France
Plaidoyer de Macron pour le nucléaire, y compris pour le futur porte-avions
« Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire »: Emmanuel Macron a plaidé avec force mardi pour que le nucléaire reste le pilier de l’énergie civile et militaire en France, y compris comme mode de propulsion du futur porte-avions, qui succèdera au Charles-de-Gaulle.
C’est lors d’une visite dans le fleuron de la filière nucléaire française, l’usine Framatome du Creusot et sa forge unique en Europe, que le chef de l’Etat a énuméré les avantages qu’il voit dans le nucléaire. En premier lieu il a cité l’absence d’émissions de carbone, argument souvent utilisé comme une réponse aux critiques des écologistes sur cette énergie.
Pour le chef de l’Etat, l’autonomie stratégique de la France, « c’est bien sûr la dissuasion, dans toutes ses composantes, c’est bien sûr la propulsion de nos sous-marins nucléaires lanceurs d’engins comme d’attaque, c’est aussi la propulsion nucléaire de nos porte-avions ».
« C’est pourquoi j’ai décidé que le futur porte-avions qui dotera notre pays et notre marine sera comme le Charles-de-Gaulle à propulsion nucléaire », a-t-il déclaré lors d’un déplacement sur ce site qu’il connaît bien, puisqu’il avait participé à sa restructuration en 2015-2016, en tant que ministre de l’Economie.
Une autre raison conduisant à ce choix plutôt qu’à une propulsion diesel, moins coûteuse, tient à la préservation des compétences « techniques, technologiques et industrielles sur toute la filière » sur le long terme. Le futur porte-avions sera beaucoup plus massif que l’actuel.
Il fera 75.000 tonnes pour environ 300 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles-de-Gaulle, soit davantage que les deux porte-aéronefs britanniques, mais moins que les 11 porte-avions américains, selon le cabinet de la ministre des Armées Florence Parly.
« Pourvu que »
« Le nucléaire restera la pierre angulaire de notre autonomie stratégique », a d’ailleurs affirmé Emmanuel Macron, pour qui nucléaire civil et militaire sont indissolublement liés.
« Pourvu qu’on progresse sur les déchets et la sûreté, le nucléaire est une énergie décarbonée, une énergie sûre » qui doit rester « un pilier de notre mix énergétique », a-t-il estimé, tout en demandant également « un très haut niveau d’énergies renouvelables ».
Le chef de l’Etat s’est engagé au début de son quinquennat à ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50% en 2035, contre environ 75% actuellement.
S’il a répété n’avoir « jamais été partisan du tout-nucléaire » parce qu’il est nécessaire de ne pas dépendre d’une seule source, « l’atome doit continuer à être un pilier pour les décennies à venir ».
« Renoncer au nucléaire, totalement ou trop rapidement, ce serait ouvrir comme d’autres pays l’ont fait des centrales à charbon ou à gaz ou importer de l’énergie carbonée. Et cela, nous nous y sommes refusés », a-t-il encore souligné.
En même temps, « la production d’énergie renouvelable (…) doit fortement augmenter, car la France aujourd’hui n’est pas au rendez-vous, ni de ses engagements, ni de ses ambitions ». Un conseil de défense écologique mardi matin a ainsi planché sur le développement de l’éolien terrestre.
Son message pro-nucléaire a été accueilli avec satisfaction par le patron d’EDF Jean-Bernard Levy. « C’est une nouvelle page », « une renaissance du nucléaire français », a-t-il dit à des journalistes en marge de la visite. Plusieurs syndicalistes de Framatome ont aussi remercié Emmanuel Macron de son soutien.
La présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay lui demande elle « ne pas oublier Belfort »- où General Electric s’apprête à supprimer 240 postes- et sa filière nucléaire « hautement stratégique ».
La position présidentielle est en revanche critiquée avec virulence par Greenpeace, indignée de voir le président de la République présenter le nucléaire comme un atout de la stratégie française pour le climat, à quatre jours de la célébration samedi des 5 ans de l’Accord de Paris.
