Monde
L’UE adopte un 12e paquet de sanctions contre la Russie
Les 27 se sont mis d’accord lundi sur une nouvelle série de mesures contre le Kremlin. Ces sanctions visent en particulier les diamants et veulent lutter contre le contournement des représailles précédentes.
L’Union européenne a décidé lundi de frapper une nouvelle fois la Russie avec un nouveau train de sanctions, le douzième depuis février 2022.
Ces sanctions comprennent l’interdiction d’importer des diamants. Les États membres de l’Union ne seront plus autorisés à acheter des diamants bruts provenant directement de Russie, à moins qu’ils ne soient destinés à des fins industrielles.
Ce paquet vise également à combler les lacunes sur le plafonnement du prix du pétrole russe, que le G7 avait fixé à 60 dollars le baril. Ces derniers mois, Moscou a vendu son hydrocarbure bien au-dessus du plafond grâce à une « flotte de pétroliers fantômes » et aux services de sociétés de négoce peu connues, contournant ainsi facilement les contraintes commerciales décidées par l’Occident.
Les sanctions ne modifient pas la limite de 60 dollars par baril, mais introduisent de nouvelles mesures pour garantir que les ventes mondiales de pétrole russe restent dans les limites du prix plafond.
En outre, le nouveau train de mesures inscrit sur une liste noire une série d’entreprises soupçonnées d’aider le Kremlin à acquérir des produits de pointe fabriqués dans l’Union européenne.
Cette validation a été rendue possible après la décision de l’Autriche de lever ses réserves. Dans un premier temps, Vienne avait bloqué l’accord en raison de l’ajout de la Raiffeisen Bank International (RBI) à la liste ukrainienne des soutiens internationaux de la guerre.
L’agence ukrainienne de lutte contre la corruption avait ciblé la RBI, la plus grande banque occidentale en Russie, pour avoir prétendument fourni des services à des « oligarques proches du Kremlin ». Vienne s’est opposée à ce raisonnement et a fait pression pour que le nom de la société soit retiré.
Ce fut chose faite la semaine dernière ce qui a ouvert la voie à une adoption de ce nouveau paquet de sanctions.
Cette annonce intervient à un moment critique pour Kyiv qui interpelle ses alliés occidentaux pour renforcer leur assistance militaire et financière.
Lors du sommet de la semaine dernière à Bruxelles, les dirigeants de l’UE ont accepté de lancer les négociations d’adhésion avec l’Ukraine, un objectif de longue date du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Mais quelques heures plus tard, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, s’est opposé à l’approbation d’un fonds spécial de 50 milliards d’euros destiné à soutenir Kyiv à long terme.
Budapest n’a pas utilisé son veto pour la dernière série de sanctions contre Moscou.
L’interdiction des diamants figure depuis plus d’un an au premier rang des exigences ukrainiennes.
La Russie est le premier producteur mondial de diamants bruts en termes de volume, et plus de 90 % de ses activités sont dominées par une seule entreprise : Alrosa. En 2021, l’année précédant le déclenchement de la guerre, la Russie a exporté pour environ 4 milliards de dollars (3,77 milliards d’euros) de diamants, un montant qui n’a que légèrement diminué en 2022, la communauté internationale s’étant abstenue d’imposer des sanctions.
La nature très discrète de l’industrie diamantaire est considérée comme la principale raison de ce retard. Les diamants passent par de multiples mains avant d’atteindre le client final. Les diamants bruts russes sont généralement taillés et coupés à la main. Ils sont très souvent taillés et polis en Inde, puis négociés à Anvers, en Belgique, d’où ils sont expédiés vers d’autres marchés dans le monde, comme les États-Unis, Hong Kong et les Émirats arabes unis.
Autrement dit, un détaillant n’est pas toujours en mesure de déterminer l’origine exacte d’un diamant, ce qui rend difficile la distinction entre les produits russes et les autres.
Le G7 a annoncé au début du mois une feuille de route en trois étapes progressives :
- d’ici le 1er janvier, imposer des restrictions sur les importations de diamants extraits, traités ou produits en Russie, à l’exception des diamants à usage industriel.
- D’ici au 1er mars, imposer des restrictions sur les importations de diamants russes traités dans d’autres pays.
- D’ici au 1er septembre, mettre en place un « mécanisme robuste de vérification et de certification basé sur la traçabilité » pour les diamants bruts. Ce système devrait être mis en place dans les pays occidentaux qui sont de « grands importateurs » de diamants bruts, comme la Belgique.
Le G7 a ouvert la porte à la coopération avec des pays qui ne font pas partie du groupe mais qui ont un intérêt majeur dans l’industrie diamantaire, comme l’Inde et les Émirats arabes unis.
« Nous poursuivrons les consultations entre les membres du G7 et avec d’autres partenaires, y compris les pays producteurs et les pays fabricants, en vue de mettre en place des contrôles complets pour les diamants produits et traités dans des pays tiers », indique la déclaration commune.
Les sanctions de l’UE approuvées lundi s’appuient sur ce plan et fournissent la base juridique nécessaire pour faire de l’interdiction d’importation une réalité.
