languedoc-Roussillon [SMNLR], qui aurait été sous sa responsabilité après le transfert de l’ouvrage.

Un premier succès leur avait été accordé en novembre 2022, lorsque le tribunal administratif de Montpellier avait condamné la Région Occitanie à prendre en charge 81 % des sommes qu’elles avaient été contraintes de verser. Mais la Région, refusant de porter seule le fardeau d’un ouvrage dont elle n’avait ni conçu ni dirigé les travaux, avait fait appel de la décision.

Début février, La Cour administrative d’appel de Toulouse a finalement donné raison à la Région Occitanie, rejetant la demande des constructeurs et annulant le jugement du tribunal administratif de Montpellier.

Selon les juges, les entreprises auraient dû soulever plus tôt l’argument de la faute du maître d’ouvrage pour tenter d’échapper à leur responsabilité. Le principe du « recours parallèle », qui empêche une partie de relancer une affaire sous un autre angle après une condamnation définitive, leur a été fatal. L’affaire avait été jugée, et il était trop tard pour réécrire l’histoire.

Avec ce jugement, les trois sociétés de construction doivent maintenant assumer seules la facture de 6,9 M€ ainsi que les 289 841,06 € de frais d’expertise. Les entreprises devront également rembourser 1 500 € à la Région au titre des frais de procédure, tandis que leur demande d’indemnisation des frais de justice a été rejetée.

Avec cette décision, la justice clôt un chapitre houleux de l’histoire du port de Sète. Mais elle laisse une interrogation en suspens, à qui revient vraiment la responsabilité des erreurs initiales ? Une question qui, cette fois, restera sans réponse judiciaire.

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Sète

Sète : une vague citoyenne contre le maire, 160 habitants saisissent la justice

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Sète : une vague citoyenne contre le maire, 160 habitants saisissent la justice
©CollectifBancsPublics

À Sète, un bras de fer judiciaire sans précédent s’engage entre 160 citoyens et la municipalité. Opposés à la construction d’un parking sous l’Esplanade Aristide-Briand, ces habitants ont décidé de frapper fort avec une Citation Directe visant le maire François Commeinhes et plusieurs responsables a été déposée devant la justice pénale.

Après trois années de procédures administratives, cette action marque un tournant inédit dans l’opposition au projet. Vendredi 7 février, Me Stéphane Fernandez a déposé une citation directe de 122 pages auprès du tribunal correctionnel de Montpellier. « Un geste d’une ampleur exceptionnelle qui a stupéfait le greffe du tribunal, jamais confronté à un tel volume de citations citoyennes », explique le collectif. Contrairement à une plainte classique, cette démarche permet d’assigner immédiatement les mis en cause devant la justice. « Un pavé dans la mare », selon François Piettre, coordinateur de la riposte judiciaire de Bancs Publics.

Le Collectif et les citoyens reprochent à la municipalité plusieurs infractions jugées graves et répétées : tentative d’escroquerie au jugement contre la Ville de Sète et la SPLBT, faux et usage de faux visant les entreprises Abesol et Antea France, prise illégale d’intérêt et menaces réitérées contre le maire François Commeinhes et le directeur de la SPLBT, Christophe Clair. Enfin, une accusation d’abstention volontaire de prendre des mesures contre un sinistre menaçant des personnes, pointant les risques environnementaux du projet.

Depuis le début du chantier, le Collectif Bancs Publics alerte sur le manque de transparence entourant les conséquences environnementales. En cause, un pompage excessif des eaux souterraines dépassant les délais autorisés, un risque accru de pollution automobile et la destruction du patrimoine arboré. L’association dénonce également des manœuvres administratives suspectes ayant conduit à l’absence d’étude environnementale, pourtant obligatoire pour un chantier d’une telle ampleur.

Ce bras de fer juridique s’ajoute à une procédure en cours devant le tribunal administratif, qui pourrait aboutir à une annulation du permis de construire. Cependant, l’appel en droit administratif n’étant pas suspensif, la mairie pourrait poursuivre les travaux malgré une potentielle illégalité une fois le parking construit, alimentant davantage la contestation citoyenne.

Si la Citation Directe a été acceptée après plusieurs heures de discussions avec le greffe, un nouveau défi logistique se pose, où juger 160 citoyens plaignants et les six personnes poursuivies ? Le tribunal correctionnel de Montpellier n’ayant pas de salle adaptée, seule une audience devant la cour d’assises, normalement réservée aux affaires criminelles, est envisagée selon François Piettre. La décision revient désormais au procureur de la République, qui doit fixer la date de la première audience.

