La mégalopole brésilienne, autrefois réputée pour son climat tempéré, subit de plein fouet l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes. Inondations, coupures d’électricité et destructions se multiplient, révélant une vulnérabilité croissante.
Les rues de Sao Paulo, habituellement vibrantes d’activité, se transforment régulièrement en paysages de désolation. Des trombes d’eau s’abattent en quelques minutes, arrachant arbres et poteaux électriques, tandis que les quartiers périphériques sombrent sous les eaux. Ces scènes, autrefois exceptionnelles, deviennent monnaie courante dans la plus grande ville d’Amérique latine, confrontée à une accélération sans précédent des événements climatiques violents.
Les données météorologiques sont sans appel : la ville a enregistré dix épisodes de pluies diluviennes dépassant 100 mm en une journée au cours des vingt dernières années, soit le double de la période précédente. Le réchauffement global et l’urbanisation massive ont transformé le climat pauliste, passant d’une douceur comparable à celle de Londres à des conditions tropicales propices aux orages destructeurs. Les conséquences sont tangibles : six morts depuis janvier, des milliers d’arbres déracinés et des records d’embouteillages atteignant 1 174 km lors des pires intempéries.
Les infrastructures peinent à suivre. Les réseaux électriques, souvent endommagés, plongent des centaines de milliers d’habitants dans le noir, tandis que les axes routiers submergés paralysent l’économie locale. Les professionnels les plus exposés, comme les chauffeurs de taxi, paient un lourd tribut. « Perdre un véhicule est une chose, mais voir des collègues mourir dans ces conditions est insupportable », témoigne un représentant syndical.
Face à l’urgence, les autorités tentent de réagir. Un système d’alertes par SMS a été déployé, et la couverture végétale urbaine a été étendue pour atténuer les îlots de chaleur. Pourtant, certaines zones, comme le quartier précaire de Jardim Pantanal, restent en première ligne. Ses habitants, refusant souvent d’être relogés, réclament des solutions durables plutôt que des évacuations à répétition. « La résilience doit devenir notre priorité », insiste un responsable de la Défense civile, soulignant l’impossibilité de déplacer des populations à chaque alerte.
Sao Paulo, symbole de la puissance économique brésilienne, incarne désormais un défi majeur : s’adapter à une nouvelle réalité climatique, où la « garoa » – cette bruine légère chantée par Caetano Veloso – a cédé la place à des tempêtes imprévisibles et dévastatrices.