« En pleine période d’arbitrages autour des propositions de la Convention citoyenne pour le climat, le Président de la République visite l’usine de Framatome au Creusot et sabote une nouvelle fois les engagements climatiques de la France en brandissant la fausse solution nucléaire », a lancé l’organisation écologiste.
« Emmanuel Macron veut faire oublier ses errements face à la convention citoyenne », ajoute Greenpeace, qui dénonce dans le nucléaire une industries trop lente et trop chère. Le Conseil européen de jeudi et vendredi « pourrait également être une démonstration de l’aveuglement nucléaire d’Emmanuel Macron », selon Greenpeace.
Emmanuel Macron est resté prudent sur l’hypothèse de nouveaux EPR français après celui de Flamanville, qui devrait entrer en service en 2023 après de multiples retards, mais a souhaité que l’étude commandée à EDF « s’achève dans les prochains mois afin que tous les éléments nécessaires soient disponibles avant la fin du quinquennat » en 2022. Une décision pourrait ensuite être prise « au plus tard en 2023 lorsque Flamanville 3 sera entré en service ».
France
Martinique : interpellation de Rodrigue Petitot, figure du mouvement contre la vie chère
Rodrigue Petitot, leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), a été placé en garde à vue mardi soir. Son arrestation, dans un contexte de tensions sociales en Martinique, a provoqué des rassemblements et des heurts dans la capitale insulaire.
Rodrigue Petitot, militant emblématique du mouvement contre la vie chère en Martinique, a été arrêté mardi soir à Fort-de-France, après une intrusion dans la résidence préfectorale en quête d’un entretien avec le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet. Accompagné de trois personnes, M. Petitot aurait tenté d’obtenir audience auprès du ministre, actuellement en déplacement sur l’île. L’entrée à la résidence lui a été refusée par le préfet, Jean-Christophe Bouvier, qui a qualifié l’attitude des membres du RPPRAC de « inacceptable » et « intolérable ».
Cette interpellation a suscité une vive réaction dans la soirée. Une centaine de manifestants se sont rassemblés devant le commissariat de Fort-de-France pour réclamer la libération de M. Petitot. Des tensions ont rapidement éclaté entre les manifestants et les forces de l’ordre, entraînant des violences, dont des tirs de grenade et de mortiers en direction des gendarmes, blessant trois d’entre eux. Parallèlement, un barrage enflammé a été érigé dans le quartier de Sainte-Thérèse, provoquant la suspension des transports publics dans le centre de l’île.
François-Noël Buffet, en visite en Martinique pour quatre jours, a exprimé sa volonté de dialoguer avec toutes les parties prenantes, y compris le RPPRAC. Depuis septembre, la Martinique fait face à un climat social tendu avec des émeutes nocturnes et de nombreux actes de vandalisme liés à la crise du coût de la vie. Plus de 230 véhicules et des dizaines de commerces ont été incendiés ou vandalisés, selon des données de la préfecture.
France
« Acte 2 du choc des savoirs » : nouvelles réformes éducatives pour renforcer l’égalité des chances et le niveau scolaire
Anne Genetet, ministre de l’Éducation nationale, a dévoilé un ensemble de mesures pour les collèges et lycées, visant à élever le niveau des élèves et à favoriser leur réussite.
La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, a présenté ce mardi l' »Acte 2 du choc des savoirs », un plan de réformes pour l’enseignement secondaire. Un an après les premières initiatives de Gabriel Attal, qui occupait alors ce poste, la ministre ambitionne de « relancer l’ascenseur scolaire » en adaptant les dispositifs pédagogiques pour une meilleure prise en charge des élèves en difficulté. Dès la rentrée prochaine, les groupes de besoin, déjà instaurés pour les classes de 6e et 5e, seront maintenus et adaptés pour les 4e et 3e, bien que dans une version allégée : une heure hebdomadaire en alternance pour le français et les mathématiques, avec des effectifs réduits pour les élèves les plus en difficulté. La ministre souhaite aussi doubler le nombre de bénéficiaires du programme « devoirs faits » et des stages de réussite, un dispositif qui concernera désormais 800 000 collégiens de 4e et 3e.