Ce combat est aussi financier. Depuis trois ans, les membres de l’association Bancs Publics mobilisent des fonds via des adhésions et des dons pour couvrir les frais juridiques. Chaque plaignant devra s’acquitter d’une consignation individuelle lors de l’audience, une charge supplémentaire pesant sur leur engagement.

Par ailleurs, François Piettre souligne un autre point crucial, l’opacité totale sur le coût réel du projet. Les citoyens exigent la publication des comptes publics, notamment l’évolution du budget. Selon les estimations de l’association, si les dépenses dépassent de plus de 50 % le budget initial, la municipalité pourrait se retrouver en situation d’illégalité.

Les opposants restent convaincus que le permis de construire sera annulé, mais la question demeure, quand ? Avant la fin des travaux, ou après, une fois les recours épuisés ? Une annulation tardive poserait un problème majeur, la déconstruction et la remise en état du site pourraient coûter plusieurs millions d’euros.

Un autre risque concerne l’étanchéité du parking, qui pourrait le rendre inexploitable avant même son inauguration. Selon les experts consultés par le Collectif Bancs Publics, les matériaux utilisés sont de mauvaise qualité et les infiltrations d’eau pourraient condamner l’ouvrage à long terme.

Face à ces incertitudes, les citoyens restent mobilisés contre ce projet et appellent à une vigilance accrue du public sur l’évolution du chantier et des dépenses. L’issue de cette bataille pourrait bien redéfinir les rapports de force entre citoyens et décideurs locaux.

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Sète

Fusillade mortelle à Sète : 20 ans pour le tireur, 15 ans pour un acteur clé du dossier

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Fusillade mortelle à Sète : 20 ans pour l’auteur des tirs, 15 ans pour un protagoniste majeur

Après cinq jours de débats marqués par des tensions et des témoignages sous pression, la cour d’assises de l’Hérault a rendu son verdict dans l’affaire du meurtre d’Ayoub Anajjar, survenu le 24 avril 2020 à Sète, dans le quartier de l’Île de Thau.

Après une semaine d’audience sous haute tension, la cour d’assises de l’Hérault a tranché. L’affaire du meurtre d’Ayoub Anajjar, survenu en avril 2020 à Sète, dans le quartier sensible de l’Île de Thau, a connu son épilogue judiciaire avec des peines lourdes pour les principaux accusés. Un dossier où règlements de comptes et narcobanditisme se sont mêlés sur fond de violence quotidienne.

Le soir du 24 avril 2020, alors que le pays était en plein confinement, une pluie de balles venait briser le silence pesant des rues désertées. Ayoub Anajjar, trouvait la mort sous les tirs répétés d’un individu qui n’a pas hésité à ouvrir le feu à bout portant. Selon l’accusation, il s’agissait d’un acte prémédité, conséquence d’une guerre de territoire entre bandes rivales. La scène, capturée par des riverains, circulait rapidement sur les réseaux sociaux, amplifiant l’émoi et la peur au sein du quartier.

Cinq ans après, le procès a révélé un climat oppressant où témoins et proches ont dû composer avec des menaces et des pressions constantes. Le principal accusé, Abdekrim Chalam, 36 ans, a admis être l’auteur des tirs mortels, justifiant son geste par des menaces dont il aurait été victime. La cour n’a pas retenu la légitime défense et a prononcé une peine de 20 ans de réclusion criminelle.

Si Abdekrim Chalam a assumé son geste, son co-accusé, Nordine Souas, 34 ans, a nié toute implication dans le meurtre. Cependant, la cour l’a reconnu coupable d’une autre tentative de meurtre survenue le même jour. Un rival, violemment agressé, avait miraculeusement échappé à une rafale d’arme automatique en se réfugiant derrière un véhicule. Pour ces faits, il a été condamné à 15 ans de prison, malgré la plaidoirie de son avocat dénonçant des témoignages contradictoires et des accusations infondées.

Le troisième prévenu, Sophian Chalam, frère cadet d’Abdekrim, a quant à lui été acquitté. Accusé de détention d’arme, il a finalement été écarté de toute responsabilité directe dans les faits qui lui étaient reprochés.

Cette affaire, qui s’inscrit dans un contexte de violences liées au contrôle des points de deal, a ravivé les inquiétudes sur l’emprise du narcobanditisme dans certains quartiers de l’Hérault. Si le verdict met un point final à ce dossier judiciaire, il ne met pas pour autant un terme aux tensions qui gangrènent l’Île de Thau, théâtre récurrent d’affrontements meurtriers.

Avec cette condamnation, la justice envoie un signal fort sur sa volonté de lutter contre l’impunité des règlements de comptes. Mais dans les rues de Sète, l’onde de choc de cette fusillade, immortalisée par des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, continue de marquer les esprits.

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