Le plan de l’Union européenne reprendra le calendrier établi par le G7.
Europe
Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer
À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.
Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.
Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.
Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.
Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.
En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.
L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.
Europe
Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale
En réponse à la vente potentielle de The Observer, les journalistes du Guardian et de son édition dominicale entament une grève inédite depuis un demi-siècle.
Les journalistes du journal britannique The Guardian, ainsi que ceux de son édition du dimanche, The Observer, se sont mobilisés pour une grève de 48 heures, un événement marquant car il s’agit de la première action de ce type en plus de cinquante ans. Cette grève, qui coïncide avec le 233ème anniversaire de la première parution de The Observer, vise à contester la décision du Guardian Media Group (GMG) de vendre ce vénérable hebdomadaire à Tortoise Media, un site d’actualité lancé en 2019.
Le GMG avait annoncé en septembre dernier son intention de céder The Observer, reconnu par le Guinness World Records comme le plus ancien journal dominical au monde. Le syndicat National Union of Journalists (NUJ) a réagi avec vigueur, appelant à cette grève pour exprimer le mécontentement général face à ce projet de vente. Laura Davison, secrétaire générale du NUJ, a souligné l’importance de The Observer dans le paysage médiatique britannique et a plaidé pour une réévaluation des options afin de garantir un avenir pérenne pour les deux publications.
La vente à Tortoise Media, dirigé par James Harding, ancien rédacteur en chef du Times et de la BBC, et Matthew Barzun, ancien ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, soulève des inquiétudes quant à l’avenir éditorial et la ligne directrice de The Observer. Les journalistes craignent que cette transaction ne modifie l’identité unique et la mission de ce journal, qui a été acquis par le Guardian Media Group en 1993.
Cette action syndicale met en lumière les tensions croissantes entre les impératifs économiques des groupes de presse et les aspirations professionnelles des journalistes à préserver l’indépendance et l’intégrité de leur travail. La grève, bien que symbolique, témoigne d’un engagement profond des rédacteurs à défendre un journal qui a marqué l’histoire du journalisme britannique.
Le débat sur l’avenir de The Observer est loin d’être clos, et cette grève pourrait bien être le prélude à des négociations plus approfondies entre les parties prenantes pour trouver une solution qui respecte l’héritage de ce journal emblématique tout en répondant aux défis contemporains de l’industrie des médias.
Monde
Biden gracie son fils Hunter avant de quitter la Maison Blanche
Dans un geste inattendu, le président Joe Biden gracie son fils Hunter, malgré ses précédentes promesses de non-intervention. Cette décision soulève des questions sur l’impartialité du système judiciaire américain.
Dans les dernières semaines de sa présidence, Joe Biden a pris la décision controversée de gracier son fils Hunter, impliqué dans des affaires de fraude fiscale et de détention illégale d’arme à feu. Cette action, bien que conforme à la tradition des présidents américains d’accorder des grâces à des proches, remet en question l’intégrité du processus judiciaire et l’indépendance de la justice.
Hunter Biden, âgé de 54 ans, avait plaidé coupable en septembre pour fraude fiscale à Los Angeles, une affaire qui aurait pu lui valoir jusqu’à 17 ans de prison. De plus, il était également confronté à des accusations pour avoir menti sur son addiction aux drogues lors de l’achat d’une arme, un délit passible de 25 ans d’emprisonnement dans l’État du Delaware, où réside la famille Biden.
Joe Biden, dans un communiqué, a défendu la décision en affirmant que son fils a été ciblé uniquement en raison de son lien de parenté avec lui, qualifiant cette poursuite de « sélective et injuste ». Il a souligné que les accusations contre Hunter sont nées après que des opposants politiques au Congrès aient initié des enquêtes visant à attaquer sa présidence.
Cette grâce intervient dans un contexte politique tendu, où le système judiciaire est déjà sous le feu des critiques. Donald Trump, le président élu, a récemment nommé des fidèles à des postes clés au sein du FBI et du ministère de la Justice, ce qui a alimenté les débats sur l’indépendance de ces institutions. L’ironie réside dans le fait que Trump lui-même a promis de gracier les personnes impliquées dans l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, un acte qu’il qualifie d’injustice judiciaire.
Les avocats de Hunter Biden ont toujours maintenu que leur client n’aurait pas été poursuivi s’il n’était pas le fils du président. Hunter a lui-même exprimé son intention de consacrer sa vie à aider ceux qui luttent contre les mêmes problèmes qu’il a affrontés, notamment la dépendance. Il a également remboursé ses arriérés d’impôts et les pénalités associées, bien que l’accord initial pour éviter la prison ait été rompu à la dernière minute.
Cette affaire a été une source de discorde pour la famille Biden, particulièrement pendant cette année électorale où les Républicains ont accusé le fils du président de bénéficier d’un traitement de faveur. La décision de Joe Biden de gracier Hunter, malgré ses précédentes déclarations de non-intervention, pourrait alimenter davantage les critiques sur la politisation du système judiciaire américain et l’utilisation de la grâce présidentielle pour des fins personnelles.
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