Une autre mesure phare concerne le brevet des collèges, qui deviendra obligatoire pour accéder au lycée dès la session 2027. Les élèves n’ayant pas obtenu cet examen pourront s’orienter vers une classe prépa-seconde ou un CAP. Ce changement vise à encourager les élèves dès le collège à s’investir davantage dans leur parcours scolaire, et à réduire le taux d’échec qui atteignait 14 % des candidats au brevet l’an dernier. Le ministère introduira également de nouvelles modalités pour l’examen : dès cette année, les notes d’histoire-géographie et d’EMC (enseignement moral et civique) seront distinctes, et une mention spéciale « Très bien avec félicitations du jury » sera décernée aux élèves obtenant plus de 18/20.
Le baccalauréat est également touché par cette vague de réformes, avec la mise en place d’une épreuve anticipée de mathématiques en fin de première dès 2026, inspirée du modèle de l’épreuve de français. Cette nouveauté devrait fournir un indicateur du niveau des élèves en mathématiques avant leur passage en terminale, en plus de valoriser l’enseignement de cette matière essentielle. Le contenu précis et le coefficient de cette épreuve sont encore en discussion, mais les élèves qui poursuivront cette spécialité en terminale passeront une deuxième épreuve l’année suivante.
Pour encadrer ces réformes, Anne Genetet prévoit de recruter entre 1 000 et 1 500 enseignants supplémentaires, avec un redéploiement de certains effectifs existants et de nouvelles embauches. Une enveloppe budgétaire spécifique est encore en débat au Parlement. La ministre entend également renforcer la sécurité et la sérénité dans les établissements en recrutant dès janvier prochain 150 conseillers principaux d’éducation et 600 assistants d’éducation pour les collèges sensibles. En rappelant son engagement pour la protection des professeurs face à toute forme de menace, elle affirme la nécessité d’un cadre stable et sécurisé, tant pour les enseignants que pour les élèves.
Cet ensemble de mesures s’inscrit dans une volonté de renforcement de l’équité scolaire et de soutien ciblé, dans un contexte budgétaire contraint mais tourné vers une refonte des pratiques éducatives adaptées aux besoins des élèves.
Économie
Auchan annonce 2 389 suppressions de postes pour relancer sa croissance
Le groupe de distribution Auchan, après des années de turbulences financières, prévoit la suppression de 2 389 emplois en France dans le cadre d’un plan de redressement. Cette restructuration affectera les sièges, les hypermarchés et entraînera la fermeture de plusieurs points de vente.
Le groupe nordiste Auchan, appartenant au puissant groupe familial Mulliez, a annoncé ce mardi 5 novembre une réduction importante de ses effectifs en France. À l’instar de son concurrent Casino, qui a récemment engagé des démarches similaires, l’enseigne prévoit de supprimer précisément 2 389 postes parmi ses 54 000 salariés. Ce plan vise à rétablir la compétitivité et à réorganiser les activités du distributeur en difficulté, en consolidant sa logistique et en adoptant une nouvelle stratégie commerciale.
Le détail du projet de restructuration révèle que 784 postes seront supprimés dans les sièges de l’entreprise, tandis que 915 postes disparaîtront dans les hypermarchés. De plus, dix magasins, incluant des hypermarchés et des points de proximité, cesseront leur activité, ce qui entraînera la perte de 466 emplois supplémentaires. Plusieurs fonctions au sein des hypermarchés sont également appelées à disparaître, notamment celles de responsables commerciaux, de conseillers en vente, ainsi que des postes liés à la gestion de la masse salariale et à la sécurité.
Afin d’atténuer l’impact social de cette décision, la direction d’Auchan affirme vouloir limiter les licenciements secs. Un plan d’accompagnement a été proposé, intégrant des formations de reconversion, des congés de reclassement et des dispositifs de départ volontaire pour soutenir les salariés touchés.
Face à des années de déclin financier, Auchan espère, par cette réorganisation, retrouver une dynamique de croissance et redéfinir sa présence sur le marché français.
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